Près de la moitié d’entre eux en consomme et en apprécie les produits. Pour certains, le prix reste un frein à une consommation plus large, ce qui pose la question, moins du coût des produits bio - le plus souvent justifié par le choix de la filière de rémunérer correctement ceux qui y travaillent et par des volumes encore insuffisants pour réduire les coûts logistiques - que celle d’une politique sociale génératrice d’inégalités criantes.
Quelles qu’en soient les raisons, absence de pesticides, préservation de l’environnement, respect des animaux, avantages nutritionnels, diversité de l’offre, ou tout simplement qualité gustative, la bio procure plaisir et sécurité alors que, chaque année davantage, l’industrie agro-alimentaire génère crises sanitaires et sociales résultant de pratiques contestables. Pour mémoire, en une vingtaine d’années, se sont succédées vaches folles (encéphalopathie spongiforme bovine) à la fin des années 90, fièvre aphteuse du mouton en 91, grippe aviaire en 2005, dioxine dans les œufs en 2010 etc. Quant aux résidus de pesticides, ils sont omniprésents dans les produits alimentaires conventionnels - plus de 50% en contiennent, souvent même au delà des limites maximales résiduelles autorisées (LMR) – alors même que leur impact négatif sur la santé des agriculteurs et des consommateurs est confirmé par de multiples recherches menées par des chercheurs indépendants et confirmées par les autorités sanitaires1).
Dans le même temps, la profession agricole a été rudement touchée : une ferme disparaît en Europe tous les quart d’heure et celles qui survivent ne nourrissent qu’à peine leurs exploitants, malgré les torrents de subventions déversés par la PAC qui vont toujours majoritairement, comble de l’inéquité, aux plus gros céréaliers et éleveurs. Hélas, la prime aux pollueurs et le coût de la certification aux écologistes, c’est encore le paysage agricole en ce début de 21ème siècle, entretenu par des pouvoirs publics soumis aux lobbies agro-chimiques et, comble d’ironie, soutenu par une majorité d’agriculteurs pourtant surendettés et exploités par la grande distribution.
Seuls 3% des terres agricoles cultivables sont bio ! C’est une ineptie alors que la France importe plus de 35% de ses produits bio, dont certains fruits et légumes parfaitement productibles sur nos territoires. C’est une hérésie quand la grande majorité de nos eaux de surface et de source est contaminée du fait de l’agriculture intensive, sans compter aujourd’hui les plages bretonnes polluées par des algues vertes qui défigurent le paysage et génèrent des problèmes sanitaires graves, maintenant avérés, sur les populations2). C’est une atteinte intolérable à l’autonomie alimentaire des pays les moins développés, l’agriculture d'exportation des pays riches ayant rendu ces pays très vulnérables aux flambées des prix sur les marchés internationaux supprimant du même coup leur agriculture vivrière . C’est une position rétrograde alors même que, comme l’affirme le rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l'alimentation, Olivier De Schutter, « l'agroécologie peut doubler la production alimentaire de régions entières en 10 ans tout en réduisant la pauvreté rurale et en apportant des solutions au changement climatique »3) .
La bio est écologiquement, socialement et économiquement viable, tel est le message que les bio consom’acteurs, en cette période électorale qui s’ouvre, veulent faire passer aux candidats qui se bousculent pour exercer le pouvoir. Si l’action des citoyens est toujours nécessaire au quotidien, leur expression est plus que jamais indispensable à l’horizon de juin 2012.
Hugues Toussaint est Président de l’association Bio Consom’acteurs 4) et auteur de Manger bio, c'est bien si...
1) A ce jour en Europe 92 substances actives pesticides sont classées cancérigènes possibles ou probable soit par l’UE ou l’Agence de Protection de l’Environnement des Etats Unis (US-EPA). Source Générations Futures.
2) Lire « Les marées vertes tuent aussi » de André Ollivro et Yves-Marie Le Lay, Ed. Le temps, 2010.
3) Olivier De Schutter, affirmait le 8 mars dernier devant la Commission des droits de l’homme de l’ONU que "si nous voulons nourrir 9 milliards de personnes en 2050, il est urgent d'adopter les techniques agricoles les plus efficaces"…"Et les preuves scientifiques actuelles démontrent que les méthodes agroécologiques sont plus efficaces que le recours aux engrais chimiques pour stimuler la production alimentaire dans les régions difficiles où se concentre la faim."
4) Bio Consom’acteurs, 9/11 avenue de Villars 75007 Paris. Tél : 01 44 11 13 93/98 ou contact@bioconsomacteurs.org
www.bioconsomacteurs.org L’association a publié plusieurs brochures gratuites sur la bio, téléchargeables sur son site. H. Toussaint est l’auteur de Manger bio, c’est bien si… paru aux éditions Vuibert (13,50€) 2010.
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