Samedi a eu lieu à Paris un colloque innovant : « le défi des femmes aujourd’hui », une invitation à réfléchir à comment trouver notre place en tant que femme/épouse/mère et business-woman.
Philosophes, sociologues, consultants, coachs : onze intervenants ont pris la parole devant 600 femmes et quelques hommes. Je ne peux pas reprendre toutes les interventions, mais je vous livre les éléments qui m’ont intéressée et qui nourrissent mes réflexions et actions vers notre juste place.
Hélène Bonhomme introduit la journée d’un ton pétillant en racontant son histoire, jusqu’au burn-out maternel. Elle nous présente les raisons de l’épuisement dont tant de femmes souffrent aujourd’hui en devenant mères. Pour elle, notre génération est marquée par trois sources de pression : la contraception : « cet enfant, tu l’as voulu, tu dois le réussir ! » ; la comparaison : les mises en scène des familles de nos proches sur les réseaux sociaux nous renvoient une image dévalorisante « il n’y a chez moi que ça se passe mal » ; le perfectionnisme : nous voulons à la fois être mère au foyer et brillante au travail, nous voulons des enfants aussi parfaits que notre maison, dans une quête sans fin qui donne plus d’importance au résultat qu’aux relations.
Nous ne voulons plus être dépendantes de nos maris, mais l’indépendance n’a pas non plus toujours réussi à celles qui se sont réalisées complètement en-dehors de chez elles. Hélène Bonhomme nous propose une troisième voie : l’inter-dépendance : « je dépends de toi pour quelque chose, tu dépends de moi pour autre chose ». L’interdépendance entre mari et femme, l’interdépendance entre les femmes et la société, entre le foyer et le travail, entre les différentes saisons de nos vies.
Comment y parvenir ? En travaillant à nous sentir plus libres d’oser être qui nous sommes !
C’est aussi le leit-motiv de Claire de St Lager : elle évoque la « masculinité » du monde du travail, créé par eux et pour eux, dans un rapport au temps plutôt linéaire, fait de structures pyramidales, d’organisations en séquences successives etc… Or une femme fonctionne plutôt dans une temporalité cyclique, elle est souvent multitâche, et son mode de pensée inclut plusieurs plans en permanence. Pourquoi alors vouloir singer le modèle des hommes pour s’épanouir ?
Si les hommes s’épanouissent dans la performance, dans quoi s’épanouiraient les femmes ? Dans l’harmonie ? Notre génération a devant elle ce grand challenge de trouver comment habiter sa place de femme. Claire de St Lager recommande aux femmes qui souhaitent répondre à cette question existentielle de commencer par trouver leurs besoins et désirs profonds, et de s’y raccorder.
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C’est une idée sur laquelle s’appuie Marie Oliveau dans son activité de recruteur de profils « atypiques » : pour elle, chaque entreprise a des besoins spécifiques, et chaque personne peut avoir des souhaits différents. Travailler trois jours par semaine quand on est comptable ? Trouver, pour une entreprise qui démarre, une assistante qui travaille à distance quelques heures par mois ? Marie jongle avec le temps de travail, le lieu de travail et le statut professionnel, pour arriver toujours plus près des besoins des uns et des autres. Car pour elle, notre façon de travailler est à créer pour chacun et chacune d’entre nous.
Séverine Hibon aussi a eu à trouver une façon de vivre adaptée à ses contraintes : mariée à Jean-Baptiste, infirme moteur cérébral, rapidement à la tête d’une famille de trois enfants, elle se demande « comment vais-je réussir à tout faire sans m’y noyer » ? Elle raconte, avec son mari, comment c’est bien lui qui l’a aidée à répondre à cette question. En l’observant fabriquer un « tire-bouton » en déformant un vieux fouet de cuisine pour arriver enfin à faire ses boutons de chemise malgré son handicap moteur. En le voyant faire « mieux avec moins ». En s’obligeant, elle aussi, à retourner à l’essentiel. Sur le plan matériel comme sur le plan organisationnel. Et en tâchant, chaque fois qu’elle le peut, de regarder la contrainte comme une opportunité.
Cette façon de faire semble leur avoir réussi, pleins d’une belle entente et d’humour sur cette scène, et leur fait nous dire, finalement : « cherchez toujours comment passer du destin (subi) à la vocation (choisie) ! »
Plus tard, un économiste est intervenu, puis deux philosophes, dont je ne pourrai rapporter les propos de façon synthétique ici. Mais ce que je retiens de cette journée, ce sont trois mots qui sont revenus dans la bouche de chacun des intervenants.
Si tous s’accordaient pour dire que le féminin est à réinventer à notre époque, les mots sur lesquels s’appuyer pour trouver, chacune, notre place de femme, notre façon d’incarner nos féminités diverses, ont été ceux de CHOIX, de CREATION, de RESPONSABILITE.
Alors ne plus se mettre dans la position de subir, mais devenir responsables de nos actes et oser faire des choix créatifs pour habiter notre façon d’être femme : quel programme enthousiasmant pour chacune d’entre nous !
Plus d'infos : ledefidesfemmesaujourdhui.com
L'auteur : Valérie de Minvielle est psychologue clinicienne. Après 20 ans d’expérience en psychologie clinique et art-thérapie, elle a fondé en 2015 « ma juste place », une méthode d’accompagnement personnalisé pour les femmes qui veulent trouver leur équilibre et se sentir à leur juste place dans leur vie de couple, en tant que mère, et dans leur vie professionnelle et sociale. Valérie anime également des formations à la connaissance de soi dans plusieurs instituts de formation et établissements scolaires, en France et en Belgique. La joindre sur majusteplace.com et sur sa page facebook.com