Le bon déroulement du cycle menstruel est l’aboutissement d’une merveilleuse horlogerie interne en relation directe avec le monde des émotions. Tout se passe bien tant que les émotions négatives sont gérées, métabolisées.
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Une fois le point de rupture dépassé, une façon pour le corps de la femme de s’exprimer face au choc, au traumatisme, à la détresse est de somatiser au travers de troubles hormonaux impliquant tout l’axe hormonal et affectant le cycle menstruel : arrêt des règles, retard de règles sans grossesse, saignements anormaux en dehors de la période normale des règles, règles irrégulières, règles douloureuses, règles abondantes, règles trop peu abondantes, troubles de l’ovulation, syndrome prémenstruel… Ces perturbations sont dites fonctionnelles (liées au stress et à ses conséquences hormonales).
Définition des troubles fonctionnels du cycle menstruel :
- Aménorrhée : absence totale des règles d’au moins trois mois, généralement provisoire (l’absence de grossesse doit être confirmée). Rarement définitive en cas de traumatisme violent, elle conduit brutalement à une ménopause précoce
- Oligoménorrhée : petite insuffisance hormonale ovarienne générant des règles d’un volume inférieur à la normale
- Ménorragies : augmentation de l’abondance et/ou de la durée des règles
- Métrorragies : saignements utérins survenant en dehors des règles
- Algoménorrhée (le mot dysménorrhée est employé à tort) : règles douloureuses
- Spanioménorrhée : règles anormalement espacées, cycles d’une durée supérieure à 6-8 semaines
- Règles irrégulières : alternance de cycles irréguliers avec des règles tous les 10-15 jours pouvant alterner avec des cycles normaux et avec des cycles longs d’une durée supérieure à 6 semaines
- Syndrome prémenstruel : apparition de symptômes désagréables avant les règles et qui cessent avec l’arrivée des règles : douleurs et gonflements des seins, jambes lourdes, prise de poids, douleurs pelviennes et lombaires, agressivité, irritabilité, état dépressif, fatigue…
- Troubles de l’ovulation : anovulation (pas d’ovulation), dysovulation (ovulation de mauvaise qualité
Pourquoi le stress influence le cycle menstruel ?
Un peu de physiologie....
Le cycle menstruel est sous la dépendance hormonale et le contrôle de l’axe cortico[1]-hypothalamo-hypophysaire-ovarien. Le cortex cérébral réagit par la sécrétion de neuromédiateurs, agissant dans un sens ou un autre, selon la façon dont sont gérés les divers stimuli positifs ou négatifs, émotionnels et autres. Il s’y déroule en permanence une bataille émotionnelle face aux évènements du quotidien…
- Certains neuromédiateurs comme la sérotonine, l’adrénaline sont des molécules excitatrices. D’autres comme la dopamine, le GABA[2], des opiacés sont des molécules inhibitrices.
- L’hypothalamus qui est aux ordres du cortex cérébral reçoit les informations transmises par les neuromédiateurs et en informe l’hypophyse.
- Des cellules spécifiques de l’hypothalamus libèrent de façon pulsatile[3] des neuro-hormones à destination de cellules de l’hypophyse. L’hypophyse est la plate-forme de commande et de régulation de toutes les structures endocriniennes sous-jacentes (surrénales, thyroïde, ovaires…), celles-ci sont dépendantes les unes des autres.
- La GnRH[4] est l’hormone hypothalamique responsable du fonctionnement du cycle menstruel. Elle induit la sécrétion pulsatile de FSH et LH, hormones hypophysaires gonadotropes, responsables du déclenchement du cycle menstruel par leur action sur les ovaires.
- La prolactine est une hormone hypophysaire impliquée principalement dans le déclenchement et le maintien de la lactation. Mais sous l’influence de trop de stress, son taux peut augmenter, perturbant le cycle menstruel et altérant la fertilité.
- Les hormones hypophysaires, FSH et LH, vont induire la synthèse et la sécrétion des hormones stéroïdiennes, les oestrogènes, la progestérone, la testostérone, à partir de la molécule de cholestérol5] , et permettre ainsi le bon déroulement du cycle.
- Les sécrétions de l’hypothalamus et de l’hypophyse s’effectuent selon un rythme mensuel en lien avec le cycle menstruel et selon un rythme journalier. La fréquence est variable selon le jour du cycle et selon le moment de la journée, toutes les 1 à 2 h.
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Le caractère pulsatile de la sécrétion de la GnRH hypothalamique, de FSH, LH et de la prolactine, toutes trois d’origine hypophysaire, des œstrogènes et de la progestérone ovariens, sécrétés par les ovaires, est une condition essentielle pour que se déroule normalement le cycle menstruel.
Des explications
C’est par un impact direct du stress, perturbant le caractère pulsatile de ces hormones, et plus particulièrement celui de la GnRH, que peuvent s’expliquer les troubles du cycle menstruel (affectant l’ovulation et/ou le déroulement des règles).
D’autres raisons s’ajoutent empêchant une synthèse et une sécrétion suffisantes de progestérone, basculant ainsi la femme en situation d’hyperoestrogénie responsable d’une grande partie des troubles fonctionnels du cycle menstruel.
En situation de stress chronique, la corticosurrénale détourne un précurseur de la progestérone et de la testostérone, la prégnénolone, afin de lui permettre de synthétiser encore plus de cortisol. De plus, le cortisol en excès bloque un certain nombre de récepteurs à la progestérone.
Des perturbations immunitaires et hormonales sont susceptibles de se manifester en cascade, notamment par le biais de maladies auto-immunes : épuisement surrénalien le plus souvent, par trop de cortisol, augmentation de la prolactine, perturbations de l’hormone de croissance, de la DHEA, troubles thyroïdiens (hypothyroïdie et hyperthyroïdie), diabète[6]…
Stress et cycle menstruel : les effets sont-ils graves ?
Les troubles fonctionnels du cycle menstruel sont réversibles. Il n’y a pas lieu de s’en inquiéter, cette inquiétude viendrait s’ajouter au stress responsable de la situation. Le cycle se rétablit le plus souvent, une fois le stress passé, digéré. Une psychothérapie de soutien peut aider à retrouver rapidement la maîtrise de ses émotions. Une aide par des thérapies allopathiques est parfois nécessaire, avec des anxiolytiques, des antidépresseurs et des hypnotiques selon les besoins, ces médicaments peuvent être des béquilles provisoires mais indispensables. En cas de syndrome de stress post-traumatique, l’intervention d’un neuropsychiatre est souhaitable.
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Une prise en charge globale, la plus naturelle possible avec de la phytothérapie, de l’aromathérapie, de l’homéopathie, de la nutrithérapie, de l’acupuncture, peut être instaurée pour un temps de récupération qui est variable. Elle passe notamment par l’arrêt du tabac, du cannabis, de l’alcool, de trop de café… Le traitement des carences en nutriments indispensables à une meilleure gestion des stress, comme le magnésium et la vitamine B6, est incontournable. Il convient d’y associer, s’il y a lieu, la correction de désordres surrénaliens, thyroïdiens et/ou ovariens[9] ainsi qu’un rééquilibrage de l’immunité. La pratique d’une activité physique régulière et celle du yoga, de la sophrologie, du tai-shi, du qi-gong ou de la méditation… sont des atouts efficaces pour amener chacune à une meilleure gestion des stress.
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Sources :
[1] cortex cérébral
[2] acide gamma-amino-butyrique neuromédiateur
[3] secrétion à intervalles réguliers
[4] gonadotrophine-releasing hormone
[5] il existe de vrais diabètes sucrés post-traumatiques, le plus souvent de type 2
[6] il existe des plantes à action progestérone pour corriger les situations d’hyperoestrogénie