Cinq jours que l'alerte aux PM10 (particules de diamètre inférieur à 10 microns) a été lancée. Cette alerte correspond au dépassement d'une concentration de 80 microgrammes par mètre cube d'air de ces PM10. Les régions concernées sont l'Ile de France (seuil le plus élevé), la région PACA, la Lorraine, l'Auvergne, la Bourgogne, le Centre...
Difficile d'y échapper lorsqu'on habite ces régions, elles sont dangereuses pour tout le monde. Nous avons demandé au président de l'Association Santé Environnement France, le Dr Pierre Souvet, de nous en dire plus sur les effets de ces particules, et les comportements responsables à adopter en cas d'alerte... et de manière générale.
Que provoque la pollution aux particules sur notre organisme ?
Dr Souvet : Les particules fines, issues de la combustion des voitures, surtout les diesels, et aussi des feux de cheminées et de l'industrie, provoquent une inflammation de l'arbre respiratoire et du système cardio-vasculaire. Plus ces particules sont petites, plus elles pénètrent profondément dans l'organisme. De plus, elles sont chargées des produits toxiques de l'air tels que les métaux lourds, les pesticides. C'est donc un véritable cheval de Troie.
En phase aigüe du pic de pollution, comme c'est le cas aujourd'hui, cette réaction inflammatoire va provoquer plus de maladies respiratoires : augmentation des crises d'asthmes, exacerbation des bronchites chroniques et de l'insuffisance respiratoire, un risque d'infarctus multiplié par 2 à 3. On constate alors que les hospitalisations augmentent pendant les pics de pollution. Même les personnes non sensibles peuvent rencontrer des difficultés respiratoires, donc personne n'est à l'abri des effets de la pollution.
Il y a tout de même des publics plus sensibles :
- les enfants qui, en respirant plus vite, inhalent un volume d'air plus important
- les personnes déjà atteintes de pathologies cardiaques ou respiratoires
Attention à la pollution quotidienne !
Tout cela correspond à l'aspect aiguë qui fait toujours beaucoup de bruit dans les médias. Mais on oublie toujours que le plus toxique est l'aspect chronique : nous sommes exposés toute l'année à ces particules qui provoquent 42.000 morts prématurés, 15 à 30 % de maladies cardio-vasculaires et respiratoires en plus, et plus de cancers du poumons. Le coût de cette pollution est estimé à 20-30 milliards d'euros par an si l'on prend en compte l'aspect sanitaire, la perte de jours de travail, les hospitalisations etc..
L'aspect aiguë fait donc peur car il a des effets à court terme mais l'aspect chronique représente en 10 ans 10 fois plus de morts que les accidents de la route !
Les grandes villes sont bien sûr beaucoup plus touchées...
Le milieu urbain soumis à une grosse circulation automobile est bien sûr plus exposé, notamment les rues étroites avec un trafic intense, où le polluant s'accumule. Lorsqu'il y a un parc, le fond est pollué, mais tout de même moins que dans les rues.
On constate une perte d'espérance de vie que l'on estime entre 7 et 8 mois à Paris et Marseille.
Quels conseils donner à nos lectrices ?
Se promener dans les parcs loin des routes, éviter les activités physiques intenses et... un conseil pour les parents qui amènent leurs enfants à l'école en voiture : arrêtez vos moteurs en attendant devant l'école ! Ce devrait être une mesure obligatoire, et j'encourage les écoles à afficher des panneaux "Arrêtez le moteur pour la santé de vos enfants" car ceux-ci respirent une quantité énorme de particules en étant à hauteur des pots d'échappement.
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