Nous rencontrons Mylène sur un toit urbain de Montréal. C’est un ancien supermarché transformé en éco-bâtiment, qui abrite aujourd’hui tout un tas d’associations et d’organisations oeuvrant pour l’écologie mais aussi pour la vie de ce quartier populaire. Mylène accueille les volontaires de la journée, nous allons planter des arbres autour du supermarché pour enrichir la vie végétale du trottoir. En attendant elle a fait tour sur le toit où d’autres volontaires prennent leur déjeuner au milieu d’un jardin potager. Ce "toit vert" a été établi en 2013 comme partie prenante d’une expérience sur les toits végétalisés. Organisée par le GRAME, le Groupement de recherche appliquée de Montréal, l’expérience cherche à déterminer les différences d’albédo entre un toit goudronné, un toit classique, un toit blanc et un toit végétalisé de façon intensive ou non. L’idée étant ensuite d’être mieux protégé l’été et mieux isolé en hiver et ainsi réduire l’empreinte énergétique des bâtiments urbains.
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Mylène a fait des études de cinéma, très vite elle réalise qu’elle préfère le documentaire et le sens de ce qu’elle fait au "gros cash" des gros plateaux. Le sens continue de guider son parcours et elle se retrouve dans des associations qui cherchent à établir, développer et entretenir le lien social et l’entraide. C’est ainsi que tout naturellement le jardin fait son irruption dans son paysage. Convaincue par le pouvoir fort du soin des plantes sur le développement du lien humain, elle entreprend maintenant un diplôme à l’école d’horticulture du célèbre Jardin botanique de Montréal.
Ici, elle anime pour cette association et pour d’autres des jardins potagers urbains à caractère social. L’un d’eux s’appelle "Passeport pour ma réussite" et propose des activités de jardinage sur un ancien parking et d’aide aux devoirs à des enfants en difficulté scolaire. "Il y a quelque chose à propos des plantes et de l’attention qu’on leur prodigue qui amène le calme nécessaire à la réalisation des devoirs." Elle fait le tour du jardin avec les enfants, si un ravageur ou une maladie s’est déclarée sur une plante, les enfants font les recherches pour savoir ce que c’est, se renseignent sur les solutions et les appliquent.
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S’occuper d’un jardin leur montre à la fois ce qu’ils sont capables d’accomplir, de ressentir la fierté de ramener la récolte du jour à la maison, d’apprécier profondément leur nourriture et de développer des capacités à résoudre des problèmes par eux-mêmes tout en développant un sens profond des responsabilités. Quelle école !
Pour Mylène le pouvoir du jardinage dans un quartier est immense et cet apprentissage de la culture des plantes lui apparaît comme profondément lié au pouvoir relationnel qu’il apporte. Nous le voyons démontré le jour même alors que nous plantons des arbres, les petits enfants derrière les vitres de leur crèche ont le nez collé à la vitre, fascinés par cette forêt qui s’enracine devant leurs yeux ; les passants s’arrêtent pour nous demander les essences que nous plantons ; certains se réjouissent d’avance des futurs petits fruits à venir et nous encouragent à continuer. C’est la vie du quartier, c’est le lien intergénérationnel que crée une discussion autour d’une plante, une récolte commune autour d’un jardin partagé, ce sont les yeux grands ouverts et curieux des futurs adultes de ce monde qui découvrent la vie des plantes et la source de leur nourriture.
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