Qui n’a jamais pensé que le frigo de ses parents (ou grands-parents) était bien plus résistant que le sien ? Entre le petit composant en plastique qui se casse et bloque tout et les 15 programmes de la machine dont aucun ne fonctionne, entre les logiciels qui ne sont plus compatibles avec les nouvelles versions des ordinateurs (ou vice-versa) et les batteries qui ne se chargent plus ou se déchargent trop rapidement mais qui sont soudées au produit, entre les imprimantes qui s’arrêtent de fonctionner après un certain nombre d’impressions et les coques en plastique qu’on ne peut pas changer… Il y a mille et une raisons qui obligent à jeter… et à racheter.
Complot des industriels ? Certains en sont convaincus et ont même donné un nom à ce phénomène : l’obsolescence programmée. Le principe ? Réduire volontairement la durée de vie des produits fabriqués pour inciter le consommateur à remplacer régulièrement ses équipements. Le phénomène remonterait aux années 1920, et serait né dans l’imagination d’entrepreneurs qui auraient vite compris que pour vendre plus, il fallait que les gens aient besoin de remplacer leurs biens. Il fallait donc trouver un moyen de limiter la durée de vie des objets.
L’histoire raconte que le cartel Phoebus SA, qui regroupait les principaux producteurs d’ampoules des pays industrialisés, fut le premier à mettre en œuvre ce principe. Les fabricants auraient d’un commun accord défini la norme de 1 000 heures de durée de vie des ampoules alors que les connaissances de l’époque permettaient de les faire durer bien plus longtemps. L’ampoule d’une caserne de pompiers au Canada est citée comme preuve absolue : elle brillerait sans discontinuer depuis 1901 !
Pour les détracteurs de la société de consommation, l’obsolescence programmée serait le mal du siècle, et les consommateurs les victimes. Dans un rapport de 2010, les Amis de la Terre constataient que « la durée de vie moyenne des produits diminue ». Mais ce n’est pas si simple. Certes, il existe de multiples exemples de cas où les industriels auraient pu dépenser un ou deux euros de plus pour installer des composants facilement remplaçables en cas de casse ou prévoir des systèmes faciles à réparer. Pour autant, pas sûr qu’il faille vouer un culte à tout frigidaire qui fête son demi-siècle d’existence. Des progrès ont été faits : les frigos modernes sont par exemple nettement plus économes en matière de consommation d’énergie.
Reste une forme d’obsolescence très répandue, celle qui nous fait certainement le plus consommer : l’obsolescence subjective. L’arrivée continue de nouveaux produits nous fait penser que les nôtres sont ringards, dépassés, démodés. Sur le marché des équipements électriques et électroniques, l’offre abonde et les consommateurs succombent. En 2010, un Français en consommait six fois plus qu’en 1990 !