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Ma grossesse végétale : témoignage de Julie, du blog Working Mama

Julie Working Mama
Julie, du blog "Working Mama" a adopté une alimentation végétale pendant sa grossesse et son allaitement. Photo : Têt'Art Photographie
Têt'Art Photographie
Audrey Etner
Audrey Etner
Mis à jour le 25 février 2021
Sur son blog "Working Mama", Julie met sa plume au service de sa vie de maman, qui inspire ses nombreuses lectrices. Sa communauté se passionne pour ses billets sur le maternage, l'éducation non-violente et l'alimentation végétale pour parents et enfants. Pour FemininBio, elle témoigne sur sa grossesse, son allaitement et ses enfants végétariens.

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Un bandeau de blog aux douces tonalités pastels représentant Julie allaitant sa fille Lou, aujourd'hui deux ans et demi, et le ton est donné. Julie est l'auteur du blog "Working Mama", lieu d'échanges et de partages sur ses sujets de prédilection : le maternage (dont l'allaitement, le portage, le cododo etc.), l'éducation non-violente et aussi le DIY et les recettes gourmandes.

Julie et son compagnon viennent d'agrandir à nouveau leur jolie famille, en donnant naissance à un petit garçon, Marin. Elle a mené cette grossesse différemment de la première, notamment en adoptant une alimentation végétarienne puis végétalienne au dernier trimestre. Julie a répondu à nos questions sur sa "grossesse végétale", comme elle la qualifie elle-même. 

FemininBio : Vous êtes en chemin vers une alimentation 100% végétale. Vous souvenez-vous de ce qui  vous a motivé à arrêter de consommer des produits animaux ?

Julie, du blog Working Mama : La démarche a été très progressive. Il y a un peu moins de dix ans, j'avais été sensibilisée à la question des méfaits du lait et des produits laitiers via ma mère qui avait enfin réussi à déterminer une des causes de ses migraines chroniques.

Plus tard, elle a lu le livre "Faut-il manger les animaux" de Jonathan Safran Foer, une enquête dans l'enfer de l'élevage intensif américain qui l'a bouleversée. Elle en a beaucoup parlé ensuite, revoyant assez radicalement sa façon de consommer ce genre de produits (sans toutefois arrêter, mais en diminuant drastiquement et en sélectionnant les provenances et les modes d'élevage) et ce même si les conditions d'élevage françaises (déjà très violentes pour les bêtes) restent loin de celles des USA.

J'ai récupéré ce livre et l'ai lu. Sans devenir végétarienne à l'époque, j'ai moi aussi revu ma façon de consommer viande, oeufs et poissons.

Le fait de devenir mère a-t-il eu un impact dans ce choix ? 

JWM : Tout à fait, et c'est la deuxième étape majeure de ma transition végétale. Ma première grossesse a été menée avec une alimentation carnée (viande et poisson étaient au menu de la maison trois à quatre fois par semaine environ) et une consommation quotidienne de produits laitiers (lait et fromage essentiellement; A l'époque, je consommais un pack de 6 litres de lait par semaine à moi seule!). A la naissance de ma fille, j'ai très vite constaté le lien entre ma consommation de produits laitiers et les douleurs abdominales de mon bébé après les tétées.

Sensibilisée par ma mère à l'époque (voir question 1), puis par les réseaux sociaux et certains blogs au cours de ma grossesse, j'ai de suite tenté une éviction des protéines de lait de vache de mon alimentation. Mon bébé a très vite montré des signes d'amélioration de son transit et de son état général et j'ai donc supprimé de la maison tous les produits laitiers que j'avais l'habitude de consommer afin de préserver mon bébé (il n'était pas question de stopper l'allaitement). Ce fut la première vraie éviction de produits animaux, le premier pas concret dans mon parcours vers l'alimentation végétale.

Plus tard, avec la diversification, j'ai soigneusement évité que ma fille consomme des produits laitiers de façon régulière, trop consciente à présent des méfaits qu'ils présentent sur l'organisme de l'enfant et de l'adulte. Elle a consommé - et consomme encore -  occasionnellement du fromage ou des yaourts à l'extérieur, mais de façon tout à fait exceptionnelle. Elle a très tôt découvert les yaourts et laits végétaux, qu'elle mange aujourd'hui quotidiennement et dont je ne freine pas la consommation car ce sont des produits sains, pauvres en graisse et riches en apports minéraux. Elle aime particulièrement les yaourts de soja ainsi que les laits de riz et d'avoine.

Maman d’une petite fille de 2 ans et demi et d'un garçon depuis peu, vous avez adopté une alimentation végétalienne pendant votre grossesse. De quoi est majoritairement composée votre alimentation ? 

JWM : Plus précisément, ma seconde grossesse a été végétarienne du 1er au 6ème mois (je consommais encore des oeufs) et végétalienne sur le dernier trimestre (du moins à plus de 95%, le beurre étant le seul produit animal que je ne parviens pas encore à supprimer de mon petit déjeuner, alors qu'il a disparu depuis bien longtemps de ma cuisine!). 

Falafels, gazpacho de concombres à la menthe, sauce yaourt de soja/citron, tomates et oignons. Photo : Julie Working Mama

Mon alimentation depuis est constituée, par ordre d'importance : 

  • de fruits et légumes de saison. Tout au long de la journée, crus et cuits, sans aucune autre limite que celle de ma faim. Avec l'allaitement j'ai un métabolisme qui m'impose de manger de façon très fréquente (pour ne pas dire en continu...), les fruits et légumes me permettent de satisfaire ma faim sans me faire de mal, j'en use et abuse donc sans complexes!
  • de céréales complètes lorsqu'il s'agit du blé et du riz. J'adore spécialement le couscous complet qui est une de mes envies principales de femme enceinte sur cette seconde grossesse, j'en mangeais quasi quotidiennement sur la fin! Je suis également une grande adepte de la pollenta qui se retrouve très souvent au menu.
  • de légumineuses, notamment les pois chiches et les lentilles corail, ainsi que les haricots rouge que j'aime manger en pâtés végétaux.
  • de tofu, sous différentes préparation (fumé, au basilic, au curry, mariné dans une persillade...tout dépend du contexte dans lequel je le mange) et de laits/yaourts végétaux
  • de fruits secs et d'oléagineux, en grignotage sur la journée le plus souvent. 

Comment vous êtes vous sentie pendant cette seconde grossesse, par rapport à la précédente (où vous mangiez des produits animaux) ? 

JWM : Beaucoup mieux ! Moins de boutons et moins de remontées acides notamment. Je sais également que cela a fait beaucoup de bien à mon foie qui, ayant cessé d'être sollicité pour le traitement des résidus animaux, s'est "retapé" complètement.

Lors de ma première grossesse, j'ai vécu une pathologie hépatique appelée cholestase gravidique aigüe, dûe notamment à 15 ans de contraception hormonale ininterrompue qui a beaucoup fragilisé mon foie. Ma grossesse a du être stoppée 3 semaines avant terme après un suivi drastique sur le 7ème mois. Lors de cette seconde grossesse, mon médecin et ma sage femme ont été surpris de la qualité de mes bilans hépatiques, qu'ils attendaient bien plus fragiles du fait de ma précédente maladie.

Mon médecin de famille, même si nous ne saurons jamais ce qu'il en aurait été exactement si cette grossesse avait été carnée comme la précédente, pense que c'est notamment grâce à mon nouveau régime alimentaire que j'ai pu mener cette seconde grossesse à terme sans rechute de cholestase. 

Sollicitez-vous des professionnels de la santé sur les questions d’équilibre alimentaire ? Si oui, vers quelle profession vous tournez-vous plus volontiers sur ce sujet précis de l’alimentation ? Quelles sont vos questions ? Vos doutes ? 

JWM : A moins qu'ils soient précédés d'une solide réputation et/ou qu'on me les ai recommandés personnellement, je ne consulte pas de professionnels de santé sur les questions de l'alimentation, car j'ai trop souvent constaté comme les discours peuvent être contradictoires au sein d'une même profession. Entre les différentes écoles et la pression des lobbies, on ne sait plus qui dit vrai, qui présente un conflit d'intérêt avec tel ou tel géant de l'agro-alimentaire... de fait je préfère établir mon comportement alimentaire en m'intéressant au quotidien de ceux qui pratiquent eux-même et peuvent donc témoigner directement des méfaits ou bienfaits de leurs expériences. J'apprends de leur "ancienneté" en quelque sorte.

Je double cela de lectures ciblées,mais là encore je m'en remets finalement à mon libre arbitre car les publications n'échappent pas aux contradictions et aux charlatans.

Je n'ai pas spécialement de doutes quand au bon équilibre de mon assiette, en revanche, j'écoute mon corps : si je constate que je suis en pleine forme, que je dors mieux et que ma peau n'a jamais été aussi nette notamment sur le visage (anciennement très sujet à l'acné), c'est sans doute que tout est ok question équilibre alimentaire.

A l'inverse si je me sentais fatiguée chronique ou si je commençais à perdre mes cheveux de façon inexpliquée, je me tournerais évidemment vers des professionnels compétents. 

Votre choix est d’allaiter vos enfants jusqu’au sevrage naturel. Avez-vous toujours voulu allaiter ? 

JWM : Oui. Nous étions 5 enfants, je suis la deuxième de la fratrie et j'ai toujours vu ma mère le faire, pour chacun des plus jeunes. C'est un des éléments du bagage de maternage que ma mère m'a appris dès l'enfance, je ne me suis jamais vue faire autre chose. La question du sevrage naturel est en revanche apparue plus tard, pendant ma première grossesse, et a évolué tout au long de l'allaitement de mon aînée (qui se poursuit depuis 28 mois, avec un objectif de sevrage désormais à court terme depuis la naissance du petit frère en juin dernier, le coallaitement n'étant pas une situation qui me convienne émotionnellement notamment)

Le fait d’allaiter longtemps vous semble-t-il faciliter le choix d’une alimentation végétale pour vos enfants ? 

JWM : Oui très nettement. Il n'est dès lors pas nécessaire de se poser les question des apports en calcium (terreur suprême lorsqu'on parle de végéta*isme, avec la carence en protéines, bien qu'il y ait tout ce qu'il faut en calcium et protéines dans le monde végétal...), ni de la composition des préparations pour nourrisson qui pour la plupart contiennent un ou plusieurs ingrédients issus de l'animal (le lait de vache en premier lieu...). 

Dans les médias, le végétalisme est très souvent critiqué sur les périodes de la grossesse, de l’allaitement et de l’enfance, dites "à risque" (pour la croissance, le développement etc). Sur votre blog, vous parlez souvent de votre démarche. Comment réagissent vos lecteurs en général ? Quelle est votre réponse à cela ? 

JWM : Le principal problème des médias généralistes est à mon sens qu'ils ignorent de quoi ils parlent. Tout simplement parce que dans notre culture française de la gastronomie où pas un plat n'est exempt de viande ou de poisson, évoquer le végéta*isme revient pour 90% de la population à ne manger que l'accompagnement.

Dans l'imaginaire culturel français, être végéta*ien c'est manger la même assiette que tout le monde mais sans la viande (quelle tristesse ce serait dans ce cas!). Et là, effectivement, on pourrait avoir rapidement d'assez gros soucis à ne se nourrir que de pâtes, de riz, de patates et de quelques légumes d'ornement dans les moments de notre vie où le corps a les plus gros besoins (je caricature, mais les accompagnements habituels, hormis si l'on mange dans un bon restaurant, restent quand même assez redondants).

Si l'on accepte de constater que manger végé c'est manger complètement différemment et utiliser des ingrédients de l'alimentation omnivore PLUS des dizaines d'autres que les omnivores délaissent et ne connaissent souvent même pas (quel omnivore connait l'algue kombu, les flocons de millet, la farine de pois chiche ou encore la crème de riz complet, les pâtés végétaux, le seitan ou le tofu soyeux? Très peu! ), alors il n'y a plus de problèmes. Les horizons culinaires et gustatifs sont extrêmement riches et variés dans l'alimentation végé, et je pense que c'est sur cet angle qu'il faut aborder la discussion.

Sur le blog, le lectorat s'il n'est pas végétarien (ce n'est pas le sujet principal du site) est au moins assez ouvert et curieux, nous avons souvent l'occasion de discuter de ce régime alimentaire notamment avec la communauté de la page Facebook.

C'est surtout dans la vie quotidienne que les questions se posent, et ma réponse est d'abord de faire découvrir concrètement ce que c'est que manger végétarien avant de partir dans de grandes analyses comparatives sur les apports protéiques. Je préfère ouvrir la curiosité avec un plat de délicieux falafels plutôt qu'avec un tableau nutritionnel !

Sur votre blog, vous prônez une éducation non violente, une nourriture saine et à tendance végétale, un comportement citoyen etc. Vous sentez-vous en cohérence avec vos valeurs aujourd’hui ?

JWM : Oui, du moins la plupart du temps, on n'est pas des machines... J'essaye d'agir et d'organiser mon quotidien pour être en adéquation avec ces valeurs, je fais des choix qui me permettent de continuer à poursuivre ces objectifs. Mais ce n'est pas forcément simple, ni sans accrocs, on apprend aussi de nos erreurs qui permettent d'ajuster le tir et de recommencer...l'important n'est pas de tout réussir selon moi ou de ne pas rencontrer de failles, mais d'agir en conscience.

La conscience des choses, c'est pour moi ce qui permet de garder le cap. Si je suis consciente de ce qui me pousse au végétarisme, il me sera plus facile de m'y tenir. Si je suis consciente de ce qui me pousse à opter pour une éducation non-violente, je laisserai moins de place aux réflexes traditionnels, etc. Il arrivera forcément qu'on s'écarte du cap de temps à autre, volontairement ou pas, la vie n'est pas un long fleuve tranquille.

En ce moment nous sommes en plein dedans à la maison, avec l'arrivée de son petit frère ma fille s'est transformé en tornade hurlante qui tape, mord, s'oppose à tout et à chaque seconde. Malgré tous nos efforts nous n'avons jamais autant crié que ces dernières semaines, mais je suis consciente que c'est tout sauf une solution alors en parallèle mon cerveau turbine sans cesse pour nous sortir de là et retrouver la bienveillance qui nous liait il y a encore peu de temps.

Savoir vers quoi on tend de façon générale me semble être le plus important et la meilleure façon de toucher l'objectif du doigt, rien qu'un peu! 

Votre démarche va-t-elle au delà de l’alimentation ? Êtes-vous en route vers le véganisme ?  

JWM : Véganisme je ne sais pas, car cela me semble très compliqué à respecter concrètement au quotidien tant l'exploitation animale est partout et bien au delà de l'alimentation. J'admire le concept de ce mode de vie et y adhère d'ailleurs complètement sur le principe, mais je ne sais pas si je réussirais à me l'approprier au quotidien. Un jour, peut-être...en attendant quand on arrive comme moi d'un passé totalement omnivore et largement carné (il faut garder en tête que le steack tartare était mon pêché mignon il y encore 4 ans seulement...), parvenir à un quotidien végétalien est déjà une sacrée transformation, qui s'est opérée sur plusieurs années...alors qui sait si je ne serai pas effectivement vegan dans 10 ans :)

En revanche, la démarche du "plus sain" va au delà de mon assiette oui et s'étend à ma maison dans laquelle j'utilise de plus en plus de produits naturels pour assurer l'hygiène, aux cosmétiques (je fabrique moi même désormais les quelques rares cosmétiques que j'utilise comme la crème de jour ou le lait pour le corps, ou encore le baume à lèvres ou le déodorant) et plus globalement j'accorde de l'attention à tout ce que j'utilise dans la limite de mes moyens bien sûr, mais le maximum possible (provenance, éthique sociale et économique, conditions de travail, impact écologique...)

Quels conseils pourriez-vous donner aux lectrices de FemininBio qui souhaite s’informer sur l’alimentation végétale, notamment en lien avec la grossesse ou l’enfance ? 

JWM : Premièrement, rencontrer des femmes ayant opté pour ce mode de vie et discuter avec elles de leur quotidien, manger avec elles, rencontrer leurs enfants végé, pour constater que ce sont des gens en pleine santé. Deuxièmement, veiller à garder leur libre arbitre et à prendre du recul face aux discours officiels (trois produits laitiers par jour, viande quotidienne...), aller chercher l'information partout où elle se trouve, en autonomie, pour en retirer ce qui leur semble juste pour elles-même et pas simplement suivre des recommandations parfois obscures qui servent on ne sait quelle cause au final.

Vos lectures préférées sur l’alimentation végétale ? 

JWM : Actuellement les livres de cuisine consacrés à l'alimentation végé, car leurs belles recettes s'accompagnent le plus souvent de textes très complets sur l'équilibre alimentaire, la constitution des végétaux, l'intérêt des régimes végéta*iens...précédemment, au début de ma transition, c'était surtout les ouvrages informatifs type Faut-il manger les animaux, de Jonathan Safran Foer, l'Enquête Campbell, de Collin et Thomas Campbell, ou No Steak d'Aymeric Caron. 

Vos blogs ou sites préférés sur l’alimentation végétale ?

JWM : J'ai surtout 3 chouchous favoris que je ne quitte jamais et dont je me sers quotidiennement ! Antigone XXI pour ses photos et ses idées à faire devenir vegan n'importe quel omnivore ainsi que pour ses recettes de cosmétiques et ses billets toujours très riches en informations sur l'alimentation vivante, Melle PIGUT et Lili's Kitchen pour leur cuisine très accessible au quotidien et toujours savoureuse.

Je consulte également, mais plus rarement (mes trois quotidiens apportent déjà une certaine exhaustivité), des sites comme VG-Zone ou Cléa Cuisine...La toile offre une palette assez riche de sites végé de grande qualité. FemininBio également (c'est ainsi que j'ai connu le magazine d'ailleurs) propose régulièrement de bonnes recettes et de bonnes compilations d'articles sur la question du végéta*isme. 

Retrouvez Julie sur son blog "Working Mama" et sur sa page Facebook et sur Pinterest (avec notamment un super board de recettes VG !)

Le plein de recettes végétariennes et gourmandes de Mlle Pigut et tous les bons plans pour manger moins de viande et poisson, dans notre magazine Hors Série végétarien dispo en PDF ou sur iPad. 

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