LE FAIT
Les locavores, ce sont ces personnes qui respectent une discipline alimentaire nouvelle : s'alimenter de produits dont l'origine géographique est située à moins de 160 km de leur fourchette... Autant dire que cela relève d'un véritable casse tête à certains endroits du globe. Mais aux Etats Unis comme au Canada, ce mouvement connaît un véritable succès populaire, et il s'étend peu à peu à l'Europe.
Dans son article, Joel Stein stigmatise cette nouvelle mode "idiote" et y relate sa propre expérience : en signe de protestation, il a composé un menu avec des aliments qui ont tous parcouru au moins 4 800 km avant d'atterrir dans son assiette. Résultat : du brie français, du saumon écossais, du bar chilien, des asperges péruviennes et de l’huile d’olive italienne.
La réponse des locavores n’a pas tardé et les blogs ont recueilli de nombreux messages cinglants qualifiant de "stupide", de "myope acharné" et d’"imbécile" le journaliste "distavore".
LE POINT DE VUE
L’article du 21 janvier répond en fait à un numéro spécial du Time, paru le 12 mars 2007 sous le titre "Forget organic, eat local", et dont le dossier était consacré à la popularité croissante du manger local.
John Cloud, journaliste New Yorkais, y relatait sa perplexité face à un choix cornélien : acheter une pomme bio qui vient de l’autre bout du monde ou une pomme non bio produite dans l’Etat de New York ? Il en concluait que la pomme locale était souvent plus savoureuse, car plus fraiche et de saison. Le local supplantait le bio.
De nombreux facteurs montrent que manger local n’est pas une mode légère, mais qu’il s’agit bien d’une tendance de fond. Les débats se succèdent sur le sujet et la presse s’en est emparé. Le terme de "locavore" a fait son entrée dans la version 2008 du New Oxford American Dictionary. Le restaurant du siège de Google aux Etats-Unis a été baptisé café 150 car tout ce qui est servi est produit dans un rayon de moins de 150 miles, et on ne peut pas dire que Google soit dirigé par les illuminés écolos fanatiques. Enfin la grande distribution affiche désormais les émissions carbone de certains produits (étiquetage bientôt généralisé en France mais qui existe depuis déjà quelques années en Angleterre).
Comme à chaque bouleversement social, il y a un d’un côté un mouvement conservateur qui lutte contre le changement, et de l’autre des avant-gardistes, convaincus qu’il est temps de faire évoluer les comportements. Car manger local, et plus généralement consommer local, implique un changement de mode de vie. C’est une façon de penser différente, plus proche des communautés, plus conviviale.
PASSER A L’ACTION
Alors que doit-on en penser ? Lorsque même le prix nobel de la paix 2007 (Rajendra Pachauri, président du Groupe Intergouvernemental sur le Climat) prône un changement de nos modes de vie et notamment de notre alimentation, il n’y a pas long à hésiter…
Car en plus, en France, nous avons la chance d’avoir à notre disposition une variété immense de produits locaux aux saveurs différentes. A condition de ne pas voir la notion de manière trop stricte, manger local peu très bien vouloir dire profiter de la diversité des cuisines régionales.
Mais ça ne doit pas constituer une contrainte. D’autant plus que parfois, un produit local demande plus d’énergie pour sa production qu’un produit fabriqué à l’autre bout du monde et importé par bateau.
Il n’y a donc pas de recette miracle. Ne vous prenez pas la tête et variez les plaisirs. Mangez bio ou local, essayez le plus possible de combiner les deux et tenez compte des saisons, achetez sur les marchés, essayez les paniers de fruits et légumes (AMAP, Le Campanier, Jardins de Cocagne, etc.) le tout, sans vous priver.
"Eating green is a lifestyle" comme ils disent...