Cet article est extrait du livre Habiter son utérus de Maud Renard, paru aux éditions Tana.
Il y a quelques années encore, l’endométriose – tout comme l’adénomyose – était considérée comme une migration des cellules endométriales vers d’autres tissus du corps. Depuis, de nouvelles études mettent en doute les cellules endométriales. En effet, des cas d’endométriose ont été trouvés chez certains hommes qui n’ont pourtant pas d’endomètre. Cette maladie est donc complexe, et, à ce jour, d’origine inconnue. Ce que l’on peut en dire, c’est que des cellules ayant des caractéristiques proches de celles de la muqueuse utérine migrent dans le corps et colonisent certains tissus en se comportant comme l’endomètre sous l’influence des œstrogènes. Je ne parlerai donc pas de cellules « endométriales » mais de « type endométrial » pour éviter toute confusion.
La différence entre l’adénomyose et l’endométriose tient à l’endroit que viennent envahir les cellules. Dans le cas de l’adénomyose, c’est sur la partie externe de l’utérus que prolifèrent certains tissus (ce qui ne signifie pas moins de douleur) alors que, dans le cas de l’endométriose, les cellules envahissent l’ensemble du corps et se déposent sur nombre d’organes – trompes, ovaires, vessie, ligaments, péritoine, voire reins ou poumons. Les cellules de type endométrial sont, dans le corps, les rares à pouvoir se produire et dégénérer sur commande. À l’exception de l’épiderme, où il y a des peaux mortes, le corps n’est absolument pas habitué à ce que ses cellules le « quittent » en toute conscience. Lorsque celles de type endométrial atteignent d’autres organes, elles occupent ces tissus en se désagrégeant et se régénérant comme le ferait la muqueuse utérine.
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C’est un choc violent pour le corps, car les cellules des ovaires ou des ligaments ne sont pas faites pour se desquamer. Cette situation particulière peut provoquer de multiples réactions, telles des douleurs vives, mais pas toujours. Certaines personnes vivent avec de nombreuses lésions endométriales dans le corps sans avoir pour autant des douleurs. D’autres n’en auront qu’une ou deux petites et souffriront. Pour de multiples raisons, diagnostiquer cette maladie peut s’avérer un réel parcours du combattant pour les personnes qui en sont atteintes. Aujourd’hui encore, il faut compter en moyenne sept ans avant que le diagnostic soit posé. Avant tout, parce que ces lésions sont difficiles à observer par échographie, et que l’IRM peut ne même pas suffire ; c’est alors par cœlioscopie que l’on a la réponse. Autre raison : la méconnaissance de cette maladie ; il est parfois difficile de la déceler tellement elle peut prendre des formes multiples. Enfin, il y a le peu d’écoute dont le corps médical fait preuve envers les douleurs menstruelles. Si vous avez le moindre doute sur celles-ci, n’hésitez pas à consulter et autorisez-vous à prendre un deuxième, voire un troisième avis pour vérifier.
Décodage émotionnel
En gynécologie émotionnelle, nous pouvons revoir le cœur de cette maladie dans sa définition : migration de cellules de type endométrial. L’utilisation du terme migration est pertinente. Nous avons tous et toutes entendu parler de migrations de population. Ce n’est jamais par plaisir que les gens se déplacent ainsi. C’est un événement dans leur pays qui en est à l’origine : la guerre, la famine, la pauvreté, le climat sont les principales raisons qui poussent à migrer. Si l’on transpose cela à la migration endométriale, il est intéressant de savoir pour quelle raison les cellules se sentent obligées de quitter l’utérus, quand il s’agit bien de cellules de type endométrial. Et si elles n’en sont pas, pourquoi souhaitent-elles occuper des territoires qui ne leur sont pas destinés ? Il y aurait alors peut-être un conflit. L’utérus étant symbole d’identité et de créativité, le conflit est donc identitaire. Quelqu’un ou quelque chose empêcherait votre utérus d’être celui qu’il a envie d’être. Pour aller plus loin, quelque chose vous empêche d’être celui ou celle que vous souhaitez devenir. Cela peut prendre différentes formes : soit clairement une migration géographique que vous avez vécue et qui vous empêche de vous retrouver vous-même, soit une migration émotionnelle qui se retrouve dans une relation toxique, où quelqu’un a voulu vous façonner à sa manière.
Conseils
C’est la sensation de ne pas être à sa place qui est en rapport avec l’endométriose ; il faut donc aller la chercher ailleurs sous forme de migration physique, comme des déménagements, ou familiale. Certaines personnes atteintes d’endométriose témoignent avoir endossé des responsabilités qui n’étaient pas les leurs, comme s’occuper d’un parent malade (elles deviennent alors « la mère » de leur parent et non plus la « fille »). L’identité généalogique étant devenue floue, le corps envoie des signaux de migration. L’important est de retrouver sa place, de revenir chez vous, en vous. Il est l’heure de considérer votre corps et votre utérus comme un lieu unique qui est votre maison principale. Encore faut-il que celle-ci vous soit agréable. Vous pouvez utiliser la visualisation de la maison-utérus pour savoir si celle-ci est à votre image ; si ce n’est pas le cas, proposez-vous une autre image de votre utérus. Sentez-vous vivre à l’intérieur. Ensuite, appelez vos lésions endométriales et demandez-leur de rentrer à la maison. Dites-leur qu’elles sont les bienvenues et que, dorénavant, plus personne ne prendra leur place. Elles sont ici chez elles.
Le livre
Habiter son utérus, Maud Renard, aux éditions Tana.