Trouble cyclothymique : définition
En psychologie, le trouble cyclothymique est définit comme étant une forme atténuée d'un trouble bipolaire, et fait donc partie de la famille des troubles de l'humeur. "La bipolarité est un trouble plus sévère, il se différencie de la cyclothymie par une vie plus compliquée à gérer, des difficultés plus intenses. Le trouble cyclothymique serait plus adapté à la vie du quotidien, et génèrerait moins de souffrance", distingue Gwénaëlle Persiaux, psychologue clinicienne. "Certains psychiatres considèrent même que la cyclothymie ne serait pas un trouble mais une manière d'être, car le trouble génère de la souffrance et nécessite un suivi. Il y a un véritable débat interne à ce sujet", ajoute t-elle.
La cyclothymie en chiffres* :
- Elle concerne 4 % des enfants : c’est à dire plus de 450 000 enfants en France ;
- Dans plus de 50% des cas elle est associée à : hyperactivité, TOC, phobies, addictions, Troubles du Comportement Alimentaire (TCA), maladie cardio-vasculaire, problèmes thyroïdiens, diabète ;
- Il faut 6 à 10 ans pour obtenir un diagnostic.
Trouble cyclothymique : les symptômes
Concrètement, les symptômes de la cyclothymie se caractérisent par des périodes de "hauts" et de "bas" : une alternance d'épisodes d'euphorie appelée hypomanie et des épisodes de moments dépressifs qu'on pourrait appeler "mini dépressions".
A ne pas confondre :Les personnes atteintes de la maladie de la bipolarité traversent des épisodes de manie, une excitation psychomotrice très importante qui amène à agir de façon extravagante voire dangereuse pour la personne ou pour son entourage. Dans un trouble cyclothymique, cette phase moindre est donc appelée hypomanie. |
A quoi reconnaît-on une phase d'hypomanie ?
L'hypomanie se manifeste par une exaltation motrice et/ou psychique. Vitalité intense, impression d'avoir plein d'idées, envie de faire beaucoup de choses, grande créativité et peu de sommeil sont les principaux ressentis durant un épisode hypomaniaque. "C'est une période rarement mal vécue voire agréable qui dure quelques heures à quelques jours", précise la spécialiste.
A quoi reconnaît-on un moment dépressif ?
Contrairement aux dépressions du trouble bipolaire où la personne subit souvent un "arrêt" de la pensée et de l'action, les "mini dépressions" en cyclothymie provoquent plutôt un ralentissement. On observe également une baisse d'énergie dans le quotidien, un manque de confiance en soi, une grosse période de doute. Parfois la tristesse peut être très présente, et dans certains cas amener à des idées suicidaires. Cet épisode peut durer quelques jours, et enchaîner parfois avec une hypomanie. Ainsi "la cyclothymie est une succession de hauts et de bas, la personne vit dans une montagne russe émotionnelle perpétuelle, contrairement à une personne dépressive par exemple qui ne traverse pas différentes phases", précise Gwénaëlle.
Quelles sont les causes de la cyclothymie ?
Selon notre spécialiste, il existerait plusieurs causes à l'origine du trouble cyclothymique :
- La dimension héréditaire/biologique : en faisant des examens poussés auprès de la famille, il est possible d'établir un terrain de vulnérabilité génétique ;
- La dimension psychologique liée au passé : les enfances difficiles, blessures d'attachement et traumatismes créent une sensibilité plus forte aux événements de la vie ;
"J'ai souvent des sautes d'humeur, comment savoir si je suis cyclothymique ?" La réponse de la psychologue : Une saute d'humeur arrive de temps en temps au cours de la vie, par exemple durant une période spécifique liée au contexte professionnel ou personnel, un état physique ou hormonal. Si vos sautes d'humeur durent depuis toujours, et sont installées dans votre quotidien, je vous conseille d'en parler avec un psychologue ou psychiatre. |
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Vous pensez être cyclothymique ? Voici une liste des signaux d'alarme :
- Alternance de changements d'humeur, parfois sans déclencheur identifié ;
- Souffrance psychique et morale ;
- Perte d'estime de soi régulière ;
- Tristesse récurrente ;
- Stress, anxiété excessive ;
- Culpabilité excessive ;
- Difficultés dans les relations amoureuses : ruptures à répétition, multiplication des partenaires, conduites à risque au sein de la relation ;
- Difficultés dans la sphère professionnelle : démissions à répétition et globalement difficulté à garder un emploi, problème de relation avec les supérieurs et les collègues ;
- Troubles du comportement : recours à des substances pour s'apaiser (alcool, drogues), addictions comportementales (jeux vidéos, Internet, sexe), kleptomanie, pyromanie, trichotillomanie, achats compulsifs...
Si vous développez plusieurs des critères cités plus haut, il vous est recommandé d'en parler avec un professionnel de santé. En effet, la cyclothymie peut être à l'origine de troubles plus handicapants comme les addictions, les troubles du comportement alimentaire (TCA) comme la boulimie, ou encore la dépendance affective (jalousie extrême). "Le psychologue ou psychiatre va venir investiguer : depuis quand ça dure, est-ce contextuel, y a t-il un terrain héréditaire... Selon son diagnostic et la situation des patients, le professionnel de santé évaluera s'il s'agit d'un tempérament particulier ou d'un trouble, et dans ce cas, préconisera une prise en charge", poursuit Gwénaëlle.
Existe t-il un traitement naturel au trouble cyclothymique ?
Si un tempérament ne peut se modifier profondément, il peut néanmoins être travaillé dans ses phases les plus pénibles. Bien que certains médecins prescrivent des régulateurs d'humeur (catégorie de médicaments psychotropes, comme le lithium), la majorité préconisent essentiellement des séances de psychothérapie. "La psychothérapie va permettre au patient d'apprendre à se connaître, à connaître l'origine de son fonctionnement cyclothymique et apprendre à réguler ses émotions", précise la psychologue, qui recommande aux patients cyclothymiques de s'intéresser aussi aux thérapies comportementales et cognitives (TCC), aux pratiques d'EFT (Emotional Freedom Technique), pour apprendre à réguler ses émotions.
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"L'essentiel, c'est de se connecter à son corps pour s'auto apaiser quand il le faut lors de moments forts émotionnellement. Le sport y contribue beaucoup, les techniques de relaxation comme la pleine conscience aussi, ou encore les produits naturels de médecine complémentaire comme les fleurs de Bach. Toutes ces techniques naturelles peuvent être adoptées en parallèle d'un médicament, et aider à le limiter voire l'arrêter sous avis médical", termine Gwénaëlle Persiaux.
Conseil de psyLorsque vous ressentez une souffrance psychologique, que vous ayez une maladie mentale ou non, préférez consulter un psychiatre plutôt qu'un médecin généraliste, qui, grâce à spécialisation, saura vous aider à trouver la meilleure prise en charge. |
* source : www.bicycle-asso.org
L'experte
Psychologue clinicienne et formée à la psychologie énergétique, Gwénaëlle Persiaux est l'autrice du livre Guérir des blessures d'attachement paru aux éditions Eyrolles.
Son site : gwenaellepersiaux.com