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Féminin sacré

Féminin puissant : oser sa vulnérabilité pour reprendre le pouvoir

déployer sa puissance de femme
" Lorsque nous osons ressentir notre vulnérabilité, une forme de retournement sur nous-mêmes s’opère. "
David Hofmann/Unsplash
Camille Sfez
Camille Sfez
Mis à jour le 25 février 2021
Après la quête du bonheur, celle d'un féminin plus affirmé est devenue prioritaire pour "changer le monde". Pourtant les ressorts de notre puissance sont si différents de nos représentations mentales qu'il est nécessaire de l'envisager autrement que par la force. 

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Cet article a été publié dans le magazine #28 avril-mai 2020

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Ces dernières années j’ai rencontré beaucoup de femmes qui cherchaient à déployer leur puissance. Souvent, elles avaient construit une vie qui leur plaisait, alliant leur carrière avec un certain équilibre personnel, mais tout s’était fait « en force » : avec beaucoup de volonté et une bonne dose d’oubli de soi. À travers ce mot de "puissance", elles cherchaient quelque chose de différent, sans savoir exactement ce que c’était. Comme une possibilité de rayonner en s’appuyant sur autre chose que leurs efforts. « Nous ne pouvons pas nous en servir comme d’une arme à feu, dit l’écoféministe Joanna Macy, nous ne pouvons pas mesurer sa quantité ni sa taille. Le pouvoir est comme un verbe, il surgit à travers nous. » Mais alors, comment le faire surgir ?

"Dominer n’est plus une solution."

L’heure n’est plus aux gagnants et aux perdants, ni même aux carapaces. La domination n’est plus une solution, nous sommes invitées à faire surgir notre capacité à agir et à la déployer en alliance avec quelque chose de plus grand. Certaines appellent cette transcendance leur être profond, leur âme, Dieu, Gaïa, la Source, peu importe, de plus en plus nous comprenons que devenir pleinement humain se fait en accédant à notre grandeur, à cette dimension qui paradoxalement nous échappe.

Oser la vulnérabilité

Il est vrai que certains construisent encore des armures pour s’anesthésier, que d’autres développent un perfectionnisme qui met à distance la perte de contrôle. Même si ces mécanismes sont rassurants et parfois confortables, ils demandent de l’énergie et conduisent souvent à de la rigidité. Oser ressentir sa vulnérabilité est étonnamment ce qui peut permettre d’installer cette puissance « comme un verbe ».

>> A lire sur FemininBio "La puissance du féminin" : entretien avec Camille Sfez

Tout d’abord, nous devons nous rappeler que nous sommes tous, hommes et femmes, vulnérables. C’est notre condition d’humains sensibles, à chaque instant potentiellement blessés par l’autre ou par les évènements. Quand nous osons être vulnérables, nous n’avons plus besoin de tenir ces protections et pouvons dire « je n’y arrive pas », « quand tu dis ça cela me blesse », « j’ai peur de ne plus compter pour toi » ou, comme le dit Brené Brown, auteure du Pouvoir de la vulnérabilité, nous osons dire je t’aime en premier.

À ce moment-là, nous nous montrons à l’autre et en même temps nous nous prenons en charge. Accueillir cette vulnérabilité c’est commencer à sortir de la dépendance. L’image que j’aime partager est celle du tableau de Picasso, L’enfant et la colombe, où l’on voit un jeune garçon, l’oiseau dans les mains. Cette colombe est notre cœur, lorsque nous nous autorisons à voir qu’il bat et qu’il ressent, nous pouvons alors le prendre dans nos bras.

Regarder ses ombres

Faire l’expérience de notre vulnérabilité nous met face à nos ombres, les parties de notre être que nous avons mises de côté, comme dans un grand sac à dos, en croyant qu’elles n’étaient pas convenables : la colère, les larmes, l’incapacité à pardonner, l’extravagance, etc. Ces possibilités deviennent inconscientes, il nous est impossible de les reconnaitre nôtres et nous nous construisons en les projetant sur les autres. Ils sont alors les incarnations des aspects négatifs ou positifs de notre personnalité non reconnue.
Le sac à dos devient si lourd que continuer à le porter mobilise une grande partie de notre attention, même si nous n’en avons pas conscience.

Lorsque nous osons ressentir notre vulnérabilité, une forme de retournement sur nous-mêmes s’opère, une metanoia qui bouleverse notre manière de penser : nous nous retrouvons face à nos ombres et ce qui nous arrive n’est plus uniquement la conséquence d’évènements extérieurs mais aussi le reflet de notre intériorité. Le sac à dos s’ouvre et laisse émerger des morceaux de puzzle qui nous constituent. Le champ des possibles se révèle immense, puisque l’adversaire n’est pas l’autre mais ces ombres que nous devons embrasser. Les nommer, les faire cohabiter dans une nouvelle définition de nous-mêmes, faire la paix sont autant de processus qui permettent ce darshan, cette étreinte salvatrice avec ce qu’on croyait être un dragon et qui s’avère être la possibilité de devenir pleinement nous-mêmes.

Devenir « terre d’accueil» pour la musique du monde

Dans ce retournement intérieur, en abandonnant le contrôle, nous mettons finalement un genou à terre. Personne n’est parfait, nous n’avons plus besoin de faire semblant. Mais alors, si certaines choses m’échappent c’est peut-être parce que ma volonté n’est pas la seule à l’œuvre ? Nous en faisons tous l’expérience, face à la beauté d’un paysage ou à l’intensité d’une émotion qui nous met hors de nous-mêmes. Nous nous oublions, nous ne sommes plus que sensation, expérience, regard. Qui tient les rênes à ce moment-là ?

"Personne n’est parfait, nous n’avons plus besoin de faire semblant."

Christiane Singer parle de notre capacité à « livrer passage», à nous faire « terre d’accueil » pour que le réel nous traverse. Oublier ma volonté, mes objectifs, mes jugements et faire pleinement l’expérience de l’instant présent, avec tendresse, comme un enfant absorbé dans son jeu. Dans ma pratique avec les femmes je cherche à convoquer ces expériences où d’une certaine manière nous sommes éjectées de nous-mêmes, prises par quelque chose de plus grand. J’ai découvert ces sensations dans la prière ou dans le chant spontané avec Christophe Boyer, la perte de contrôle qui laisse chanter une mélodie que je ne connaissais pas. Celle qui, si je lui fais confiance et m’en remet à elle, m’emmène bien plus loin.

>> A lire sur FemininBio Sexualité épanouie : se connecter à son féminin sacré

Heureusement, nous n’avons pas nécessairement besoin de pratiques pour accéder à ces états, tous les amants le savent. Mais que se passerait-il si nous nous levions chaque matin en mettant un genou à terre, nous inclinant face à la puissance de notre cœur et en disant « Que ta volonté soit faite » ? Est-ce que nous serions capables de laisser cette puissance circuler comme un verbe, comme une musique qui serait jouée à travers nous ? Parce que ce pouvoir-là est sans limite nous devons nous poser la question.

Notre experte

Psychologue, auteure de La Puissance du féminin (éd. Leduc.s), Camille Sfez anime des cercles de femmes depuis 2011 et y propose rituels et travail d'art-thérapie.

 

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