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Après nous avoir interpellés sur notre alimentation et l'état de l'agriculture moderne dans We Feed The World et avoir plongé dans les méandres du système financier international dans Let's Make Money, Erwin Wagenhofer conclut sa triologie documentaire sur l'état de dégénération du monde (lui-même l'appelle « Trilogie de l'épuisement ») en s'interrogeant sur l'éducation. Alphabet sort en cette fin octobre sur les écrans français.
L'idée du film lui est venu pendant le tournage de Let's Make Money : « Au sein de la « City » travaillent des milliers de personnes qui ont toutes quelque chose en commun : elles ont été éduquées et formées dans les meilleures universités ou grandes écoles du monde. Et que font-elles toute la journée ? Elles amènent le monde au bord du gouffre, à la limite de ses possibilités. Si c’est à cela que conduit la meilleure éducation formelle, alors il y a vraiment quelque chose qui cloche ! ».
Un constat qui l'a amené à se rendre de la Chine au Etats-Unis, de la Finlande à la France en passant par l'Allemagne pour dresser un tableau peu réjouissant de l'état de l'éducation à travers le monde.
Un système éducation à bout de souffle
En choisissant de consacrer le début de son documentaire à l'enquête menée en Chine, Erwin Wagenhofer montre le gouffre qui s'est créé entre les besoins d'un enfant et les attentes d'un système. Professeur à l’Institut pour l’Éducation technologique et au Département de Pédagogie de Pékin, Yang Dongping décrit la situation de façon métaphorique : « Nous comparons les enfants à un cerf-volant qui serait retenu au sol par les parents et l'école. Nous aimerions le voir voler plus haut, mais en réalité, nous faisons tout pour le contrôler. Pour garder le contrôle. C'est à cela que ressemble le concept éducatif de nombreux parents. »
En choisissant de consacrer le début de son documentaire à l'enquête menée en Chine, Erwin Wagenhofer montre le gouffre qui s'est créé entre les besoins d'un enfant et les attentes d'un système. Professeur à l’Institut pour l’Éducation technologique et au Département de Pédagogie de Pékin, Yang Dongping décrit la situation de façon métaphorique : « Nous comparons les enfants à un cerf-volant qui serait retenu au sol par les parents et l'école. Nous aimerions le voir voler plus haut, mais en réalité, nous faisons tout pour le contrôler. Pour garder le contrôle. C'est à cela que ressemble le concept éducatif de nombreux parents. »
L'état de stress et d'épuisement des élèves chinois, poussés à toujours plus de compétition dès leur plus jeune âge, contredit totalement les propos élogieux d'Andreas Schleicher, coordinateur international du Programme PISA, sur la qualité de l'enseignement dans la République Populaire. La Chine obtient en effet d'excellents résultats au test PISA, réalisé dans les écoles élitistes du pays, au prix d'une enfance sacrifiée sur l'autel de la réussite scolaire. Une situation d'autant plus absurde que la Chine n'est pas membre de l'OCDE, organisation qui a conçu le test PISA pour évaluer les élèves de ses pays membres.
Le documentaire alterne les points de vues, nous faisant suivre des écoliers de différents pays, suivant différentes voies. On découvre ainsi de jeunes talents prometteurs des hautes sphères dirigeantes, destinés à tenir les rênes des plus grandes entreprises, mais totalement formatés par leur parcours scolaires et complètement déshumanisés dans leurs réflexions. Un tableau finalement glacial et déprimant.
Une autre éducation est possible
Heureusement, Erwin Wagenhofer donne aussi la parole à ceux qui pensent autrement. Le film prend alors une autre dimension et nous invite à penser un futur différent où la créativité et la diversité seraient remises au coeur des apprentissages, pensés dans la joie et l'altruisme.
Heureusement, Erwin Wagenhofer donne aussi la parole à ceux qui pensent autrement. Le film prend alors une autre dimension et nous invite à penser un futur différent où la créativité et la diversité seraient remises au coeur des apprentissages, pensés dans la joie et l'altruisme.
Les Stern père (Arno) et fils (André) nous parlent de l'éducation libre. Arno Stern propose une analyse percutante des dessins des enfants venus peindre dans l'atelier du Closlieu depuis plus d'un demi-siècle et souligne l'absence de passion dans les dessins de ces dernières. La force du conformisme inculquée dans le système scolaire français a emprisonné les émotions des enfants et bâillonné leur expression artistique.
Ce conformisme se ressent aussi dans les propos de Thomas Sattelberger, Directeur des Ressources humaines chez Deutsche Telekom jusqu'en 2012. Pour lui, l'absence de créativité et de réflexion profonde sur le sens du travail chez les grands dirigeants a rendu le monde du travail inhumain. Basé uniquement sur une logique économique de plus en plus rapide et courtermiste, il n'a plus de sens pour les individus. « Il me semble que de nombreux cadres dirigeants sentent qu'ils sont, pour ainsi dire, devenus des hamsters tournant dans leur roue. Ils se rendent compte que le système actuel, tel qu’il est vécu et pratiqué, ne correspond plus à la vie qu’ils souhaitent mener. Cela les conduit à la dépression », dit-il.
Autre grand témoin du film, le Professeur Gerald Hüther. Ce neuroscientifique porte un message hors des sentiers battus et résolument positif : « On ne peut pas éduquer quelqu'un, on ne peut que l'inviter. Cela nous ramène au concept de l'auto-organisation. On ne peut pas éduquer une autre personne, Pour le cerveau c'est techniquement impossible. Elle est la seule à pouvoir s'éduquer, mais elle ne le fera que si elle le veut. On ne peut pas forcer quelqu'un à s'éduquer, on ne peut que l'y inviter. C'est là tout l'art de l'éducation.».
Enfin, on ne peut manquer de souligner le témoignage de Pablo Pineda Ferrer, premier européen atteint du syndrome de Down à avoir un diplôme universitaire : l'altérité nous rend plus riches, plus forts, la puissance de l'amour peut vaincre la peur. Un témoignage porteur d'un enthousiasme contagieux.