La marche constitue LE mouvement vital par excellence. Bien qu’étant un mouvement simple et automatique, la marche est en réalité une fonction qui sollicite l’ensemble de notre organisme, du système nerveux (central et périphérique) à l’appareil ostéo-musculaire, de l’activité sensorielle à la circulation des courants vitaux.
Les bienfaits de la marche sur le corps
Ses atouts sont innombrables, mais je souhaite souligner d’abord trois qualités capitales de cette activité, propre à l’humain :
- En tant que geste de coordination, la marche stimule les facultés cérébrales, la perception sensorielle et la circulation des courants vitaux du corps.
- En tant que déplacement dans l’espace, marcher est une compétence permettant d’accéder à l’autonomie, condition indispensable pour interagir avec son milieu.
- En tant que geste de perception, l’apprentissage de la marche éveille aussi la conscience de son corps, de son schéma tridimensionnel et la découverte de son identité sexuée.
La marche, une activité complexe
Ces qualités mettent en évidence qu’elle n’est pas un mouvement anodin, bien au contraire ! Il s’agit d’une activité fort complexe, résultat d’un long apprentissage qui prépare, dès la naissance, la conquête de la verticalité humaine.
On apprend tous à marcher grâce à un « rodage corporel » qui s’articule en 12 mouvements. Ceux-ci s’enchaînent selon un ordre d’une part, programmé dans nos gènes et d’autre part modulé par notre expérience, liée à l’environnement humain censé influencer leur programmation innée.
Les 5 premiers mouvements activent, à tour de rôle, des articulations et des chaînes musculaires différentes, les 7 autres stimulent le corps pour se déplacer et s’orienter dans l’espace et enfin atteindre la posture bipède. Ces mouvements, que l’on appelle archétypaux, sont des mouvements spontanés du corps et constituent les codes évolutifs de la motricité humaine. Dans la partie pratique, on verra comment ces mouvements favorisent l’organisation neurologique et stimulent l’autorégulation des organes internes.
C’est pour cela que la marche est un mouvement vital, capital pour notre vie physique et mentale. Si manger, boire et respirer sont des fonctions vitales, le mouvement l’est aussi pour l’organisme. En effet, notre vitalité dépend de nos gestes et de l’activité la plus pratiquée dans la vie : la marche.
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Savoir marcher correctement
Encore faut-il marcher correctement, afin d’éviter des erreurs de manœuvre qui pourraient abîmer nos engrenages. Imaginez ce qui se passerait si vous laissiez constamment le pied sur l’embrayage de votre voiture, ou si vous rouliez sans jamais changer de vitesse... tôt ou tard vous provoqueriez des dégâts au véhicule que vous conduisez. Pour votre corps, c’est la même chose. Solliciter toujours les mêmes chaînes articulaires, musculaires et les mêmes schémas moteurs au niveau cérébral, induit, avec le temps, des problèmes mécaniques au niveau de la cheville, du genou, de la hanche ou encore du dos.
La conduite de notre corps, que nous pratiquons tous les jours pour nous mouvoir, est en partie liée à notre constitution, mais tient compte également du pilote que nous sommes.
Vos performances dépendent de vous !
Notre bien-être dépend de notre activité physique et de notre état d’esprit. Suivant la manière dont nous activons une fonction, elle s’affine ou bien se détériore. Par exemple en marchant, le pied fait sa gymnastique : à la longue il se muscle et la voûte plantaire se renforce. Mais si l’on chausse tous les jours des baskets, enrobées de mousse, on met au repos les muscles du pied et la voûte plantaire risque de s’effondrer. De plus, le coussin graisseux qui protège le talon perd sa fonction d’amortisseur et, n’étant plus fonctionnel, il fond. Toute partie du corps qui n’est pas opérationnelle perd sa fonction, c’est une loi qui gouverne notre organisme: la fonction crée l’organe. On sait, par exemple, que chaque nouveau geste appris, entraîne l’activation d’un nouveau circuit cérébral : plus le mouvement est répété, plus le circuit mis en place sera stable. Par contre, lorsqu’un circuit neurologique n’est pas suffisamment sollicité, il va devenir inactif.
Ainsi, mettre au repos un foie fatigué, peut être une solution momentanée, mais non définitive, car sa régénération passe par l’action. L’organe doit être dynamisé, pour réapprendre à s’activer correctement. Pour cela il faut stimuler la circulation de ses courants vitaux, non pas en éliminant certains aliments, mais en lui offrant des graisses de bonne qualité ou des éléments favorisant son autorégulation. Par exemple l’artichaut, légume ayant un tropisme spécifique sur la fonction hépatique.
Seul un organisme actif peut se régénérer, à condition qu’il reçoive des stimuli (qualitativement et quantitativement) compatibles avec sa nature. C’est pour cette raison qu’une personne sédentaire a toutes les chances de vieillir plus tôt, et souvent mal, que quelqu’un d’actif et dynamique. Nos gestes, nos mouvements, nos actions, sont donc des outils pour construire notre corps, ou pour le détruire s’ils sont mal réalisés.
Donc il ne s’agit pas de bouger, mais de BIEN bouger pour permettre à notre corps de garder sa forme, se ressourcer et surtout ne pas déformer !
L'auteure :
Cristina Cumo est diplômée de Nutrition Humaine, Physiologie du sport et Presse et Information médicale. Elle a étudié les bienfaits des mouvements primitifs du nouveau-né, qui préparent l’émergence de la marche et de la proprioception.
Son site : apprentissage-marche.com
Le livre :
Cet article est tiré du livre La marche, un mouvement vital pour notre santé de Cristina Cuomo, paru aux éditions du Dauphin