C’est avec tristesse que j’apprends sur France Inter ce matin la démission en direct de Nicolas Hulot. Oui, tristesse. Car si lui, le militant, le convaincu, n’a pu faire que « des petits pas », qui pourra user de pouvoir pour inverser le cours des choses ? Il affirme "J'ai un peu d'influence, je n'ai pas de pouvoir". Au micro, on entend un homme désespéré, las, ému et bouleversé et qui en 45mn va résumer ce qui fait marcher le monde sur la tête : la vision court-termiste, l’appât du gain et le manque de soutien tant de la société civile que de la formation politique. Tout le monde s’en fiche. Et il souligne qu’il y a une telle pression sur la classe dirigeante pour gérer des priorités de court-terme qu’ « On n’a pas compris que c’est le modèle dominant qui est la cause. Est-ce qu’on le remet en cause ? » Je suis touchée par son départ car son désarroi est notable à l’heure « où la planète devient une étuve et mérite qu’on se retrouve et que l’on change de paradigme ». Preuve en est nous assistons de plus en plus fréquemment à ces tragédies climatiques.
Moi qui suis de retour du Japon depuis quelques semaines, je ne peux m'empêcher de trouver son geste proche de celui des kamikazes (dans une moindre mesure !) pour celui qui espère que sa démission « provoquera une profonde introspection de notre société sur la réalité du monde » à travers cet acte qui « n’est pas un acte de résignation mais de mobilisation (...) j’espère qu’il va entraîner un sursaut ». Nicolas Hulot qui ne s’accommode pas de « petits pas » et qui a dû se résigner pour avaler tant de couleuvres lors de son année passée au gouvernement avec au final un bilan écologique mitigé sur bons nombres de dossiers. Un gouvernement qui n’est pas avec lui pour « porter, incarner, inventer, cette société écologique ». Tout cela l’a poussé à « prendre cette décision qui est une décision d’honnêteté et de responsabilité »« …une décision entre moi et moi. Je ne veux pas me mentir. Je ne veux pas me donner ce sentiment encore une fois que si je repars c’est parce que j’y crois. »
Naïveté ou héroïsme de sa part d’avoir cru pouvoir faire bouger les lignes en infiltrant le système de l’intérieur ? Sûrement les deux. Cela montre à quel point nous avons besoin d’une vision commune et partagée et que celle-ci ne vient pas du système. Le système est impuissant à générer une conscience élevée. Et celui qui à titre individuel « ne veut plus se mentir » n’a pas réussi à influencer l’inversion du modèle économique. Pour cela, faudrait-il grimper d’un cran pour les prochaines échéances et élire un gouvernement global à Haut Potentiel de Conscience ? #hpc
Tout mon respect à l’ami Hulot, celui qui a essayé et qui par ce dernier geste désespéré et responsable tente te réveiller les consciences. Merci.
Pour que ce sursaut ait lieu, restons plus que jamais déterminés et alignés et profitons de l’opportunité offerte pour vivre (enfin) ce changement attendu de paradigme pour l’humanité. A commencer en nos cœurs blessés.
Anne Ghesquière