La pêche minotière capture les poissons situés à la toute fin de la chaine alimentaire comme les sardines ou les harengs, comestibles par l’homme, pour en faire de la farine et des huiles destinées aux poissons d’élevage, aux porcs ou à la volaille. Un système qui menace non seulement l’équilibre océanique mais aussi la santé alimentaire des populations. Le saumon sauvage ne permettant pas de répondre à la demande, ces farines sont utilisées « pour élever des saumons destinés aux pays développés » (lire le rapport Le côte obscur de l’aquaculture).
« 90% des captures réduites en farine sont des poissons parfaitement comestibles »
Cette vérité est remontée à la surface par l’ONG Bloom, ainsi qu’une étude scientifique parallèle. La pêche minotière, déjà pointée du doigt en raison de sa surexploitation des stocks de poissons traditionnels, est désormais dans la ligne de mire des associations environnementales en raison de ses conséquences nuisibles à l’équilibre océanique. En effet, si les premières espèces de la chaine alimentaire sont supprimées, c’est tout l’environnement océanique qui s’en trouve déboussolé.
La pêche minotière demeure plus que jamais contraire au Code de conduite pour une pêche responsable établi par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Ce code limite normalement la transformation en farine aux espèces non consommables par l’homme. La pêche minotière représente en Europe 12 % des captures.
Appelés « poissons de fourrages », anchois, sardines et sprats sont transformés en farine, destinée à des poissons carnivores mais aussi d’autres animaux comme les porcs, les volailles ou les visons, qui ne mangent à la base pas de poisson et qui n’ont pas besoin de ces nutriments. Dans leur environnement naturel, les poissons de fourrage auraient été mangés par de nombreux prédateurs comme les thons, les cabillauds mais aussi les mammifères marins et les oiseaux de mer. C’est ainsi tout l’écosystème qui est déréglé.
Bloom rappelle que « depuis 1950, 25% des captures de poissons ont été réduits en farine et en huile » et que « 90% des captures réduites en farine sont des poissons parfaitement comestibles ». Selon l’ONG, « environ 57% de la production mondiale de farine de poisson approvisionnent le secteur de l’aquaculture pour l’élevage de poissons, 22% le secteur porcin et 14% le secteur avicole ». Plus que jamais, soyons attentif lors de nos achats !
>> Pour aller plus loin: faut-il se fier au label MSC "pêche durable" ?