« C’est comme si le corps maternel, qui pourtant vient de fournir tant d’efforts, passait au second plan, regrette Bernadette de Gasquet, auteur de Retrouver la forme après bébé, médecin et professeur de yoga spécialisée dans l’accompagnement des futures mamans et accouchées. Dans notre société, la femme enceinte, le bébé et le père sont valorisés. Les suites de couches n’intéressent pas grand monde. Or, cette période post-partum de six semaines est un temps fondamental. » Une sorte de transition qui va permettre à la maman de naître à elle-même, de retrouver ses forces pour devenir mère. « Après l’accouchement, les femmes sont obnubilées par le bébé. Elles ne s’écoutent plus, insiste Bernadette de Gasquet, toutes leurs pensées tournent autour de l’enfant. La première question à leur poser est : « Et vous ? Comment allez-vous ? ».
Face au vide de nos pratiques, Bernadette puise des attitudes dans les coutumes simples mises en place par les sociétés traditionnelles, et aide ainsi les jeunes mères dans leurs premiers pas de maman. « D’abord, elles doivent se reposer. Vivre couchée le plus possible afin de lutter contre la pesanteur. On peut faire beaucoup de choses allongée sur un lit avec son bébé. Ne pas jouer à la “super maman” et se faire aider : faire livrer ses courses par exemple. Éviter de porter des charges lourdes. Faire des pauses. Et surtout, apprendre à bien respirer en associant le périnée pour tous les efforts quotidiens. Je propose des exercices très faciles à mettre en oeuvre pour lutter contre la pesanteur et les pressions abdominales, remettre les organes en place, drainer les tissus, renforcer les muscles et se relaxer. Je les informe immédiatement de comment on s’assoit après une césarienne, après une épisiotomie. »
Il n’est pas nécessaire d’attendre. Certains exercices se pratiquent avant même de poser le pied sur le sol après l’accouchement. Les exercices proposés ne dissocient pas la mère de l’enfant. Il existe de multiples astuces pour travailler avec bébé au sein. Bernadette de Gasquet donne à Paris un cours de yoga auquel les mamans peuvent venir avec le bébé. On travaille, on discute aussi beaucoup. Il n’y a pas de contraintes ni d’abonnement. « Au début, les mamans viennent avec le bébé, et puis un beau jour, en général vers deux mois après la naissance, elles viennent seules. Les exercices sont adaptés en fonction de leurs besoins, mal au dos, aux fesses, etc. Il y a toujours des exercices qui concernent le périnée. On fait tout de suite des “abdos” mais pas dans l’effort, précise Bernadette, et toujours dans l’“expir”. On s’occupe du périnée mais pris dans la globalité du corps. »
La rééducation périnéale
Le périnée est l’ensemble de muscles, de ligaments et de membranes très fermes qui forment un véritable plancher, une sorte de « filet » qui soutient la vessie, le vagin et le rectum. Peu de femmes ont conscience de son importance, elles le découvrent souvent lorsqu’elles sont enceintes. « La sensibilité du périnée est plus intense après l’accouchement, souligne Bernadette de Gasquet. Les femmes le sentent mieux qu’avant même s’il est moins dur. »
En France, la rééducation périnéale a souvent comme unique objectif de guérir l’incontinence urinaire, d’éviter un futur prolapsus (ce que nos grandmères appelaient « descente d’organes »), bref de prévenir la survenue de toutes sortes de pathologies à plus ou moins long terme. « La peur de l’incontinence n’est pas la meilleure des motivations, précise Bernadette de Gasquet. Dans le post-partum, cette rééducation réalisée par une sage-femme ou un kinésithérapeute doit laisser la place à une prise en charge plus globale du corps. Ensuite, c’est à la maman de choisir soit la rééducation manuelle soit celle à l’aide d’une sonde. » En effet, la rééducation est personnalisée, et cette gymnastique fait parfois découvrir aux femmes des ressources insoupçonnées.
En favorisant leur maîtrise du vagin, elle améliore leur sexualité. Kinésithérapeute ou sage-femme apprend à commander les muscles du périnée afin de les renforcer et de les tonifier. L’objectif est de contracter avant un effort les muscles du périnée, notamment le muscle releveur de l’anus. Certains exercices se pratiquent ensuite à domicile.
Le biofeedback instrumental
Un enregistrement électrique est effectué à l’aide d’une sonde vaginale. Un signal sonore ou visuel matérialise la contraction et le relâchement des muscles. La visualisation des effets de l’exercice aide certaines à mieux comprendre le fonctionnement de leur périnée et à prendre conscience de son rôle.
Cet articles est tiré du livre de Claude Didierjean-Jouveau et Martine Lagnier, Maman Bio. Mon bébé de la naissance à deux ans, paru aux Editions Eyrolles en 2008.
Bibliographie
Retrouver la forme après bébé, Bernadette de Gasquet, Marabout.