Vous vous êtes exprimé sur la scène médiatique par rapport aux propos de Nicolas Sarkozy au salon de l'agriculture. En quoi une réponse de la FNE et des experts était nécessaire ?
Pour rappeler au Président de la République ses engagements exprimés lors de son discours clôturant le Grenelle de l'environnement en faveurs de mesures très significatives pour mettre en oeuvre un développement soutenable, particulièrement en agriculture (notamment réduction de 50% des pesticides en 10 ans et développement de l'agriculture biologique en termes de production et de consommation de produits bio en restauration collective) ; pour le rappeler aussi au souci de cohérence : on ne peut affirmer "croire à une agriculture durable" pour dire ensuite que "les questions d'environnement, ça commence à bien faire" ...!
Qu'est-ce qui n'est pas passé dans votre réponse médiatique, que vous auriez pourtant souhaiter faire entendre ?
J'avais beaucoup insisté sur les enjeux sociaux en termes d'emplois agricoles et économiques qui vont de pair avec l'environnement, développement durable oblige ! Ce qui n'a pas été suffisamment rapporté, notamment en termes d'autonomie et d'économies de moyens et de ressources, surtout avec la réduction annoncée des aides PAC (politique agricole commune européenne).
De même qu'il importe de rappeler le Président de la République à ses engagements comme je viens de l'indiquer, sous peine de démonétiser davantage la parole du politique.
J'ai fait valoir aussi qu'en matière de comparaison avec nos voisins, l'Angleterre libérale pour qui Monsieur Sarkozy a toujours eu beaucoup d'affinités est très édifiante, elle qui a sacrifié encore plus d'emplois agricoles au productivisme que chez nous.
Selon vous, pourquoi certains agriculteurs se sont pourtant dit "satisfait" des propos du président de la république ?
Les agriculteurs qui se sont déclarés satisfaits des propos de Monsieur Sarkosy doivent faire partie des 20% qui touchent 80% des aides.
Il devient très urgent d'avertir les 80% laissés pour compte de ce qui les attend, à savoir passer à la trappe lors des crises environnementales, sanitaires ou économiques que ce système agro industriel génère et que Monsieur Sarkozy veut conforter selon ses propos tenus au Salon de l'Agriculture.
Quel est le réel défi agro-alimentaire à relever, selon vous ?
Précisément celui de s'adapter aux fondamentaux du développement soutenable, particulièrement en termes d'une moindre dépendance aux intrants chimiques (se préparer à l'ére de l'après-pétrole comme tant d'autres secteurs d'activités), aux importations de protéines végétales sous forme de soja pour l'alimentation des élevages, aux deniers publics sans lesquels le productivisme agricole ne peut prétendre être performant. Nos voisins européens s'y préparent avec notamment une agriculture biologique à plus de 10% de leur production nationale, alors qu'en France elle stagne à 2% depuis plus de vingt années.
Quelle attitude politique les propos de Nicolas Sarkozy viennent donc traduire ?
Celle que l'on connaît depuis la "révolution verte" des années soixantes : priviligier la quantité au détriment de la qualité, se rendre dépendants des facteurs précités ce qui répond aux intérêts de l'agro-industrie, en privatisant les profits pour faire supporter les pertes au budget alimenter par nos impôts.
Que pouvons-nous donc attendre des groupes de travail du Grenelle ?
Ils ont rendu leur copie depuis deux ans sous forme de plus de 200 préconisations, imparfaites (il s'agit de compromis résultants d'âpres débats entre les associations, les collectivités et les représentants d'intérêts industriels et commerciaux), mais très significatives pour amorcer une ère de cohérence et de responsabilité en fonction des enjeux de société d'un véritable développement soutenable.
C'est maintenant à nos élus constituant la représentation nationale et au gouvernement de les concrétiser. Or les récents propos de Monsieur Sarkosy ont relancé l'inquiétude sur la volonté d'agir dans ce sens.
Un mot sur le film de Coline Serreau qui sort son film début Avril ?
Je n'ai pas vu ce film ; a priori il vient enrichir la collection des documentaires traitant du diagnostic et des remèdes liés aux atteintes portées à notre cadre de vie par nos comportements.
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