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Sulfates

Les marques bio se mettent au "sans sulfate "

Le sulfate des cosmétiques irrite les yeux et intoxique la peau.
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Anne-Marie Gabelica
Anne-Marie Gabelica
Mis à jour le 25 février 2021
Les sulfates, composant principal de la plupart de nos produits cosmétiques, sont irritants pour la peau, des yeux, et toxiques pour notre santé... Quelle est leur impact réel sur notre santé ? Comment les éviter ? Anne-Marie Gabelica, fondatrice de la marque de cosmétiques bio oOlution, nous explique tout.

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Les tensio-actifs sulfatés, comme le Sodium Lauryl Sulfate (SLS), sont utilisés pour le nettoyage industriel grâce à leurs puissantes propriétés dégraissantes. Les industriels les utilisent aussi dans les produits d'hygiène et cosmétique. 

>> A quoi servent les sulfates ? Quels produits contiennent des sulfates ? Comment décrypter les étiquettes ? Pourquoi sont-ils autorisés en bio ? LIRE NOTRE ARTICLE

On peut classer les problèmes sanitaires que posent les tensio-actifs sulfatés en 3 grandes catégories :

Irritation de la peau et des yeux

Cette réalité est bien connue des industriels depuis plus de 30 ans sans que pour autant rien n'ait été sérieusement entrepris pour éliminer ces ingrédients de nos produits quotidiens. C'est en effet dès 1983 qu'une étude américaine (source : Journal of The American College of Toxicology) a montré qu'une concentration de SLS d'à peine 0,5% peut entraîner une irritation cutanée. Cette étude a même montré qu'à des concentrations allant de 10 à 30 % le SLS était corrosif pour la peau et causait de très sévères irritations. A noter que certains savons contiennent 30 % de SLS.

Les tensio-actifs sulfatés sont particulièrement irritants pour les yeux, provoquant des picotements très intenses et nécessitant un rinçage à l'eau immédiat et abondant. Pour atténuer les sensations de picotements de l'œil, les industriels couplent les tensio-actifs sulfatés avec des molécules réputées moins irritantes telles que le Cocamide MEA, le Cocamide DEA, le Lauramide MEA et le Lauramide DEA, que vous verrez aussi très fréquemment sur vos étiquettes.

Les tensio-actifs sulfatés fragilisent et irritent la peau de 2 manières :

  • ils altèrent les protéines des membranes des cellules cutanées et oculaires en provoquant ainsi des réactions de nature inflammatoires et immunitaires qui se manifestent par des sensations de rougeurs, de gonflements et de picotements caractéristiques d'une irritation. Cet effet irritant est particulièrement problématique pour les personnes souffrant de dermatite atopique (sécheresse extrême souvent liée à de l'eczéma). 
  • ils éliminent les lipides nécessaires à la protection de la peau ce qui empêche le film hydro-lipidique de jouer son rôle contre la déshydratation cutanée. La peau n'est ainsi plus en mesure de réguler efficacement son taux d'hydratation ce qui se manifeste par des sensations de tiraillements.

De très nombreuses études scientifiques démontrent les effets irritants des tensio-actifs sulfatés. Les défenseurs des tensio-actifs sulfatés arguent cependant que la plupart de ces études mettent en évidence leurs effets irritants à hautes doses, c'est à dire à des concentrations bien supérieures à celles trouvées dans les cosmétiques. En réalité, hormis pour les personnes qui y sont allergiques et ressentent immédiatement les effets néfastes des tensio-actifs sulfatés, le problème que pose ces ingrédients résulte de l'effet cumulatif d'une exposition répétée et quotidienne à ceux-ci. 

Toxicité pour les organes

Un autre argument des pro-tensio-actifs sulfatés est que ces détergents sont généralement rapidement rincés, leur contact avec la peau n'est que fugace et donc potentiellement moins problématique. Apparemment juste, ce raisonnement est invalidé par une étude qui a montré les tensio-actifs sulfatés ne sont pas cantonnés à la surface de la peau.

En effet, les tensio-actifs sulfatés peuvent pénétrer depuis la peau dans les tissus et s'y maintenir à des niveaux résiduels au niveau du cœur, du foie, des poumons et et du cerveau. Cette étude conclue que concernant le SLS "des taux de pénétration élevés peuvent survenir y compris pour des utilisations à faible concentration."

Par ailleurs, le SLES ne peut être métabolisé (c'est-à-dire éliminé) par le foie. Il reste ainsi présent dans l'organisme beaucoup plus longtemps et nécessite beaucoup d'énergie pour être évacué. Ses effets néfastes sur les organes sont donc beaucoup plus durables.

Risques accrus de cancers

Quoique non cancérogènes en eux-mêmes, les tensio-actifs sulfatés pourraient être impliqués dans la survenue de cancers pour plusieurs raisons :

  • En fragilisant la peau par dénaturation des protéines, non seulement ils provoquent irritations et sécheresse cutanée, mais surtout ils permettent à d'autres molécules toxiques et/ou cancérigènes présentes dans notre environnement de pénétrer plus profondémment dans la peau.
  • Les tensio-actifs sulfatés sont souvent contaminés par deux cancérogènes reconnus du fait de leur procédé de fabrication. Le premier étant le dioxide d'éthylène qui est utilisé pour transformer le Sodium Lauryl Sulfate en Sodium Laureth Sulfate par une réaction dite d'éthoxylation, et qui serait impliqué dans la survenue de tumeurs mammaires. L'autre cancérogène qui contamine les tensio-actifs sulfatés est le 1,4 dioxane, lui-même dérivé du dioxide d'éthylène. Le 1,4 dioxane est en outre reconnu comme toxique pour le cerveau, le système nerveux central, le foie et les reins.
  • Les tensio-actifs sulfatés réagissent avec d'autres ingrédients cosmétiques avec lesquels ils forment des composés cancérogènes. En particulier, les tensio-actifs sulfatés réagissent avec un autre détergent très communément utilisé dans les shampooings, le triethanolamine (TEA) avec lequel il se combine pour former une nitrosamine appelée N-nitrosodiethanolamine (NDELA). Cette molécule qui est absorbée par la peau est un cancérogène reconnu. Les tensio-actifs sulfatés peuvent produire des nitrosamines en réagissant avec d'autres composants eux-mêmes suspectés d'être cancérogènes et très utilisés dans les shampooings : le Cocamide MEA, le Cocamide DEA, le Lauramide MEA et Lauramide DEA.

Vigilance accrue pour les enfants

L'utilisation des tensio-actifs sulfatés dans les produits destinés aux enfants est particulièrement inquiétante. Il a en effet été montré que le SLS est très vite absorbé par l'œil où il s'accumule et reste présent jusqu'à 5 jours. Le taux d'absorption étant significativement plus élevé chez les individus jeunes. Connaissant les propriétés dénaturantes des tensio-actifs sulfatés sur les protéines, leur accumulation dans l'œil pourrait donc poser un problème très sérieux pour le développement de l'œil chez un jeune individu.

Mes conseils

  • Ne rachetez plus jamais de shampooings et gels douche pour enfants à base des tensio-actifs sulfatés. Ces ingrédients sont très irritants pour la peau et les yeux qui sont particulièrement vulnérables chez les plus jeunes.
  • Rien ne sert d'appliquer des laits hydratants pour le corps et des masques réparateurs si notre peau et nos cheveux ont été préalablement en contact avec des tensio-actifs sulfatés qui les abîment et les déshydratent. Cela équivaut à mettre un pansement sur une jambe de bois... Avant donc de chercher le lait corporel « magique » ou le masque réparateur « miracle » pour les cheveux, vérifiez d'abord la composition de votre gel douche et  de votre shampooing.  
  • Ce n'est pas parce qu'un produit est présenté comme naturel ou même qu'il est labellisé bio qu'il ne contient pas de tensio-actifs sulfatés. Lisez la liste d'ingrédients (INCI) de tous les produits avant de les acheter et vérifiez que la marque qui le propose dispose d'une charte de formulation qui exclut les tensio-actifs sulfatés de tous ses produits :

- Ammonium Lauryl Sulfate (ALS)
- Sodium Laureth Sulfate (SLES)
- Sodium Lauryl Sulfate (SLS) (ou Sodium dodecylsulfate)
- Sodium Lauryl Sulfoacetate
- Sodium Myreth Sulfate

  • Nous avons vu que les tensio-actifs sulfatés peuvent être contaminés par certains cancérogènes (dioxide d'éthylène et 1,4 dioxane). Pour éviter d'acheter des produits contaminés, évitez plus généralement tous les ingrédients issus de la réaction chimique d'ethoxylation. Vous pouvez reconnaître ces ingrédients à leur nom qui contient l'un des suffixes suivants : "PEG", "ceteareth", "laureth", "myreth", "oleth" (ou tout autre "eth"), "polyethylene", "polyethylene glycol", "polyoxyethylene" ou "oxynol".

L'experte : Anne-Marie Gabelica  est ingénieure agronome diplômée en biochimie. Elle a créé oOlution, la 1ère de gamme de soins visage sur-mesure, à base de plus de 65 actifs 100 % bio, certifiée vegan, sans dérivés d'huile de palme et éco-conçue.

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