La téléphonie mobile est sans doute l’application technologique qui s’est développée le plus rapidement. En une dizaine d’années on est passé de quelques milliers d’utilisateurs de portables à des dizaines de millions. Dans le même temps nos campagnes et nos villes se sont couvertes d’antennes-relais.
Partenaire
Tout cela s’est fait et continue à se faire – après la 2 G, on a eu la 3 G et maintenant la 4 G –sans la moindre étude d'impact sanitaire. De même, les effets conjugués des différentes sources et fréquences (portables, téléphones sans fil domestique, WiFi…) n’ont jamais été étudiés.
La recherche scientifique a donc un retard considérable sur le développement de ces technologies. D’autant que, comme sur les autres dossiers sanitaires où de gros intérêts économiques et financiers sont en jeu, tous les mécanismes de frein ont été mis en œuvre : financement de nombreuses recherches par les industriels afin de mieux en contrôler les résultats ; discrédit jeté sur les chercheurs qui osent émettre l’hypothèse d’un risque ; silence organisé sur les résultats qui gênent, lesquels ne franchissent souvent la frontière que grâce à la veille menée par le mouvement associatif ; contrôle de l’expertise par un petit groupe bien homogène garant de la pensée unique du déni de risque.
Pourtant, la forteresse se lézarde et l’action citoyenne en faveur de plus de transparence et d’indépendance associée à l’accumulation de signaux scientifiques préoccupants a modifié, ces dernières années, l’appréhension du risque par les agences d’expertise tant nationale qu’internationale. On est passé de la thèse officielle de négation du risque à celle de reconnaissance de l’incertitude.
C’est ainsi que l’AFSSET-ANSES, lors de la restitution publique de son dernier avis sur radiofréquences et santé, a recommandé de réduire les expositions en s’appuyant sur la mise en évidence de « l’existence d’effets des radiofréquences sur des fonctions cellulaires considérées par l’AFSSET-ANSES comme incontestables…. ».
Cette alerte lancée par l’AFSSET-ANSES s’est trouvée confirmée, en mai 2011, par la classification des radiofréquences comme possiblement cancérigènes par l’OMS.
Tout ceci devrait prêcher en faveur de l’application du principe de précaution – placé au rang de principe constitutionnel dans notre droit national – sur ce dossier. Or, En France, les normes d’exposition de la population, défendues encore aujourd’hui par le Ministère de la Santé, sont fixées par un décret, pris dans l’urgence le 3 mai 2002, juste avant le second tour de l'élection présidentielle. Les valeurs limites qui y sont définies ignorent toute une partie de la littérature scientifique actuelle et apparaissent donc en contradiction avec le principe de précaution.
C’est pourquoi Priartem, association pour une réglementation des antennes relais, se bat pour que soit introduite dans la loi l’application du principe ALARA aux radiofréquences, principe qui veut, notamment, que l’on expose les populations au plus bas niveau possible.
Janine Le Calvez est présidente de l'association Priartem
1) Communiqué de presse de l’AFSSET-ANSES en date du 15 octobre 2009 2) Communiqué du CIRC-OMS du 31 mai 2011
Janine Le Clavez
Découvrez FemininBio Magazine en version papier ou PDF ! Achetez nos éditions depuis notre boutique en ligne.