Dans un long article publié par La Tribune du 14 avril 2010 au sujet des véhicules électriques, son auteur, Rémy Janin, imagine : « Ce Lillois se demandera comment il ira en voiture électrique visiter sa vieille mère hospitalisée à Lyon (694 km) si sa voiture ne peut lui garantir que 250 km de parcours et doit être rechargée pendant environ 6 heures entre chaque trajet », le trajet en question devrait alors durer 18 h 30 contre 6 h 30 en « voiture classique ». On a d’abord envie de répondre : mais, qu’il prenne le TGV, parbleu ! Le voyage ne durerait que 3 heures, avec très peu d’émissions de CO2 et le Monsieur de Lille en question pourrait lire ou utiliser son micro ordinateur ou même, somnoler en rêvant durant le déplacement…
Plus sérieusement, qui souhaite que l’on compare les véhicules électriques avec les véhicules thermiques (essence ou diesel) sur une longue distance ? Personne, car le véhicule électrique est essentiellement destiné aux courtes distances, c’est-à-dire celles que les Français effectuent quotidiennement au sein de leurs zones urbaines : 1 trajet sur 2 est inférieur à 3 km, 1 sur 4 à moins de 1 km ! Oui, mais si la personne veut faire un long trajet en voiture ? C’est simple, il en loue une. Concrètement, cela signifie qu’à terme dans 10 ou 15 ans, on ne sera plus propriétaire de sa voiture mais on choisira son véhicule au coup par coup, au jour le jour, en fonction de l’usage voulu. L’avenir des systèmes d’auto-partage est tout tracé. La hausse des prix prévisibles du pétrole à horizon de la reprise économique, 150, 250, dollars le baril ou plus vs 85 aujourd’hui, va faire réfléchir quelques uns au moment de monter dans une voiture thermique pour effectuer un long trajet ou même un trajet tout court.
Tordons le cou à quelques autres polémiques stériles. La mise en route du chauffage diminue sensiblement l’autonomie des voitures électriques. C’est pour cela que Dassault-SVE a mis au point il y a quelques années déjà un prolongateur thermique qui consomme très peu de carburant et assure la partie chauffage.
Il faudrait, à terme, augmenter la capacité de production d’électricité nucléaire pour satisfaire la consommation des voitures électriques… La plupart de ces véhicules devant être rechargés la nuit, au contraire, on rentabilisera mieux la production actuelle car elle est largement excédentaire à cette période de la journée et ne peut être stockée…sauf dans les batteries.
Six heures pour recharger la batterie…En pratique, la recharge dure 20 secondes : 10 pour brancher la prise le soir quand vous arrivez dans votre garage et 10 autres le matin pour la débrancher quand vous reprenez votre véhicule pour aller au travail.
En outre, la voiture électrique ne fait pas de bruit ou si peu. Ajouté au fait qu’il n’y a pas de vitesse à passer, le tout entraîne une conduite plus souple et une meilleure concentration du conducteur.
Résultat : une baisse supérieure à 50% de l’accidentologie de la responsabilité du conducteur. A La Poste, qui a eu jusqu’à 700 véhicules utilitaires électriques dans les années 90, cette baisse permettait de gagner 6 jours d’absentéisme par an et par conducteur…
Bref, ne faisons pas jouer à la voiture électrique un rôle qui n’est pas le sien. Laissons-là, sans bruit et sans pollution, envahir nos villes pour le plus grand plaisir de ses habitants.
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