Invité à intervenir au premier « Sommet français de la relation à l’argent » sur le lien entre alimentation et argent, je partage avec vous ici quelques orientations et réflexions pour faire bouger les lignes de notre santé individuelle et collective, santé qui n’a pas de «prix», la fontaine de Jouvence, le trésor ultime...
Ceux qui me lisent régulièrement auront compris que nous devenons inestimables à hauteur de l’incarnation de cette expression « un esprit sain dans un corps sain ». En route pour reprendre possession de nos outils de création !
Alimentation et argent, quel lien aujourd'hui ?
L’argent est sale pour les uns, un péché pour les autres et un Dieu pour d’autres encore… Il en est de même pour l’alimentation ! Objet de vénérations sensorielles, de péché capitaux ou de punition. Mais à de rares moments l’Homme leur retire une intention pour les voir comme ce qu’ils sont : des outils de création qui ne nous invitent qu’à une chose, d’être (enfin) responsable et de créer !
Notre relation à l’argent et à l’alimentation est conditionnée dès le plus jeune âge par une réalité familiale, ancestrale. Et cette relation est rarement apaisée malheureusement. Soit que vous ne la pensez et la vivez pas par vous-même soit parce qu’affranchi des dogmes, des spectres familiaux et collectifs, vous souffrez de la pression de l’entourage et de la réalité collective qui n’est pourtant plus la vôtre.
L’argent est pourtant un outil universel, un intermédiaire qui facilite grandement la création, la concrétisation de nos visions, de nos rêves, de ce que nous pouvons apporter ici-bas ; mais elle peut les conditionner. L’alimentation est un outil également, celui qui bâtit et entretient nos corps mais également celui qui les conditionne. L’alimentation c’est le trait d’union entre l’Homme et la Nature. Et soit elle sert à « glorifier » notre nature et la Nature, soit elle les dégrade.
Comprenez donc ici que ce que vous attribuez à l’un et à l’autre construit votre réalité physique et matérielle.
A chaque Conscience sa vérité et à chaque vérité son alimentation et sa relation à l’argent.
Changer de regard sur l'argent
Aujourd’hui il est urgent de revoir notre position envers ces deux outils fondamentaux. Les riches ne sont pas ceux qui paraissent (ils ne procèdent que par notre ignorance) et l’alimentation respectueuse de notre santé et de la santé environnementale est au banc des accusés devant se justifier, se prouver… Ce qui coûte cher… De l'argent que n’ont pas ceux dont la source de profit vient de l’alimentation et de la maladie.
Aïe !
Ce que nous pouvons faire
- Il suffirait seulement que nous, consommateurs, n’achetions plus une valeur marchande ni un prix mais encouragions une pratique agricole, un respect des travailleurs et de notre patrimoine commun : la terre ;
- Il suffirait que nous comprenions que manger moins c’est assimiler mieux, que par conséquent acheter moins, c’est acheter mieux ;
- Il suffirait que nous comprenions que l’argent est un catalyseur de fraternité quand il circule, tout comme l’alimentation saine cultive la santé de corps et d’esprit, quand le sang circule ;
- Il suffirait de comprendre que la rétention économique dégrade la créativité et rend dépendant, tout comme l’excès alimentaire de ceux qui stockent crée l’inertie, la stase et la dépendance ;
- Finalement il suffirait d’observer que l’argent matérialise notre réalité personnelle au sein d’une réalité collective et que l’alimentation nous permet d’incarner un état de santé (bon ou dégradé) individuel et collectif.
Aussi, revoyons notre relation à l’argent en abandonnant nos jugements à l’égard de celles et ceux qui ont bâtît des systèmes de dépendances. Oui ils peuvent nous dégouter de ce qu’ils en font mais ne confondons pas le dégoût de l’usage du dégoût de l’outil lui-même !
Investir dans les achats alimentaires pour donner une nouvelle valeur à ces outils
Reconsidérant cela, redonner de la valeur à l’alimentation permettra de ne pas les laisser nous faire croire que bien manger est pour une élite, que bien manger n’est pas possible pour tout le monde. Cela reviendrait à dire que tout humain n’a pas droit à la santé…
Aussi pour celles et ceux qui le peuvent mais surtout le veulent, investissons (la dépense c’est considérer une perte ce qui n’est pas le cas ici !) dans nos achats alimentaires à juste prix, respectueux de celles et ceux qui font les premières professions de prévention de la santé humaine, les agriculteurs aux pratiques agro écologiques et les cuisiniers associant gastronomie et santé. Mais également dans notre santé individuelle qui est indissociable de la santé environnementale.
Acheter à bas prix des aliments dépourvus d’éléments nutritifs, dégradant votre nature humaine mais aussi les sols, l’air, l’eau et la biodiversité, c’est s’endetter économiquement et physiologiquement. Tant de gaspillage alimentaire qui laisse supposer que l’alimentation a perdu de sa valeur morale, nutritive et symbolique. Nous devrions mettre sur les emballages des « alimenteurs » et autres produits irrespectueux de la santé humaine, de la nature et des acteurs de la filière : «Attention, cet aliment est un emprunt à votre santé personnelle et à notre santé collective et environnementale et vous engage. Il doit être remboursé. Vérifiez vos capacités de remboursement avant de vous engager ».
Je conclue en vous demandant de revoir la valeur que vous vous donnez. Que chaque dépense pécuniaire ne soit plus une perte, une dette mais un investissement personnel au rayonnement collectif ! Investissez dans votre santé et celle des générations futures en vous alimentant d’aliments, d’altruisme, de respect, d’éthique et non de substituts, d’imitations, d’industrialisation et de dépendances. Gardons l’attention sur l’harmonie pour donner du pouvoir à des systèmes agricoles, économiques, médicaux et politiques qui nourrissent, préviennent et soignent, partagent et libèrent.
L'auteur :
Charles-Antoine Winter, ancien chef cuisinier, est diététicien nutritionniste certifié en médecine traditionnelle chinoise.
Il anime son site charlesantoinewinter.com