L'aménorrhée correspond, par définition, à une absence de règles. Il en existe deux types. L'aménorrhée primaire, concerne les femmes et jeunes filles de plus de 16 ans qui n'ont jamais eu de règles. L'aménorrhée secondaire, survient ponctuellement dans la vie d'une femme antérieurement réglée, qui observe une absence de règles depuis plus de trois mois. Dans le premier cas, qui est plus rare, il est conseillé de faire un bilan spécialisé, hormonal et/ou génétique.
Les causes des aménorrhées secondaires
Si une femme constate une absence de règles, la première chose à faire est un test de grossesse urinaire ou un test sanguin de grossesse mesurant le dosage de la béta-hCG (l'hormone sécrétée par une femme enceinte). "C'est la première cause des aménorrhées secondaires", selon Odile Bagot, "surtout si l'on a toujours eu des règles régulières et qu'il n'y a pas eu de changements physiques, et même si l'on pense avoir bien pris sa contraception". En effet, la grossesse interrompt la production d'œstrogènes, ce qui marque l'absence de règles.
Sinon, l'une des causes de l'absence d'écoulement menstruel la plus fréquente chez la jeune femme est l'insuffisance pondérale, qu'elle résulte d'une anorexie mentale ou de sport à outrance. "On en constate souvent chez les jeunes danseuses par exemple, aux morphologies plus fines, ou chez les sportives de haut niveau" explique Odile Bagot.
"Dans cette situation, il convient d'être très vigilant" poursuit la gynécologue, car aborder l'aménorrhée causée par une insuffisance pondérale nécessite de s'interroger sur les troubles du comportement alimentaire (TCA) de la personne. "Quand la masse graisseuse est insuffisante, la fabrication d'œstrogènes l'est aussi, or pour avoir des règles il faut produire des œstrogènes" explique Odile Bagot. Dans ces aménorrhées liées à un TCA ou à du sport intensif, la carence œstrogénique doit être surveillée, car sur le long terme, elle peut être responsable d'une perte osseuse, voire d'une ostéoporose. "Dans cette situation, le professionnel de santé va mesurer le taux d'œstrogènes, et s'il est trop bas, supplémenter la femme en œstrogènes, soit via une pilule oestroprogestative, soit en traitement hormonal".
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Autrement, d'autres causes plus rares peuvent expliquer une aménorrhée chez une femme qui n'est ni enceinte ni sujette à un problème de poids.
"Chez une personne de moins de 40 ans qui n'a plus de règles, on peut se poser la question de l'insuffisance ovarienne primitive, ou ménopause précoce. Un bilan hormonal pourra le démontrer". Et si à partir de 45 ans une femme n'a pas eu ses règles depuis au moins un an, il s'agit certainement de la ménopause, et donc d'une aménorrhée définitive.
Le Syndrome des Ovaires Polykystiques (SOPK), pathologie endocrinienne qui touche environ une femme sur dix, est responsable de spanioménorrhées, soit des règles très rares (2 à 4 fois par an).
La pilule en continu et le stérilet à la progestérone entraînent des aménorrhées induites. "Même sous une pilule faiblement dosée, au bout d'un certain temps l'endomètre devient tellement fin qu'il peut ne plus y avoir de règles", précise la gynécologue.
Plus rare, les synéchies utérines (deux tissus de l'utérus s'accolent entre eux de façon anormale), qui surviennent la plupart du temps après un curetage, peuvent donner une aménorrhée.
Enfin, la chimiothérapie peut également provoquer des aménorrhées.
Le stress peut-il engendrer une aménorrhée ?
"Le stress modifie le cycle dans tous les sens : il peut causer des règles qui surviennent plus tôt, plus tard, qui sont moins fortes, plus fortes", explique Odile Bagot. "Nous ne sommes pas des robots, les aménorrhées transitoires (retard de règles) sont tout à fait normales. Si cela dure, c'est une aménorrhée secondaire, et l'on va vérifier l'activité physique, le poids et le test de grossesse pour déterminer la cause".
Les traitements
Il n'y a pas de traitement spécifique pour les aménorrhées. "Cela dépend de la cause : si c'est une ménopause précoce, et que la femme désire un enfant, il n'y a pas d'autres solutions que le don d'ovocyte. Si c'est lié à une anorexie mentale, il n'y a pas d'autres traitements que de reprendre du poids. En cas de SOPK, et s'il y a désir de grossesse, on préconisera une stimulation d'ovulation", termine la gynécologue, avant de préciser que "pour les périodes d'aménorrhées itératives, il faut juste attendre que ça revienne".
L'experte
La Dre Odile Bagot est gynécologue, spécialisée en gynéco-obstétrique, et anime également le blog Mam Gynéco.
Son Doctolib : Dr Odile Bagot