Juste est une marque de vêtements 100% éthique née d'un engagement militant pour une consommation plus raisonnable. Cette démarche se reflète dans la taille très réduite de la collection, et dans la transparence complète à chaque étape de la production. Myriam Underwood, la créatrice de la marque, répond à nos questions.
FemininBio : Le concept de la transparence totale dans la production de votre ligne est original, pouvez-vous nous l’expliquer ?
Myriam Underwood : La transparence est une démarche primordiale pour nous. Nous nous devons, en tant que marque, d’offrir une transparence totale du cycle de production à nos clients. Nous ne pouvons nous contenter d’évoquer de façon évasive la provenance des matières et leur lieu de transformation, celui de la confection des vêtements,… Nous donnons le nom des usines, faisons des reportages sur place et nous suivons le processus de fabrication en détail. C’est important pour nous d’apporter les preuves de notre démarche.
Nous voulons être 100% transparents sur tout le cycle de production afin que nos clients puissent acheter et porter les vêtements JUSTE, la révolution en toute confiance.
Aujourd’hui, il y a de plus en plus de traçabilité sur ce que nous mangeons, mais beaucoup moins sur ce que nous portons ! Et pourtant, c’est aussi important en termes de santé, pour ceux qui fabriquent et pour ceux qui portent les vêtements.
Nous tenons aussi à parler des hommes qui travaillent sur toute la chaîne de production des vêtements que nous portons tous les jours. C’est important de pouvoir se dire « Ok, ce pull a un certain prix… Mais ceux qui l’ont fabriqué ont des droits et un salaire décent ».
Pour nous, la marque de demain doit être : 100% traçable, écologique et locale ou ne pas être !
Vous ne proposez pour le moment que deux modèles, dans quelle direction comptez-vous orienter votre marque pour la suite ?
M.R. : Nous nous auto-finançons entièrement donc nous ne pouvons lancer que des « mini-collections » tous les mois. Pour le mois d’octobre, nous avons encore un gilet et des écharpes en lin à venir et pour le mois de novembre, 5 modèles en laine (pulls, gilet et accessoires). Nous travaillons aussi sur un coffret pour bébé, en lin et en laine, pour Noël.
Nous voudrions pouvoir offrir, sur le long terme, un vestiaire entier pour la famille et du textile maison.
Votre projet est non seulement une révolution de la production mais se veut également précurseur d’une révolution des modes de vie, pouvez-vous nous parler de votre engagement pour une consommation plus équilibrée ?
M.R. : Il faut absolument questionner nos modes de vie, le toujours plus, toujours moins cher. Comme le fait par exemple Béa Johnson de Zéro Déchet avec une garde-robe et une consommation très minimaliste et réfléchie. Accumuler des biens ne nous rend pas plus riche ! La richesse, c’est l’humain, la rencontre, les projets qu’on peut mener à bien et la satisfaction de vivre sa vie en accord avec ses valeurs. C’est ce qu’o
n retrouve dans la « sobriété heureuse » de Pierre Rhabi ou « l’abondance frugale » d’Antigone XXI.
On a plus de plaisir à acheter et à porter un vêtement qui a été fabriqué par des salariés payés normalement, qui a été conçu pour utiliser le moins de ressources possibles et polluer le moins possible ! J’admire le PDG de la marque de sport Patagonia qui a sorti une publicité pour une veste avec le slogan : « n’achetez cette veste que si vous en avez vraiment besoin ».
De mon côté, chaque fois que j’achète quelque chose, je me questionne sur son utilité, sa provenance, son processus de fabrication… C’est un choix de vie qui me rend plus heureuse et je vois de plus de plus de personnes autour de moi qui adoptent cette même philosophie.
Vous dénoncez les abus des labels made in France, pouvez-vous expliquer pourquoi ?
M.R. : C’est vrai que je trouve que les marques devraient plus jouer le jeu de la transparence. Aujourd’hui, une marque peut apposer son propre label, « Designed in France », « Conçu en France », « Fabriqué en France ». Sachant qu’il n’y a ni contrôle, ni législation, ces labels n’ont pas vraiment de sens et ne reflètent pas toujours la réalité. Le seul label existant n’est pas assez exigeant (55% de la valeur doit venir de France mais quand on connait le salaire en Asie et le salaire en Europe, la moindre manipulation par un salarié européen peut faire atteindre 55% à la valeur finale du produit). En plus, ces labels sont très chers pour de petites marques comme nous !
Qu’y a-t-il derrière le mot « Fabriqué » ou « Made » ? Souvent 1 seule étape sur 10 dans tout le cycle de production : la confection. Chez JUSTE, nous parlons de toutes les étapes et nous avons pris le temps de trouver des fournisseurs locaux, engagés et respectueux de l’environnement pour ces 10 étapes.
Pourquoi avoir choisi le lin et la laine comme textiles de référence ?
M.R. : Tout simplement car ce sont les deux seules matières d’origine française qui existent ! La France est le 1er producteur de lin dans le monde, le climat du nord-ouest est idéal pour la fibre. Il pousse en culture raisonnée, c’est-à-dire avec peu d’intrants chimiques et n’a pas besoin d’être irrigué. La transformation de la fibre est mécanique. Et pour la laine, on peut encore trouver quelques éleveurs de moutons et des filateurs de laine en France. Cette proximité nous permet d’aller voir nous-même comment se passent les semis et les récoltes ou comment les animaux sont traités.
Avez-vous des projets pour développer votre production sur d’autres types de matières ?
M.R. : Pour être cohérent dans notre projet de marque locale et écologique, il est impératif que ce soit des matières cultivées en France ou en Europe ou provenant d’élevages français ou européens. Le développement de modèles dans d’autres matières est donc quasiment impossible : pas de coton, de soie, de cachemire ou d’autre laine que le mérinos ! Et concernant les matières synthétiques, en plus d’être dérivées du pétrole, elles ont un impact écologique fort lors de leur transformation. Le lin et la laine que nous avons sélectionnés sont les matières les plus écologiques. En termes de cultures ou d’élevages raisonnés, d’utilisation d’eau, de produits chimiques et d’impact environnemental, impossible de faire mieux !
J’aimerais développer d’autres matières, comme le chanvre par exemple, mais je n’ai pas encore trouvé de cultivateurs et filateurs de chanvre français (ou européens). Ou alors, ils ne souhaitent pas divulguer le nom de leurs fournisseurs de fibres et de leur filateur.
Retrouvez la collection sur le site de la marque Juste