Pendant les dernières vacances d’été, à la question de ma fille de 7 ans - qui était de savoir quel était mon film préféré à son âge - ma mère a répondu se souvenir de mes pleurs inconsolables face à la scène du cheval blanc qui meurt dans le film « L’histoire sans fin ».
J’ai du coup revu cette scène où Atreyu assiste impuissant à la disparition de son cheval dans les marécages. C’est épouvantable. L’impuissance. En un seul instant, j’ai alors ressenti la même peur qu’à l’époque : celle de voir tout disparaitre sous mes yeux. Quand l’accouchement prématuré s’est mis en route, j’étais comme Atreyu face à son cheval. Il le voit s’enfoncer et continue de lui asséner : « il faut avancer ! Ah je vois c’est trop difficile pour toi ! Tu t’enfonces Artax ! Lutte contre la tristesse ! Tu dois essayer pour moi. Tu es mon ami. Je t’aime. Il faut que tu bouges sinon tu vas mourir ! Je ne te laisserais pas faire. N’abandonne pas !». Le deuil périnatal et cette scène m’évoquent la quête du néant. Celle qui permet finalement de se rencontrer soi. Atreyu continue le chemin seul.
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J’ai ressenti comme lui cette infinie solitude quand il y a neuf ans, j’ai perdu mon bébé, Balthazar. J’avais un espace vide à l’intérieur de moi. Petit à petit, il a fallu que je me pose la question de ce que j’allais en faire. Ce néant que je vivais était matérialisé par sa chambre vide. Je ne pouvais pas accepter que sa mort ne servirait à rien.
Lorsqu’un couple perd un bébé, que ce soit in utéro ou quelques heures ou jours après la naissance, c’est le monde qui s’écroule. De la colère, de l’injustice, une tristesse infinie, et souvent une question qui arrive : « Pourquoi MOI ? ».
La mort périnatale, un lien intergénérationnel
En réalité, les parents endeuillés sont les héritiers des traumatismes de leurs parents, tout comme ces derniers étaient porteurs de ceux de leurs parents à eux. C’est un lien entre générations où se transmet des comportements, des croyances, des pathologies agissant sur le corps, le psychisme et la vie des descendants.
Nos enfants viennent au monde pour entre autres tenter de guérir leurs parents et d’essayer de soigner leur lignée. En cela, j’aide les couples à retrouver le sens de ce que ce bébé est venu leur dire.
Ainsi, je vois ces petites âmes comme des révélateurs de ce qui encombre les générations précédentes. Le message du deuil périnatal est livré lorsque le sens de la mort du bébé est mis en lumière. De ce fait, Balthazar venait pointer du doigt certains apprentissages mal transmis par ma lignée familiale.
Car, la mort d’un bébé est un lanceur d’alerte des dysfonctionnements dans l’apprentissage. Un apprentissage qui est déterminant car omniprésent. Comme le dit Bruce Lipton, célèbre biologiste cellulaire, « nous fonctionnons sur 95% de programmation familiale ». Ainsi, nos réels choix personnels n’occupent que 5% de nos vies.
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Le deuil périnatal doit être vu comme une alarme transgénérationnelle, avec pour objectif de guérir et de soigner sa lignée pour la faire évoluer. La preuve : quand le sens du deuil est donné, les parents arrêtent de lutter contre la culpabilité qu’ils éprouvent. Et grâce à cela, ils peuvent entrevoir l’idée que leur bébé n’est pas mort pour rien. Et les projets d’avenir redeviennent possibles.
Notre autrice
Marion Petit est l'autrice du livre Naissance d'une mère dans lequel elle partage une autre façon de décoder le deuil périnatal et les apprentissages à en tirer. Elle donne aussi des conseils sur son site marionpetit.com.