Êtes-vous philosophe ?
En France, le philosophe est quelqu’un qui est diplômé en philosophie. C’est une distinction valorisée, qui repose sur une somme de connaissances théoriques. Dans la Grèce antique, le philosophe était quelqu’un qui recherchait la vérité et la sagesse. Je dirais donc que je suis philosophe au sens de la Grèce antique : je me pose des questions, je suis en chemin, je cherche à me connaître. J’essaie d’avancer, mais ce n’est pas facile !
Sandro, le héros de votre livre, part en Amazonie pour inculquer des principes comme la jalousie ou l’égocentrisme à un peuple connu pour être le plus épanoui de la Terre. Pourquoi ?
Sandro pense que ce peuple est responsable de la mort de sa femme. Il ne supporte pas de savoir que ses membres continuent à vivre heureux alors que lui est privé d’un être qui lui était cher. Sa vengeance est froide et calculée : il veut les rendre malheureux en leur inculquant un mode de pensée qui, étonnamment, est très proche de celui de nos sociétés occidentales…
Ce peuple amazonien est-il une utopie ?
Ce n’est pas une utopie, c’est un peuple primitif, en harmonie avec la nature. Aujourd’hui, il n’y a presque plus de peuples primitifs. Mais dans le passé, nous avons été comme eux. Je ne sais pas quand la coupure a eu lieu, mais une chose est sûre : notre relation à la nature a été perdue. Edgar Morin parle des conséquences de cette rupture lorsqu’il explique que l’homme se voit en dehors du monde et de la biosphère, qu’il cherche à la dominer et à l’asservir. Mais il ne voit pas qu’en détruisant la nature, il se détruit lui-même.
Vous insistez aussi sur la place de l’autre dans notre écosystème.
Oui, l’autre fait partie de notre environnement. Se couper de la nature, c’est aussi se couper des autres.
La peur, dont il est question dans le livre, est-elle la conséquence de ce lien rompu ?
Tout à fait. Parce que l’on s’est séparé de la nature, et donc des autres, on a peur, peur de ce qui peut arriver. Si l’on vit avec l’autre, on ne peut pas avoir peur.
La confiance est donc la solution ?
On peut travailler sur la peur, mais il est plus facile et plus efficace d’aller vers quelque chose de positif que de chercher à se débarrasser de quelque chose de négatif. Une solution est de s’éveiller à la conscience de la beauté du monde. Aujourd’hui, la plupart de gens agissent sans voir les autres ni la nature. Il s’agit de deux éléments à mettre au service de notre objectif ou à évincer s’ils représentent des contraintes. Il faut apprendre à porter un regard différent sur le monde qui nous entoure, un regard plein d’amour, et donc de confiance. Quand la beauté nous touche, la peur s’évapore.
Y a-t-il quelque chose de plus grand que nous, qui nous dépasse ?
Pour moi c’est une évidence, même si on ne peut pas le prouver. En fait, j’espère qu’il y a quelque chose qui nous dépasse. Je ne pourrais pas accepter une vision purement matérialiste de ma vie. Ce serait une tragédie d’imaginer que je ne suis que matière et que mon passage sur Terre n’est que matériel. Si l’on accepte l’idée que quelque chose nous dépasse, nous ne somme plus dans le matériel, on peut donner un nouveau sens à sa vie. Ça devient très positif et à l’opposé même de la tragédie !
Marc-Aurèle est très présent dans le livre. Son message vous parle-t-il ?
Marc-Aurèle me parle énormément. D’une part, j’apprécie la personne : il était philosophe et engagé au plus haut point dans la vie de la cité puisqu’il était empereur. Son obsession était de vivre en philosophe même dans des circonstances dures. Il s’interrogeait à tout moment sur le sens de ses actes. D’autre part, son message me semble remarquablement d’actualité par rapport aux besoins de notre société contemporaine. C’est un antidote à la situation actuelle, il gagnerait à être connu.
Vous considérez-vous comme un passeur ?
C’est exactement ça ! Je ne suis pas chercheur, je n’ai pas développé de théorie, je n’ai rien inventé. J’aime passionnément transmettre et expliquer, rendre les choses simples et accessibles. Je le considère presque de l’ordre d’une mission. Je suis convaincu que chacun a des dons et des talents qu’il doit mettre au service d’une mission.
À chacun de trouver sa place, donc ?
Oui, mais c’est loin d’être facile. Il faut se défaire d’une partie de son égo et de son mental. On peut avoir plein de raisons de partir dans une direction de vie ou de carrière qui ne correspond pas à notre mission. Il y a un aspect technique pour aider à se libérer de son conditionnement, comme la PNL (Programmation neuro-linguistique ndlr). Mais il faut aussi réussir à se libérer de son égo, et ça, c’est une autre paire de manches ! Il faut tourner son attention sur l’autre, sur son être et son essence. Eckhart Tolle le dit bien : quand on s’ouvre à son être, on se libère de l’égo.
Quel sentiment espérez-vous que ce livre aura sur ceux qui le lisent ?
Beaucoup de gens n’ont pas conscience d’être malheureux. Certains continuent de courir après des illusions à travers l’accumulation d’acquisitions matérielles. D’autres commencent à réaliser que ça ne nourrit pas et qu’ils ne pourront jamais avoir tout ce qu’ils veulent sur le plan matériel. J’espère que ce livre incitera ses lecteurs à chercher sur un autre plan. Ce serait non pas un retour en arrière, mais un progrès, une évolution vers plus de connexions avec les autres, la nature et la biosphère qui nous entoure.
La nature est vraiment importante pour vous…
Oui, j’ai toujours ressenti que ma place était dans la nature. Quand je suis entouré de béton, je me sens coupé de quelque chose de vital. La nature m’apaise et me ressource.
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