Toute épreuve est un choc qui, selon sa nature et son impact, secoue notre être profond, notre confiance et nos habitudes. L’épreuve remanie ou casse des liens et souvent, crée du vide : un fauteuil vide, des journées vides ou tout simplement un vide de force et de sens. Ceci est vrai en France comme en Chine.
La crise : un danger et une opportunité
Tout d’abord l’idéogramme « crise » en chinois est associé à deux notions opposées pour nous, celle du danger d’une part et celle de l’opportunité de l’autre. Le choc, source de sidération et de douleur, est aussi vu comme porteur d’un message et d’une ouverture ultérieure. Celle-ci, invisible sur le moment, finira par se présenter. Cette perspective est inédite en Occident où l’épreuve est vécue comme une impasse, une malchance ou une malédiction.
Lorsque je me suis trouvée anéantie par le virus en Janvier 2020, à un moment où nous n’imaginions pas qu’il puisse sortir de Chine et qu’un confinement allait s’imposer, l’annulation en série de mes engagements et conférences a été une catastrophe, couteuse et incomprise. Luttant pour ma respiration, la mort s’est profilée avec la nécessité absolue de faire confiance à un ténu fil de vie, sans savoir où il allait me mener. Au plus fort de la fièvre s’est imposée une évidence qui me demandait de reprendre l’écriture. Ceci n’avait aucun sens. Je venais de publier un 2ème livre et la priorité était à la reprise des consultations. Incapable de lutter, je me suis abandonnée à cette information, ne sachant pas où elle allait me mener. Un an plus tard, sortait Debout, la force de s’incarner en librairie, un livre qui n’aurait jamais vu le jour sans l’énorme remue-ménage de la maladie. J’ai compris avec le recul qu’il n’était plus temps de retarder un message d’urgence pour transformer nos modes de vie. Les postures vertueuses au service de notre survie et celle de la planète n’étaient plus une option laissée aux générations à venir.
La vie du côté du mouvement
Une deuxième différence est la valorisation de la présence à l’instant en toute chose par la respiration et la pratique régulière de gymnastique de santé. Le corps et son bon fonctionnement – pensez sommeil, alimentation, digestion et mouvement – sont essentiels à la santé. Nous avons tous vu ces personnes, y compris âgées, pratiquer ensemble le Qi gong ou le Tai qi dans les grandes villes chinoises. Un corps qui bouge, même légèrement, tous les jours, permet l’élimination des toxines physiques et émotionnelles. Nous dirions aujourd’hui que le mouvement libère des endomorphines et, tout simplement, fait du bien. Lorsqu’une hygiène de vie est en place, chaque jour, les épreuves ont moins d’impact sur notre système immunitaire et notre état émotionnel. Ceci parait simple et pourtant c’est une clé essentielle de l’énergétique chinoise.
Or, lors d’une épreuve, l’effet de désorientation, de douleur et de fatigue, nous amène souvent à nous replier. Si l’arrêt et la pause sont nécessaires au processus de deuil et de guérison, une immobilisation trop longue est un piège qui retarde le retour à la vie sociale, professionnelle et affective. Lorsque nous revisitons sans cesse l’épreuve, la ressassant, la racontant encore et encore, nous avons en quelque sorte « les pieds dans la tête ». Cette inertie, indispensable pendant un temps, finit par nous isoler et décourager ceux qui cherchent à nous remettre dans le flux de la vie.
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Dans l’approche énergétique chinoise, la vie est clairement du côté du mouvement. Être en vie c’est bouger, mettre un pied devant l’autre, et favoriser ainsi la circulation de l’énergie dans le corps. Si le corps bouge, les pieds sortent de la tête et nous gambergeons moins. Notre corps reprend de la force jusqu’au jour où un rayon de soleil nous fait signe. Arrive toujours un moment où les nuages font place au soleil. Un jour, nous acceptons de nous redresser et de nous mettre Debout, enrichis d’une cicatrice certes mais aussi d’une force insoupçonnée auparavant.
En attendant, acceptons de laisser passer du temps sans comprendre le sens d’une épreuve qui n’en a pas encore. Ne décidons pas trop vite que l’univers nous en veut et tentons, chaque jour, ne serait-ce que quelques minutes par jour, d’écouter les messages que nous envoie notre corps et les activités, nourritures et personnes qui nous donnent de la force. Evitez de confondre douleur et vulnérabilité. Le temps viendra où vous vous redresserez.
L'autrice
Marie-Pierre Dillenseger décode le temps et décrypte l’espace comme un acupuncteur lit un pouls. La levée des secrets, le décodage des loyautés invisibles et le timing dans le traitement de l’infertilité font partie de ses spécialités. Son objectif est l’autonomie individuelle, la posture efficiente et la pertinence décisionnelle.
Le livre :
Debout, la force de s’incarner paru aux Mama Editions, est son troisième ouvrage après Oser s’Accomplir : 12 clés pour être soi paru aux mêmes éditions, et La Voie du Feng Shui : Chevaucher le temps, Apprivoiser l’Espace, Trouver sa place paru aux Inter Editions.