La jalousie est une émotion de l’ordre de la peur, la peur de perdre, la peur de perdre l’autre, qui est un cadeau de la relation, qui fait partie du "package" de l’attachement, qui est normale et aussi qui peut devenir un vrai poison (mortel). Dans toutes les relations amoureuses cette émotion s’invite, plus ou moins fort, plus ou moins refoulée, plus ou moins vivifiante ou mortifère…
La jalousie nous enseigne sur deux registres, écoutons ses voix : Elle nous dit "tu comptes", "je tiens à toi", "tu es précieux(se) pour moi", elle parle d’attachement.
Et aussi elle nous dit "je n’arrive pas à croire que j’ai assez de valeur pour te retenir", "j’ai peur de ne pas être assez", "quand je me compare je suis perdant(e)", "j’ai peur de ne pas valoir ton amour". Il est possible de prendre les cadeaux de ces messages et donner une voix authentique et vulnérable à cette émotion. Dire son attachement, dire à l’autre le précieux de sa présence dans notre vie, le sentir, s’en réjouir…
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Et aussi nous pencher, rencontrer, accueillir cette partie de nous qui n’a pas eu la chance, dans notre voyage de l’enfance, d’ancrer le sens de notre valeur. Ce "tu es unique, spécial, magnifique", "tu es aimable (au sens premier du terme)" n’a pas pu s’imprimer.
La jalousie, un sentiment refoulé depuis l'enfance
Nous sommes un empilement de petites poupées russes depuis notre naissance. A chaque évènement, chaque moment, une nouvelle poupée russe vient coiffer les précédentes avec ses sensations, ses croyances, ses émotions, ses possibilités de réagir et de créer… Et dans la jalousie, une des poupées russes qui s’active le plus à l’intérieur est celle du moment où nous avons compris, senti, vécu que nous n’étions pas le seul et unique au monde objet d’amour et d’attention de notre maman. Qu’elle partageait tout ceci avec d’autres (un frère ou une sœur, son amoureux, une passion, elle-même) dans ses ressources ou dans sa dépression.
Et parfois, ce moment est la source d’une grande blessure. Nous avons pu en faire une croyance que nous ne sommes pas assez intéressant (ou beau, gentil, intelligent etc…). Et allons dépenser beaucoup d’énergie à lutter contre cette croyance, et nous sentir menacé quand nous voyons (ou imaginons) un ou une potentiel(le) rival. En bref, nous vivons un enfer intérieur de "je ne suis pas assez".
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Cette poupée russe va pouvoir se réveiller dans la relation amoureuse, et nous, agir dans cette tentative inconsciente de nous sentir enfin unique objet d’amour de l’autre. Cet aiguillon de la jalousie nous met en énergie et peut apporter des cadeaux de désir, de vitalité, d’attention, mais lorsqu’il franchit un certain seuil d’intensité, il va nous rendre au mieux a-relationnel, au pire dangereux.
Dans le couple, "l'autre" n'y est pour rien
Nous devons apprendre que nos émotions, à l’occasion de l’autre, ne nous donnent aucun droit sur l’autre. Il faut savoir éliminer cette sensation qui dérange à l’intérieur de soi et non pas à l’extérieur de soi. La seule prise constructive est un voyage authentique et courageux à l’intérieur de soi pour prendre soin de cette poupée russe blessée qui nous prend en otage.
Sinon, nous devenons non seulement dangereux pour la relation mais aussi pour les autres ! C’est un puit sans fond. Le jaloux doit prendre la responsabilité de cette sensation qui n’a rien à voir avec l’autre. C’est le pas salvateur, et la seule porte ouverte à la transformation va être de restaurer le monde en vous (plutôt que changer l’autre).
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Rien ne sert de mettre votre énergie à contrôler l’autre, le manipuler ou le pister. Ne vous fiez à aucune "preuve" que votre cerveau concocterait, c’est une impasse qui vous rendra infréquentable ou dangereux.
Concentrez plutôt votre énergie à faire rayonner la merveille que vous êtes. Occupez-vous de déployer vos talents, vous y gagnerez non seulement le sens de votre valeur à vos yeux mais aussi beaucoup de joie, de vitalité et de "sexyness" ! Nul besoin pour le partenaire de justifier ou expliquer quoi que ce soit, la jalousie fera feu de tout bois pour alimenter ce petit ogre intérieur inconscient. Ces palabres épuisantes et désespérantes ne feront qu’user la relation. Ne vous laissez pas avaler par la culpabilité, elle atténuerait votre vitalité et la relation pourrait devenir un pacte perdant/perdant.
Si votre partenaire est jaloux
Si vous vivez avec un partenaire jaloux, prenez dans votre cœur une partie très vulnérable de cette personne qui n’a pas eu les ressources pour garder un bon sens de soi dans son enfance. Cette personne a cru (et croit encore) qu’elle ne méritait pas d’être aimée et elle a peur.
Mettez le focus sur ce que vous aimez chez l’autre, ce qui vous fait l’aimer. Parlez-lui de votre amour. Vous pouvez être un vrai soutien dans ce projet de guérison intérieure. Et il est à parier que de donner cela à l’autre vous fasse grandir aussi. Ce peut-être un vrai chemin gagnant/gagnant pour le couple en invitant de la conscience, de la vulnérabilité, de l’écoute profonde et de l’authenticité dans votre relation.
Florentine D'Aulnois-Wang est l'auteure du livre Les clés de l'intelligence amoureuse, paru aux éditions Larousse.