Cet article est un extrait du livre Comment j'ai appris la simplicité de Satish Kumar paru aux éditions Robert Laffont.
L’apprentissage n’est pas une course contre la montre : c’est un lent processus de découverte qui n’aboutit qu’avec la participation pleine et entière de l’apprenant. Il ne peut porter ses fruits que dans une atmosphère de confiance. Une atmosphère détendue : l’élève doit pouvoir s’initier à son rythme, de manière simple et progressive. On n’apprend pas pour réussir aux examens et obtenir de bonnes notes, mais pour s’épanouir et se réaliser.
Par ailleurs, l’apprentissage ne se limite pas aux heures passées entre les quatre murs d’une salle de classe : nous apprenons de la vie à chaque instant. L’instruction « formelle », livresque, s’ajoute à l’instruction de la vie transmise par des modèles, par des proches, par des amis, mais aussi par nos propres expériences et notre contact avec la nature.
Notre société accorde peut-être trop d’importance au « niveau d’études ». Pourtant, Jésus n’était pas diplômé de la faculté de théologie et Bouddha n’avait pas obtenu un master en méditation ! Certes, les titres et les formations académiques ont un rôle à jouer dans la construction sociale, comme dans celle de l’individu. Pour autant, ne leur accordons pas une importance démesurée – et, surtout, ne méprisons pas ceux qui, comme Jésus et Bouddha, en sont dépourvus.
L’apprentissage de la simplicité, comme tout apprentissage, est d’abord une œuvre holistique, globale. Y a-t-il d’ailleurs une seule discipline qui échappe à cette règle ? La science, l’économie, la philosophie, l’anthropologie, la psychologie, le maraîchage ou encore l’horticulture ne peuvent s’appréhender sérieusement sans tenir compte de leurs relations et interconnections respectives et, plus largement, du monde auquel elles s’adressent et du contexte plus large dans lequel elles se placent. Aucun sujet ne peut être abordé de manière restrictive !
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Une formation holistique combine l’étude, le travail manuel, la contemplation et les activités créatives. Elle incite à se remettre en question. Et, de ce fait, à vouloir aussi changer le monde – ou, du moins, à réfléchir aux moyens de le faire. À vouloir se mettre au service de la communauté, de la société et de la nature.
Je supplie les jeunes que je croise – y compris, bien sûr, les diplômés du Schumacher College – de ne pas intégrer une entreprise où ils seraient contraints d’abandonner leur vision holistique de l’existence, mais de créer leur propre structure pour vivre en accord avec leurs principes et les faire fructifier. Il existe tant d’opportunités !
Ceux qui ont suivi mes conseils ont ouvert des librairies, des restaurants ou des épiceries bio, ils sont devenus maraîchers, jardiniers, écrivains ou journalistes indépendants. Beaucoup, et j’en suis tout aussi heureux, travaillent à la conception et à la mise en œuvre des programmes de l’ONU pour lutter contre les changements climatiques, tandis que d’autres ont fondé des ONG engagées dans la protection de l’environnement, ou rejoint des ONG existantes, comme Les Amis de la Terre, Greenpeace ou Oxfam. Quel que soit leur parcours professionnel, ils s’emploient à être des acteurs du changement. Ensemble, ils contribuent à faire de notre planète un bien protégé et partagé, à minimiser l’exploitation de l’homme et de la nature, et à maximiser la spiritualité, la simplicité et la durabilité.
Comme eux, vivons ! Apprenons à vivre sobrement, comme un artiste, comme un karma yogi ! Il y a une grande différence entre celui qui travaille pour gagner sa vie et celui qui exerce un métier qu’il aime vraiment et dans lequel il s’épanouit. La rémunération passe alors au second plan: comme chacun d’entre nous, cette personne a besoin d’argent, mais elle ne travaille pas uniquement pour en gagner. Et, sans même s’en rendre compte, elle réduit son empreinte écologique, œuvre pour la Terre et pour demain.
Le livre :
Cet article est tiré du livre Comment j'ai appris la simplicité de Satish Kumar, paru aux Editions Robert Laffont.