Bienveillance et amour sont les deux mots qui semblent le mieux correspondre à Amma, grande figure de la spiritualité hindoue contemporaine. Sandra a vécu à son contact, dans son ashram d'Amritapuri. Elle nous raconte une expérience hors du commun, qui a bouleversé sa perception de la vie.
Pouvez-vous décrire l'atmosphère de l'ashram ?
Lorsque je suis arrivée, je me suis tout de suite sentie bien, comme portée par une vague d’Amour et de douceur. Tout était serein. Il y avait pourtant du monde : des familles occidentales avec leurs enfants, des jeunes et des moins jeunes, des habitués et de nouveaux arrivants, des individus de toutes confessions. Comme dans une fourmilière, chacun vaquait paisiblement à ses occupations sous l’œil bienveillant de la communauté. Un petit coin de paradis… Et pourtant à première vue, j’étais bien loin des stéréotypes que nous propose le monde occidental. Rien de luxueux, de brillant ou de clinquant, des bâtiments imposants, des chemins en terre et pas d’eau chaude dans les douches. Le superflu avait disparu, il ne restait que l’essentiel : le non-jugement, l’harmonie, le respect et la tolérance.
Vous avez rencontré Amma. Quelle a été votre impression à son contact ?
Amma est un être merveilleux. Elle donne le darshan 4 jours par semaine à des milliers de personnes de tous âges et de tous horizons, qui parcourent le monde pour la rencontrer. Elle reste parfois jusqu’à 10 voire 12 heures d’affilées sans quitter son siège pour donner cette étreinte, transmettre cet amour inconditionnel. Lorsqu’elle ne donne pas le darshan, elle organise des séances de méditation sur la plage ou elle partage son enseignement. Elle est très présente et s’implique dans tout. Le mardi, elle distribue le déjeuner pour toutes les personnes présentes à l’ashram. Elle fait vivre cet endroit au rythme de son Amour, sa compassion, sa bienveillance et de sa dévotion.
Qu'est-ce qu'une journée typique à l'ashram ?
La journée démarre à 5 heures du matin par une heure de recueillement, c’est l’Archana : la récitation des mille noms de la Mère divine. Puis le thé est servi et beaucoup vont méditer sur la plage, observer le lever du jour et écouter le son des vagues qui s’échouent sur les rochers. Les activités comme le yoga, le qi-gong et le tai-chi débutent vers 7h30 et se terminent aux alentours de 9 heures. C'est alors l’heure du petit-déjeuner à la cantine indienne. Amma demande à chaque participant de donner 2 heures de son temps pour aider. Le bénévolat est selon elle ce qui permet de développer le langage du cœur. Il s’agit d’une aide désintéressée, chacun est libre d’y participer ou pas. Il n’y a aucune obligation à l’ashram. Les jours de darshan, Amma arrive à 11 heures pour donner son étreinte aux personnes présentes. Dès que l’on est proche d’Amma, on ressent des sensations intérieures profondes. J’ai assisté à des moments inoubliables. Des personnes venaient au devant d’Amma et on pouvait voir toute la détresse du monde sur leur visage. Lorsqu’elles se relevaient, elles n’avaient plus le même visage, leur masque de pudeur était tombé. C’est particulièrement frappant chez les hommes, pétris d’une culture indienne de rigueur et de droiture. Souvent ils pleuraient. C’était beau, émouvant et attendrissant de voir ces hommes se révéler à eux-même.
Avez-vous trouvé ce que vous cherchiez ?
Je suis partie avec l’espoir de me retrouver avec moi-même. Le rythme moderne ne laisse pas vraiment de place à l’observation et au recul quant à notre vie. J’avais besoin de faire une pause, un point sur mon existence. J’ai pu me ressourcer, me recentrer et apprendre à apprivoiser mon présent pour aborder sereinement l’avenir.
Qu'est-ce que ce séjour vous a appris ?
A l’ashram, j’ai découvert une communauté orientée vers l’humain. Ce fonctionnement est apaisant. Il n’y aucun stress là-bas. Nous étions des milliers de personnes, mais nous vivions en harmonie les uns avec les autres. La matérialité est génératrice de stress, elle est probablement ce qui entraine toute la violence et l’inconfort de nos sociétés. Selon de nombreuses études, la France est l’un des pays les plus pessimistes au monde. Peut-être que si la société se tournait davantage vers les valeurs humaines, l’individu serait plus heureux.
A votre retour en France comment avez-vous réussi à mettre en pratique les enseignements reçus à l'ashram ?
Ce que j’ai vécu à l’ashram était tellement enrichissant, beau, fort et puissant que tout cela reste gravé en moi. Me remémorer ce lieu me replonge dans ces énergies de douceur et d’Amour inconditionnel. En plus de cela, j’ai suivi la formation à la méditation IAM (Integrated Amritapuri Meditation). C'est une méditation très facile à pratiquer pour les Occidentaux car elle ne prend que 30 à 40 minutes par jour. Elle est basée sur des exercices physiques et de visualisations. Le corps et le mental sont apaisés par rapport à un rythme qui va parfois trop vite et qui nous laisse trop peu de temps pour nous retrouver avec nous mêmes. Je me rappelle aussi souvent que je peux la phrase d’Amma : « ma religion, c’est l’Amour. »