Qu'on se le dise , nous avons un véritable garde-manger à portée de main : notre environnement sauvage !
Hubert Lévèque balaye un champ de connaissance assez large entre plantes sauvages, chimie, naturopathie, aromathérapie, toucher... Une palette d'outils qu'il sait transmettre avec art le long des chemins de randonnées. Et ce croisement de connaissances apporte une coloration singulière au paysage, une lumière, une mise en relief atypique.
Oui ! j'ai eu le sentiment d'entrer dans un espace intime, la maison de quelqu'un d'intelligent et d’organisé : tout y est à sa place, rangé, les plantes sont côte à côte et il n'y a pas de hasard : l'épiaire des bois est souvent la compagne des orties, dans des sols riches, (évitez de manger celles le long des routes et des champs traités, elles adorent les nitrates !) leur subtile variation de couleurs en dit long sur l'état du sol, de l'air, de la santé de la plante...
L'épiaire a le goût de champignons, même cru, l'ortie se consomme aussi crue après l'avoir lavée de son effet urticant... ailleurs le cranson aime le sel et les sols qui sont couverts par la mer, il s'entoure souvent du troscart (un cousin du plantin par son aspect) des asters maritimes, ou "oreilles de cochon" pourrait accompagner dans une salade... le nombril de Vénus ! celui-là est une plante grasse, de feuille toute circulaire et lisse, le long des sous-bois, sur les souches des arbres.
D'abord observer religieusement, observer la plante dans son environnement, puis la toucher, la goûter, la sentir, avant d'en connaître le nom et les propriétés savantes... Nourrir les sens avant de nourrir le mental et l'imaginaire. Les noms et les surnoms sont des entrées en poésie et en rêverie : herbe à cuillère, ortie des crapaux, patte d'ours, fragonnette...
Mais toutes les plantes ne sont bien sûr pas comestibles ! D'ailleurs certaines ressemblent à d'autres, tout est dans l'observation et la patience. Notre journée est donc consacrée à préparer nos repas à venir, et ils seront frugaux !
Nous sommes redevenus cueilleurs, comme au premier temps de l'humanité et quel art !
Geneviève Barreau, enseignante Qi-gong depuis 11 ans, somatothérapeute, accompagne Hubert dans l'animation de cette sortie singulière et ponctue notre parcours par la pratique de cet art du mouvement.
Les espaces sensibles n'en finissent pas de se découvrir et la nature me paraît le temple d'un mystère. La pratique du Qi-gong aiguise d'avantage notre présence et notre sens de l'observation.
Je me projette de vivre plusieurs jours nourrie de plantes sauvages et de Qi-gong et je peux percevoir l'ouverture d'un autre espace-temps. Ces arts sensibles se complètent subtilement et parfaitement.
Après la cueillette, les préparatifs culinaires nous rendent impatients ! Impatients de goûter cuites ou crues des saveurs mélangées, des symphonies de couleurs, d'odeurs et de textures pour le palais !
Les plantes sauvages sont en effet très relevées de part leur sauvage nature, elles poussent là où elles ont choisi de pousser, quand le sol est pour elles le meilleur.
Ce week-end m'a offert le spectacle de l'équilibre de la nature.
Mon éducation et mes intérêts m'avaient éloignée de ce qui nous fait pourtant tous vivre quotidiennement : la nature!
Mystérieuse nature, qui offre pourtant abondante nourriture pour le corps et le cœur, à qui la connaît, et sait l'observer. Je me réjouis de cette belle expérience, et aujourd'hui me voici de retour chez moi, à scruter les fonds de jardin, les bords des champs, les sous-bois...
Je recherche les plantes que j'ai rencontrées, comme des complices pour réjouir mon palais et ma santé !
La nature est un cadeau, prenons en soin !
Références :
Hubert Lévèque - sorties de cueillette régulièrement dans la Somme
www.mieuxvivreautrement.com/index.php
Geneviève Barreau - cours et atelier en Vendée
