Partenaire
Inspirer, Faire du bien

Développement personnel

L'hypersensibilité, une force pour s'épanouir

L'hypersensibilité, une question de sensibilité, donc de ressentis.
Štefan Štefančík/unsplash.com
Claire Sejournet
Claire Sejournet
Mis à jour le 25 février 2021
L'hypersensibilité est au coeur du premier roman de Saverio Tomasella, qui l'aborde avec retenue à travers son personnage principal, Flora. Rencontre avec un auteur qui est aussi docteur en sciences humaines, psychanalyste, chercheur en psychopathologie clinique.

Partenaire

Saverio Tomasella est docteur en sciences humaines, psychanalyste, chercheur en psychopathologie clinique. Il a écrit plusieurs livres, et signe un premier roman chez Leduc S, A fleur de peau, qui aborde avec délicatesse la question de l'hypersensibilité.
(Photo : DR)

 

Comment définiriez-vous l’hypersensibilité ?
Comme il s’agit de sensibilité, donc de ressentis, il ne peut pas y avoir de définition officielle, rigide et définitive. Tant mieux d’ailleurs. Chaque personne va donc définir pour elle-même ce qu’elle considère comme son « hypersensibilité » ou sa « sensibilité élevée ». Le plus souvent, on retrouve certaines tendances : l’impression de vivre à fleur de peau, d’être à vif, à cran, de tout ressentir très fort, de ne pas avoir de protection ou de filtre, d’avoir besoin de temps pour assimiler les informations, de ne pas supporter la violence, la cruauté, le bruit, l’agitation, les odeurs fortes, la vulgarité, etc. Par ailleurs, les personnes hautement sensibles sont très intuitives, attentives, empathiques, créatives…

En quoi se différencie-t-elle de l’introversion ?
Il existe presque autant de personnes hypersensibles introverties qu’extraverties, même s‘il semblerait qu’il y en ait un peu plus qui soit introverties. La plupart des personnes introverties sont hypersensibles, mais ce n’est pas forcément le cas non plus. Il existe des personnes très introverties qui sont coupées de leur sensibilité. Quoiqu’il en soit, du fait des moments fréquents de saturation suite à une période de « sur-stimulation » (puisque la personne très sensible n’a pas de protection), le repos est nécessaire pour se retrouver et se rééquilibrer, mais cela correspond à un besoin de repos pour la personne ultra-sensible pas à une forme d’introversion.

Se dénigrer est-il un symptôme particulier de l’hypersensibilité ?
Une personne hautement sensible prête beaucoup d’attention aux autres : à ce qu’ils font, à ce qu’ils disent ou ne disent pas, à ce qu’ils pensent, à leurs réactions et à leurs jugements. Si l’environnement est plutôt positif, la personne très sensible se sentira bien, et de plus en plus en confiance. Inversement, si l’environnement n’est ni encourageant ni porteur, voire dévalorisant, elle se sentira de plus en plus mal. Lorsque cette situation défavorable s’installe ou se répète, en famille ou au travail, la personne hypersensible va douter de plus en plus d’elle, elle va se croire «anormale», et risque même de se dénigrer elle-même de plus en plus systématiquement.

La personne hypersensible vit-elle plus en conscience (dans le sens d’éveil des sens et d’attention à son environnement) que la moyenne ?
Oui, c’est sûr, une personne très sensible vit plus en conscience. L’inverse est vrai aussi : une personne qui vit en conscience est forcément plus sensible. C’est très intéressant. Cela veut dire que l’hypersensibilité n’est pas une catégorie à part. Il s’agit d’un phénomène qui met en évidence les liens étroits entre humanité, conscience, évolution et sensibilité.

Pourquoi est-il important de mettre des mots sur ses émotions et ses ressentis ?
Les sensations, les émotions et les sentiments sont des mouvements de l’être, d’une âme incarnée dans un corps. Il est très important de percevoir nos ressentis, puis de les exprimer, justement pour pouvoir vivre en conscience. Par ailleurs, exprimer ses ressentis permet aussi d’aller mieux, sinon nous gardons en nous des informations qui vont nous encombrer puis perturber notre équilibre.

Votre héroïne, Flora, se transforme tout au long du livre. Elle prend conscience de qui elle est, de ses forces et de ses désirs. Ce n’est plus la même personne à la fin de l’histoire. L’hypersensibilité est-elle un mal dont il faudrait guérir ou un trait de caractère avec lequel apprendre à vivre ?
J’ai écrit ce livre à partir d’une enquête menée auprès de personnes hautement sensibles. Flora se transforme parce qu’elle souhaite évoluer et, en même temps, elle reste profondément elle-même. Elle se réalise : elle devient – non pas une autre – mais qui elle est, vraiment. L’hypersensibilité n’est ni un mal ni une maladie. Il n’est donc pas nécessaire de chercher à « guérir ». En revanche, une sensibilité élevée peut être difficile à vivre ou à comprendre. Le mieux est alors d’entreprendre un chemin personnel pour se connaître, s’accepter et développer ses dons. Cela peut être par la méditation, le yoga, le chi gong, un art martial, une expression artistique ou une thérapie.

Les hypersensibles sont-ils plus créatifs ?
D’après les études d’Elaine Aron, d’Else Marie Bruhner et les miennes, oui, la créativité est une caractéristique très nette. Les personnes hautement sensibles ont un fort potentiel créatif et une grande nécessité intérieure de création. Celles qui ne développent pas ce potentiel souffrent plus que les autres. C’est donc important de cultiver sa créativité et de la mettre en pratique.

Dans votre roman, on voit la force des liens d’amitié qu’entretient Flora. Qu’apportent les amis à un hypersensible ?
Les vrais amis, ceux qui acceptent et reconnaissent la grande sensibilité de Flora, lui apportent l’environnement porteur dont elle a besoin pour se sentir en confiance et s’épanouir. Réciproquement d’ailleurs. Flora fait tout pour que ses amis se sentent bien… Comme dans toute relation, plus vous accueillez et aimez l’autre, plus il vous le rend à sa façon.

Dans l’histoire, Flora découvre être entourée de beaucoup d’autres hypersensibles. Serions-nous tous hypersensibles ?
C’est une grande question. Elle me semble même fondamentale. D’une part, une personne très sensible sera plus à l’aise entourée d’autres personnes ultra-sensibles, c’est vrai. Elle va donc peu à peu chercher à fréquenter de plus en plus de personnes de sensibilité élevée. D’autre part, je crois vraiment que le monde évolue vers une plus grande sensibilité générale. Certaines personnes évoluent plus ou plus vite que d’autres, mais la tendance de fond est là, indéniable : nous sommes de plus en plus sensibles, donc de plus en plus humains, et c’est tant mieux !

A fleur de peau
Saverio Tomasella
éditions Leduc
2017
 

Découvrez FemininBio Magazine en version papier ou PDF ! Achetez nos éditions depuis notre boutique en ligne.

Partenaire

Vous aimerez peut-être

Coups de cœur

Chaque semaine, des partages conscients et inspirants dans votre boîte mail.

Inscrivez-vous gratuitement !

Partenaire