Un aliment toujours riche et adapté
En fait, le lait d’une femme qui allaite un enfant de 18 mois est tout aussi riche que celui d’une femme qui allaite un bébé de 3 mois. Certaines études tendraient même à prouver qu’il est plus riche. Des chercheurs israéliens ont comparé le lait de femmes ayant allaité deux à six mois à celui de femmes ayant allaité douze à trente-neuf mois. Pour le premier groupe, la teneur moyenne du lait en matières grasses était de 7 %, contre 11 % pour le deuxième groupe.
Certes, à partir d’environ 6 mois, l’allaitement sera complété par des aliments solides. Mais, pendant encore plusieurs mois, l’essentiel de l’alimentation de l’enfant pourra continuer à être fourni par le lait maternel.
Lait maternel qui continuera par ailleurs à apporter à l’enfant ses innombrables facteurs de protection, et pourra faire une grande différence pour lui en terme de santé. Des études ont même montré que lorsque l’enfant grandit et tète moins, la concentration de facteurs immunologiques dans le lait augmente, de façon sans doute à ce qu’il continue à en recevoir la même quantité.
Une meilleure santé future
Toutes les études récentes montrent que plus l’allaitement a duré, plus les effets sur l’état de santé futur de l’individu sont importants (effet dose-dépendant).
Un exemple parmi beaucoup d’autres ? Une étude faite sur des enfants sud-africains a montré un lien entre un allaitement prolongé et une moindre incidence de l’allergie : par rapport à un allaitement inférieur à six mois, le risque d’allergie était diminué de 29 % pour un allaitement entre six et douze mois, et de 64 % pour un allaitement supérieur à douze mois.
Et n’oublions pas que les effets de l’allaitement sur la santé de la mère sont également dose-dépendants. C’est ainsi qu’une étude récente a montré que l’allaitement diminuait le risque pour la mère de développer un diabète de type II. Les femmes qui avaient allaité au moins un an avaient environ 15 % de moins de risques que celles qui n’avaient pas allaité du tout, et chaque tranche de douze mois d’allaitement supplémentaire diminuait encore le risque de 15 %.
Un meilleur développement
Là aussi, les études montrent qu’un allaitement long n’a que des conséquences heureuses sur le développement cognitif.
Je n’en citerai qu’une, faite sur des enfants philippins suivis de la naissance à 8 ans ½, qui a montré qu’à cet âge, ceux qui avaient été allaités plus longtemps (entre douze et dix-huit mois) avaient de meilleurs résultats aux tests cognitifs que ceux qui avaient été allaités moins de six mois. C’était particulièrement net pour les enfants qui étaient de petit poids à la naissance : 9,8 points de QI en plus !
Les effets sur les rapports parents-enfants
Dans une étude faite sur un millier d’enfants néo-zélandais suivis jusqu’à 18 ans, ceux qui avaient été allaités pendant longtemps étaient plus nombreux que les enfants nourris au lait industriel à avoir des liens de meilleure qualité avec leurs parents, et à penser que leur mère s'était mieux occupée d'eux et avait été moins surprotectrice.
Les mères qui allaitent longtemps insistent elles aussi sur la force du lien mère-enfant ainsi tissé, et les bénéfices émotionnels qu’elles en retirent, ainsi que leur enfant.
Et c’est tout simplement bon !
Dans une étude sur des mères australiennes allaitant des enfants de 2 ans et plus, on a interrogé les enfants qui ont presque tous dit qu’ils tétaient parce qu’ils aimaient le lait de leur mère, que ça les rendait heureux et leur faisait du bien. Certains ont dit que c’était « aussi bon que le chocolat », voire « meilleur que la crème glacée » !
Les recommandations de l’OMS et du ministère
Voilà déjà plusieurs années que l’Organisation mondiale de la santé recommande un allaitement exclusif de six mois, et la poursuite de l’allaitement jusqu’à 2 ans ou plus.
Depuis 2005, le ministère de la Santé français reprend ces recommandations. Dans sa brochure sur les bénéfices de l’allaitement pour la santé de l’enfant et de sa mère , on peut lire : « L’allaitement maternel permet une croissance normale au moins jusqu’à l’âge de 6 mois. Il n’y a donc pas de raison d’introduire d’autres aliments avant cet âge, comme l’OMS le recommande, en insistant sur le fait que l’allaitement maternel peut être poursuivi jusqu’à l’âge de 2 ans ou même davantage, selon les souhaits de la mère, à condition d’être complété par la diversification alimentaire à partir de l’âge de 6 mois. »
A tous ceux qui continueront à critiquer l’allaitement au-delà des premiers mois, on pourra donc maintenant rétorquer qu’on suit les recommandations du ministère de la Santé !