En juin 2016, après 4 ans de discussion, le Parlement européen, le Conseil et la Commission européenne se mettaient d’accord sur un règlement visant à encadrer la pêche profonde en interdisant le chalutage au delà de 800m de profondeur. Il y a 3 jours, de nouvelles mesures ont été décidées.
Que promettent ces nouveaux quotas de pêche dans les eaux de l’Union Européenne et les eaux internationales de l’Atlantique du Nord-Est ? Leur objectif est de réduire le total admissible des captures (TAC) pour ces espèces qui ne représentant que 1% des poissons capturés, soit une douzaine de poissons. Parmi ceux-ci, le sabre noir, la dorade rose, le grenadier de roche, le grenadier berglax et le phycis de fond. Des espèces dont on peut se passer ! Rappelons que la pêche en eaux profondes (entre 500 et 1500 mètres de profondeur) cause des ravages sur les fonds marins, porte atteinte à la biodiversité et l’écosystème notamment les coraux et les algues. Surtout que ces poissons des profondeurs peinent à se reproduire…
Une bonne nouvelle, certes mais néanmoins mitigée, selon les ONG BLOOM, Deep Sea Conservation Coalition (DSCC) et Seas at Risk, qui se battent pour cette cause et ont réagi dès la publication des quotas. « Cela souligne un vice fondamental dans la gestion des pêches profondes » explique Matthew Gianni de la Deep Sea Conservation Coalition. « Le Conseil devrait s’assurer que les pêches profondes sont gérées de façon à éviter la capture d’espèces menacées plutôt que d’abdiquer sa responsabilité en fixant un quota permettant la capture accessoire de ces espèces dans des pêcheries non sélectives ». Claire Nouvian, la fondatrice de BLOOM, exprime aussi sa deception : « Nous attendions des ministres de la pêche qu’ils soient à la hauteur des enjeux car le processus de décision des quotas est supposé compléter, et non pas amoindrir, les mesures de protection des fonds marins en empêchant la surpêche des espèces profondes ».
Ces nouveaux quotas, encore au-dessus des niveaux recommandés par la communauté scientifique, devraient tout de même limiter la pêche à son principe de rendement maximum durable (RMD), en renouvelant de manière responsable les stocks de ces espèces d’eaux profondes. Les quotas concernant la lingue bleue seront quant à eux décidés au Conseil de décembre. Un premier pas en avant vers la protection des fonds marins ?
Et pour tout comprendre sur le chalutage profond, la bande dessinée de Pénélope Bagieu vous éclairera comme il faut.
Pour aller plus loin sur FemininBio :
Où trouver du poisson non toxique ?
Interview : Alexandra Cousteau pour la défense des océans