Un corbeau attire votre attention dans un parc, une biche apparaît sur le bord de la route, dans le feu de vos phares, ce tee-shirt avec un tigre, vous le voulez absolument… C’est peut-être votre animal-totem qui vous adresse un message.
"Encore appelé animal de pouvoir ou allié dans la tradition chamanique, voie spirituelle en connexion avec les esprits de la nature, l’animal-totem nous relie aux qualités du monde animal et aux ressources spécifiques à chacun", nous explique Else Oreve, enseignante chamanique formée FSS (Foundation for Shamanic Studies, fondée par Michel Harner aux États-Unis).
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L’animal-totem, central dans la tradition chamanique
Le chamanisme est une voie spirituelle ancestrale qui repose sur le lien intime qui unit l’homme à la nature et le maintien du subtil équilibre entre tous les règnes – humain, animal, végétal – et le monde des esprits.
La relation entre les humains et le monde animal est fondamentale en chamanisme. "La pratique chamanique nous enseigne qu’il existe une réalité plus profonde que notre monde visible et tangible. Dans ces dimensions cachées, il existe des esprits bienveillants qui éprouvent une compassion et un amour profond pour nous", précise Sandra Ingerman, thérapeute et pratiquante chamanique, auteure de S’éveiller à la sagesse profonde de la Terre (éditions Véga). Ces "alliés" peuvent se présenter sous la forme d’un animal, d’un insecte, d’une plante ou d’un arbre. Pour contacter l’Autre Monde et leur animal de pouvoir, les chamans accomplissent ce que l’on appelle "un voyage chamanique". "Lors des cérémonies, le chamane se branche sur le pouvoir que possède le monde animal, que ce soit un mammifère, un oiseau, un poisson ou autre créature", explique Michael Harner, anthropologue américain, spécialiste du chamanisme (in La Voie spirituelle du chamane, éd. Pocket).
Chaque animal-totem est porteur d’une spécificité, d’un pouvoir "médecine" comme l’appellent les chamans, d’une force qu’il va nous transmettre. "Certains nous sont plus familiers que d’autres", ajoute Else Oreve. L’aigle est communément associé à une vision perçante, l’ours à la capacité de se retirer dans sa grotte, symbole d’intériorité, le cerf au leadership… En vogue aujourd’hui, la louve, emblème du féminin sauvage, archétype établi par la psychanalyste et conteuse Clarissa Pinkola Estés, va permettre à chacune de protéger son territoire, de trouver sa bande, d'utiliser ses pouvoirs féminins innés que sont l’intuition, l’audace, la connaissance des rêves, la créativité…
Comment contacter son animal totem ?
Rencontrer son animal de pouvoir peut se faire de différentes façons. La danse, accompagnée de tambours, est la méthode communément employée par les chamans pour atteindre un état de conscience modifiée. Un peu comme celui obtenu lors de la méditation de pleine conscience, mais cette fois en mouvement, en posant une intention. Les chamans, en dansant leur Esprit Gardien, manifestent les mouvements de leurs animaux de pouvoir et aussi leurs sons. "Chez les Sioux Lakota, les esprits gardiens animaux apparaissent au chercheur de vision", précise Michael Harner. La quête de vision (ou hamblechia) est un puissant rite de passage amérindien en nature sauvage, une cérémonie qui consiste à partir seul dans un lieu de grande nature. Ces rencontres peuvent même sembler réelles. Comme le rapportait Lame Deer, homme-médecine sioux, "Brusquement, j’entendis crier un grand oiseau, puis rapidement il me frappa le dos en me touchant de ses ailes étendues".
Animal-totem et nature
Il existe d’autres manières "plus ordinaires" de contacter les esprits apportant guidance spirituelle. "La nature est une porte donnant sur ce monde", rappelle Jamie Sams. De simples balades peuvent donner lieu à la rencontre avec votre animal-totem. "Observez votre environnement, votre animal peut surgir dans la forme d’un rocher, ou d’un arbre, d’un nuage ; ici et là peut apparaître un lynx, une baleine…", expose Else Oreve, qui en a fait l’expérience à maintes reprises. Plus communément, vous pouvez être survolée par une buse, un rapace, ou encore être entourée d’une nuée de papillons, surprendre furtivement une biche ou tomber nez à nez avec un sanglier… Comment savoir si c’est votre animal-totem ? "Vous ressentez cette rencontre de manière particulière, vous êtes touchée, émue… Une fois disparu, l’animal vous laisse la sensation particulière de sa présence", répond l'enseignante chamanique.
D’autres espèces sauvages et féeriques nous côtoient également, comme les lions des fontaines, ou les dragons sur les églises, et tout récemment les licornes sur une affiche publicitaire", ajoute Else Oreve. Ils ont toujours été là, mais nous y sommes plus attentifs aujourd'hui car le besoin de se relier à la nature et aux animaux est plus fort.
Décrypter ses messages
L’enjeu est d’en comprendre les messages ! "Posez-vous intérieurement la question : 'Que vient-il me dire, quelle qualité m’offre-t-il ?'", suggère l'enseignante chamanique. Approfondissez vos connaissances sur son mode de vie, ses qualités et explorez vos ressentis face à vos découvertes. S’il vient à votre rencontre c’est sans doute qu’il peut vous apporter un éclairage, une solution dans une situation de votre vie. En créant des espaces de rencontre réguliers, vous allez vous faire un nouvel ami, un guide spirituel dans le monde animal, qui vous soutient, vous donne de la force, vous souffle de nouvelles idées, souvent inattendues.
TÉMOIGNAGE DE L'AUTEURE – Ma rencontre avec mon animal-totem
"Lors d’une transe chamanique au tambour, sans que je le décide vraiment, je me suis retrouvée au centre. Puis j’ai pu sentir que je m’alourdissais, ma démarche devenait oscillante et balourde, comme celle d’une grosse mère Ourse, alors que je suis plutôt fluette. J’ai senti une force nouvelle dans mes mâchoires et mes épaules. Des sons gutturaux sont sortis de ma gorge, j’étais devenue cette ourse dans le film de Jean-Jacques Annaud. J’observais ma transformation, de l’intérieur, en témoin, et en même temps je ressentais un instinct animal. Puis tout est revenu à la normale. Le message portait sur le respect de mon territoire. De retour dans la réalité, j’ai pu poser mes limites sans me mettre en colère."
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