Séquence émotion lors de la projection du film « La vision de Wangari Maathaï ». La salle est pleine à la cinémathèque danoise, où Yann Arthus-Bertrand a monté son camp avec Good Planet, son organisation. Le film retrace la vie incroyable d'une femme qui, partie de rien, a reçu le prix nobel de la paix en 2004. Indigène du Kenya, de l'ethnie kikuyu, Wangari Muta Maathaï est déjà petite une fille qui ne marche pas dans les clous et son humour désarmant autant que sa rage éclatante a entièrement soulevé le Kenya dans les années 90.
Tout d'abord, elle monte dans sa localité une association « The Green Belt Movement » qui regroupe quelques femmes préoccupées par leur mode de vie et qui décident de s'allier pour "reforester" un pays touché par la colonisation industrielle. Sans plus attendre le groupe prend tellement d'ampleur qu'il atteint les oreilles du président de l'époque qui décide de le dissoudre violemment. La vie de Maathaï ne sera alors qu'une série de combats, portée par une motivation sans limite qui soulèverait des montagnes. Le sourire aux lèvres elle a, tour à tour, milité avec à chaque fois un succès à la clé, pour la reforestation de son pays, pour la destitution du régime totalitaire en place, pour la libération des otages lors des soulèvements civils jusqu'à réussir à employer l'armée du Kenya pour replanter les forêts primaires, essentiels à la survie des populations locales. Aujourd'hui pas moins de 35 millions d'arbres on été plantés ! Partie d'un problème local, cette femme africaine infatigable touche aujourd'hui des communautés entières dans le monde, a reçu le Prix Nobel de la paix en 2004 et copine aujourd'hui avec Obama.
Après un film qui donnerait des ailes à n'importe quel habitant de cette planète, son arrivée dans la salle de projection est très attendue. Les regards se portent vers l'entrée de la salle, on murmure « femme incroyable ! », « quelle force de la nature ! », « quel engagement ! », lorsqu'enfin elle rentre dans la salle sous des applaudissements d'un public enthousiaste. Elle entame un discours d'une profonde spiritualité au regard de l'écologie, autant qu'une lucidité sur les enjeux de Copenhague. Son discours touche tout de suite par son humour africain communicatif et sa désinvolture quan à son parcours, des plus surprenants.
Elle nous a rappelé : « je ne suis partie de rien, d'une graine ! Mais les femmes autour de moi savaient que nous nécessitions une reforestation pour retrouver une biodiversité. Aussi petites qu'elles soient, elles ont la conscience de la terre, de la Terre mère, et nous avons lutté ensemble. C'est cette force de vie qui nous a permis d'obtenir ce que nous réclamions dans un pays ou les femmes n'ont pas toujours la parole ».
Sur Copenhague elle s'est montrée réaliste : « nous ne pouvons pas attendre de nos dirigeants un soudain revirement, bien que je l'espère, sinon je ne serais pas venue en avion jusqu'ici (rires) ! Mais ne vous attardez pas, si vous êtes déçu de l'issue de Copenhague car vous avez de l'or dans vos mains ! Alors plantez un arbre ! C'est la chose la plus simple qui soit, pas besoin de diplôme, c'est sûr ! Cela doit nous rappeler la puissance de vie de chaque être sur cette planète, de la femme et de l'homme, dans un respect des biens humains et environnementaux collectifs dont nous dépendons tous totalement ».
Elle a ensuite donné des conseils lors de questions spécifiques du public concernant des projets locaux. Wangari Maathaï est un modèle pour les femmes uniques en son genre...affectueusement surnommée « la femme des arbres » (the tree woman).
De quoi redonner confiance au sein de la capitale danoise et hôter tout pessimisme qui pourrait y régner !
Voir la vidéo du Prix Nobel de Wangari Maathaï