Vendredi 23 décembre 2005, 18h : l'échographie de la deuxième grossesse de ma femme révèle qu'il n’y a pas un, mais deux enfants. À l’écran, l'un fait deux fois la taille de l’autre, et la manière dont le médecin nous en parle me fait penser que l’un est trisomique, et que l’autre va mourir avant la naissance prévue à la mi-juillet. À la mi-janvier, nous apprenons qu'ils souffrent du syndrome transfusé-transfuseur : l’un prend le sang de l’autre, la survie des deux est menacée.
Je me forme depuis longtemps en parallèle
Heureusement, 28 échographies plus tard, le 1er juin, les jumeaux naissent tous les deux à 7 mois. Ils sont tout petits (1,2 kg et 1,9 kg), mais n'ont pas besoin de réanimation respiratoire ou néo-natale. Nous soufflons et sommes tout au bonheur de leur présence. Suivent alors de longs mois à 15 réveils en moyenne par nuit, mais ils sont vivants, alors cela vaut la peine !
Professionnellement, à cette époque, j'occupe une fonction que je maîtrise et c’est tant mieux : j’ai bien trop à faire à la maison et je ne peux pas être sur tous les fronts à la fois. Quand mon patron m'annonce une réorganisation quelques mois plus tard et me propose un poste qui ne me permet pas de déployer mes compétences, je décide immédiatement de partir. C’est irrévocable. Je m’entends me dire intérieurement que "ma place n’est pas ici".
Le départ prend plus de temps que prévu, mais ce n’est pas grave. Sorti d’école de commerce en 1996 en marketing, je me forme en parallèle depuis 2000 en analyse transactionnelle et autres approches psychothérapeutiques, suivant mon rêve d’enfant d’aider les autres par la parole.
Quelques mois plus tard, je pars enfin et me lance en indépendant... avant de réintégrer le monde du marketing high-tech sur un coup de cœur professionnel. Je suis content, je me dis que cela va me permettre de faire un métier que je connais bien et de financer la fin de ma formation de psychothérapeute.
Nouvelle réorganisation, nouveau déclic
Mon travail se passe bien mais, mon projet d’installation en tant que thérapeute toujours en tête, je le fais avec plus de recul. Pendant deux ans, je continue mes formations assidument les week-ends et certains soirs.
Puis je fais le pas de cumuler dans un premier temps 2 emplois : directeur de la stratégie et thérapeute. Je m’installe dans un lieu où je peux recevoir des patients et j’adore ça, eux reviennent - c’est bon signe. Je reçois le soir et le week-end, j’ai toujours un temps-plein par ailleurs, comme mes clients. Nous avons les mêmes horaires, au final !
Lorsqu'une réorganisation se profile dans mon entreprise, j'hésite. Rester ? Partir ? Repousser encore ce projet d’être thérapeute et continuer à recevoir le soir et le week-end ?
Oui, mais non. Aider par la parole est une envie sérieuse et profonde qui date de mes 8 ans. À cette époque, mon meilleur ami est mort du cancer. Il avait mon âge. J’ai alors fréquenté des psys qui m’ont aidé et j'ai trouvé que c’était un très beau métier, que je voulais faire plus tard. Pour cette raison, je décide de sauter le pas, et surtout de ne plus me mentir.
Envie d'organiser un TEDx
Parallèlement, l’idée d’organiser un TEDx résolument centré sur l’humain est devenue une évidence, d’une clarté totale dans mon esprit. C’était hors cadre, je n’avais jamais fait cela avant, c’était en plus de tout le reste, mais le fait de ne plus me mentir a confirmé cette envie.
Aujourd’hui, je suis psychothérapeute, consultant, président de TEDxVaugirardRoad, tout cela avec enthousiasme. Ce que je fais n'entre pas dans les cases et cela tombe bien. J’ai toujours aimé mélanger les compétences, apprendre de tout sur tout, croiser les regards et les approches, aider quand je le peux, rencontrer des personnes passionnées, partager toujours, diffuser des idées et tout cela afin de permettre de faire que ce soit mieux après qu’avant. Et en plus, ça marche.
Au final, quand je regarde cette évolution, je n’ai pas le sentiment de m’être reconverti, plutôt celui d’avoir fait une dé-conversion. D’être sorti d’un mode de fonctionnement qui n’était plus le mien. Et surtout, surtout, je suis à ce jour plus heureux que je ne l’ai jamais été.
> Le site du TEDxVaurigardRoad
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