Cet article a été publié dans le magazine FemininBio #24 août-septembre 2019
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La première fois que j’ai mis les pieds dans une tente rouge ou un cercle de femmes, c’était au Festival international de Yoga Kundalini. Il y avait à la lisière de la forêt une tente que les gens appelaient "The women’s tent". Je n’avais aucune idée de ce que c’était, mais à l’intérieur c’était rouge, il y avait des coussins partout et un autel avec des fleurs.
Je suis allée à une cérémonie, nous étions peut-être 25 ; celle qui animait avait un certain âge. Elle a commencé par chanter et danser en appelant des "déesses de direction". Je me demandais vraiment ce que je faisais là. Puis elle nous a invité à nous asseoir et à partager chacune notre tour l'histoire de nos premières règles. C’était un moment magique et en dehors du temps.
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Pour certaines c’était un bon souvenir, d’autres ont pleuré.
Je me souviens avoir été surprise que l’animatrice partage aussi son histoire, elle qui devait avoir l’âge de ma grand-mère. À la fin elle nous a appris un chant très simple. Des frissons et des larmes me sont venus. Pendant cette semaine-là, je me suis sentie reliée à chaque femme avec qui j’avais partagé un bout d'histoire. Une sorte de complicité quand nos regards se croisaient par hasard pendant le reste de cette semaine. Pourtant je ne connaissais aucune de ces femmes, aucun prénom, et je ne les ai plus jamais revues. C’est cela ma première expérience de la sororité.
Puis les cercles de femmes sont vraiment entrés dans ma vie au moins une fois par mois. J’ai testé avec différentes facilitatrices, différentes influences aussi (chamanisme, sagesse amérindienne ou inspiré du mouvement de la "Tente rouge"). J’y ai toujours retrouvé la même médecine de la parole qui ne cesse de m’émerveiller.
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Certains cercles me font vraiment grandir, travailler et cheminer, surtout quand j’y retrouve des femmes que je connais, ou bien quand j’ai choisi de m’engager à y aller régulièrement. D’autres agissent comme des béquilles.
Il m’est arrivé de "débarquer" au dernier moment à un cercle parce que je ressentais le besoin de déposer ma parole, de vider mon sac et d’être entendue par d’autres que ma psy ou mon mari : pas de jugements, pas de conseils, pas de regards accusateurs ou jugeants. Seulement de l’écoute et du respect, et aussi une gratitude incroyable pour le cadeau que ces femmes me font et que je leur fais de mon histoire.
Nos histoires sont des miroirs, qui s’emmêlent sans cesse, se répondent les uns aux autres à chaque cercle. Et c’est sans doute cela la plus grande magie de la sororité.