« Le Grenelle devait faire changer d’époque » rappelle Greenpeace, qui regrette que la dynamique se soit effondrée à cause de l’attitude passive du gouvernement face aux défis du XXIème siècle. Pourtant convaincue de l’intérêt et de l’apport de la « méthode Grenelle », qui a permis aux acteurs impliqués de discuter et trouver des terrains d’entente, l’ONG ne semble pas prête à renouveler l’expérience : l’Etat, au rôle incontournable dans ce dossier, ne joue pas le jeu.
Sur cinq dossiers cruciaux, les forêts, les océans, le climat, l’énergie et les OGM, où tout est à refaire si l’on veut répondre à l’urgence climatique, le gouvernement s’est défaussé, rétracté, retiré. C’est du moins l’avis de l’ONG. Et il est vrai qu’entre ce qui Greenpeace pense qu’il faut faire, ce que le gouvernement déclare vouloir faire et ce que Greenpeace estime que le gouvernement fait, il y a comme qui dirait un léger malentendu.
Le Grenelle de l’environnement avait engagé le gouvernement sur de nombreux sujets et représentait pour les écologistes une grande avancée pour la protection de la planète et le changement des mentalités. 23% d’énergies renouvelables dans le mix énergétique français d’ici à 2020, réduction de 20% de la consommation d’énergie sur la même période par rapport au schéma tendanciel, 20% du domaine maritime français érigé en « aires maritimes protégées » d’ici à 2020, dont 10% dès 2012, une volonté affichée de lutter contre la déforestation… Rarement sur le papier un gouvernement ne s’était montré si vert.
Les faits ont rapidement assombri ce vert éclatant. La réalité est peu reluisante pour le gouvernement et Greenpeace veut le faire savoir. Les résultats comptables de la politique environnementale du gouvernement sont peu glorieux et loin d’atteindre les objectifs visés, et l’attitude de la France sur la scène internationale est loin d’en faire le leader vert qu’elle voudrait bien paraître. Pêle-mêle, l’ONG point du doigt quelques travers de la politique environnementale française : relance du nucléaire tous azimuts, errements dans la protection des ressources maritimes, reculs flagrants en matière de protection des forêts, absence de position ferme sur le dossier des OGM… Dans les actes, le gouvernement s’éloigne chaque jour un peu plus de l’esprit du Grenelle.
Mais Greenpeace semble oublier que l’art et la science de gouverner implique aussi de savoir ménager la chèvre et le chou. Les changements de cap d’un gouvernement sont plus que monnaie courante, et chacun dira que son dossier est le plus important, celui qui doit primer sur tous les autres si l’on veut assurer à la France un avenir. Alors que faire ? Le bilan de Greenpeace sonne comme un avertissement. Pour qu’il débouche sur une réorientation verte de la politique gouvernementale pendant les deux dernières années du mandat présidentiel, c’est au peuple de prendre le relais. Alors, action !