Aujourd’hui, les espaces de silence se sont réduits comme peau de chagrin. D’ailleurs il y a un artiste qui s’est mis en tête de mesurer où le silence réside sur la planète… Il n’en n’a trouvé qu’une vingtaine… Jusqu’à ce qu’une ligne d’aviation se mette à survoler ce lieu ! D’ailleurs, lui-même en temps qu’observateur n’émettait il pas du bruit ; au moins mental ?
Je me souviens à 18 ans être tombé en pamoison devant un « sage de rue ». Je les appelle ainsi car l’on a souvent tendance à penser que les sages sont des gens connus, or les plus humbles sont souvent les plus sages. Pas besoin de s’appeler Dalai Lama pour trouver la sérénité. Je revois un vieil indien assis en tailleur devant son échoppe de fruits, à la fois totalement présent et véritablement absorbé. Varanasi avait beau battre de tout son plein, la ville devenir de plus en plus vive de sa fière allure. Il était assis les yeux mis clos, en silence. Simplement présent, tel un bouddha il rayonnait la joie d’être.
Les villes regorgent de stimulations sans fin qui nous poussent à désirer toujours plus. Une nouvelle robe, nouvelle voiture, nouvelle coiffure qui, si elle semblent nécessaires ne sont pas pour autant essentielles. Ces paysages peuvent si facilement nous pousser à la périphérie de nous-même… Mais le silence entendu comme un regard tourné vers l’intérieur peut se pratiquer en tout lieu, et à tout instant. Un geste peut se faire en silence et dire tout le respect que l’on doit à la personne en face de nous. C’est par exemple le namaste, les mains en prière que l’on porte sur le coeur en Inde et qui signifie « Je salue le divin qui est en toi ». C’est aussi le sourire que l’on porte à la vielle femme courbée qui peine à marcher. Le silence, c’est aussi une intention, et cette intention je peux la porter même au cœur de la plus grande mégapole ! Finalement tout est affaire d’intention ; et de pratique.
Caroline Escartefigues est psychologue clinicienne. Son site internet, psychologieenpleineconscience.fr