S’il est évident que la mère sera davantage sollicitée en optant pour l’allaitement au sein, cela ne veut pas dire que le père n’aura rien à faire, bien au contraire. La mise au sein peut s’avérer compliquée, parfois douloureuse, et la mère a considérablement besoin de soutien moral.
L'allaitement : un choix personnel
Donner le sein à son enfant n’est pas un sujet anodin ‒ il fait encore grand débat. L’ancienne génération ayant vécu le biberon comme un progrès peut avoir l’impression d’un retour en arrière en voyant leurs filles décider de donner le sein. Dans les maternités, le personnel n’est pas toujours suffisamment présent pour les encourager.
La maternité est un sujet qui vous touche ? Découvrez Si Mère ! Le Podcast de maternage féministe, présenté par FemininBio en partenariat avec Radio Médecine Douce et Biostime.
Il y a les « pro » et les « anti », chacun a son avis sur la question. C’est pourtant une question profondément intime, personnelle, qui ne regarde que les parents concernés. Il n’y a aucun jugement à porter sur l’une ou l’autre façon de nourrir un enfant.
L’allaitement au sein se vit à deux (à trois), même si la relation à la mère est particulière. Le père peut quant à lui investir d’autres domaines comme la toilette, le bain, l’habillage, les promenades, l’éveil, les chansons, les histoires, les pleurs du soir… Les activités du quotidien ne manquent pas pour tisser la relation dès les premiers jours.
>> A lire sur FemininBio Allaitement et charge mentale : quels enjeux pour les femmes aujourd'hui ?
Une fois l’allaitement installé, les positions stabilisées, tout se déroule à merveille. À tel point d’ailleurs que l’enfant peut y prendre goût et en redemander tant et plus. La limite est la sienne. S’il a trop envie de téter et qu’il boit trop, il régurgitera le surplus. Il faudra alors lui proposer une tétine pour qu’il tète sans nécessairement boire. Profitez de ces moments qui sont si éphémères et tellement magiques.
S'adapter au rythme de votre bébé
Les enfants font-ils plus vite leurs nuits quand ils sont au biberon ? Sont-ils plus facilement rassasiés ? Tous les cas de figure existent : des bébés nourris au sein qui font leurs nuits à 2 mois, des bébés nourris au biberon qui ne font toujours pas leurs nuits à 16 mois.
Ni l’allaitement au sein ni celui au biberon ne doivent être envisagés seulement dans l’espoir que le bébé fasse ses nuits le plus vite possible. Il peut mal digérer le lait industriel, voire ne pas le tolérer du tout, alors qu’il n’y a pas d’intolérance possible au lait maternel.
Oui, mais au sein, on ne sait pas quelle quantité il boit... En êtes-vous sûre ? Observez bien votre bébé, sa manière de téter, de déglutir. Observez votre sein se vider. Certes, vous ne connaîtrez pas la quantité de lait qu’il aura bu au milligramme près, mais votre bébé sera votre indicateur. Avec le sein, au moins, quand il semblera repu, vous n’insisterez pas. Il boira à volonté et à son rythme.
>> A lire sur FemininBio Allaitement : le "mauvais" lait n'existe pas
Si vraiment le fait de ne pas voir la quantité qu’il boit vous angoisse ou si vous avez l’impression de ne pas avoir assez de lait, tirez-le avec un tire-lait (en vente ou en location en pharmacie). Si vous remplissez un biberon, donnez-le-lui ou congelez-le (pour avoir un biberon de sécurité) et continuez à vivre normalement. Si vous avez du mal à tirer votre lait, mangez, buvez, reposez-vous et réessayez un peu plus tard.
Et si, malgré tout, l’épuisement et l’anxiété persistent, passez au biberon. Personne ne vous en voudra : il s’agit de votre corps, écoutez-le. Mieux vaut une mère et un père qui donnent le biberon apaisés et heureux qu’une lutte autour de la mise au sein. Quand votre enfant passera au biberon, il dormira peut-être toute la nuit, mais peut-être pas : il est important de le savoir pour éviter d’être déçue.
Notre experte
Julie Renauld Millet, thérapeute systémique, est l'auteure de Mon enfant ne veut pas dormir, paru aux Éditions Eyrolles.