Formaldéhyde, benzène, phtalates…
Une première en France ? Hélas, non ! Plutôt un grand classique au regard des données disponibles sur le sujet. Mais une occasion pour la secrétaire d’Etat à l’écologie Chantal Jouanno d’annoncer que des mesures vont être effectuées dans 150 écoles et crèches. Comme si l’on découvrait soudain la question et que les pouvoirs publics réagissaient énergiquement, en lançant une nouvelle campagne de mesures. Alors que l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI), organisme d’Etat, faut-il le préciser, rend compte et collecte depuis près de dix ans des données sur les multiples polluants de l’air des crèches, des écoles, des lieux accueillants du public et des habitations.
En Ile-de-France (rapport de l’OQAI 2000-2004), 50 crèches collectives sont passées au crible : les concentrations de formaldéhyde vont de 1,5 microgramme par mètre cube d’air (1,5µg/m3) à 56µg/m3 (moyenne de 15µg/m3). Des taux bien plus élevés que ceux trouvés par l’ASEF.
Dans 396 classes d’écoles primaires (110 écoles) de 6 villes françaises, les niveaux moyens sont de 30µg/m3, avec des concentrations maximales supérieures à 100µg/m3. Alors que l’Union européenne recommande une limite de 30µg/m3 d’air mais pour seulement 30 minutes. Et le projet européen INDEX visant à établir une limite des polluants dans l’air intérieur se prononce pour un seuil maximal de formaldéhyde de 1µg/m3 en exposition quotidienne. Car il figure sur la liste des 6 substances hautement prioritaires, définie par l’OQAI. A de très faibles concentrations il provoque, irritation du nez et de la gorge, larmoiement, rhinite, crises d’asthme. Et se retrouve abondamment dans les habitations à commencer par les crèches et les écoles, tandis que les enfants sont reconnus comme les plus sensibles à ses effets.
Dès 2004, l’Observatoire pointait les produits de construction et de décoration des crèches et des écoles comme les sources d’émission continues de ce composé organique volatile (COV). Des sources ponctuelles viennent en rajouter : les nettoyants pour sol, par exemple, pendant et après leurs utilisations sont clairement identifiés.
En 2004, à la suite du classement du formaldéhyde par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) comme cancérigène certain (pour le naso-pharynx et impliqué dans l’apparition de leucémies), les ministères de la Santé et de l’Environnement avaient demandé à l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail ( AFSSET), une évaluation des risques du formaldéhyde pour les enfants, un repérage des produits émissifs, et les moyens d’information du public afin de diminuer l’exposition.
Quatre ans plus tard, l’Agence, rend ses conclusions (mai 2008) et s’interroge encore : les enfants sont-ils plus vulnérables ? Des informations supplémentaires paraissent nécessaires, un étiquetage des produits signalant sa présence pourrait être envisagé, et d’ici là, l’Agence conseille d’aérer... Ce que l’OQAI recommande depuis cinq ans.
Le doute sur la volonté des pouvoirs publics d’agir s’installe encore un peu plus lorsque Chantal Jouanno envisage à son tour aujourd’hui, un "étiquetage des matériaux contenant des COV potentiellement dangereux qui pourrait devenir obligatoire", demandé depuis… 5 ans.
De la même façon, l’annonce d’une campagne de nouvelles mesures de polluants dans les crèches et les écoles évoquent une certaine amnésie, à moins qu’il ne s’agisse de retarder sans fin l’adoption de mesures, réglementaires cette fois.
D’autant que les sources des émissions de polluants les plus préoccupants sont parfaitement identifiés. Il suffirait, en toute logique, de règlementer la composition des matériaux de construction, d’aménagement, et d’entretien (peintures, sols, mobiliers, colles, produits ménagers) au moins pour ceux destinés aux lieux d’accueil de la petite enfance et aux écoles. La moindre des choses en terme de santé publique.
Des crèches conçues selon des critères sanitaires et environnementaux avec des matériaux naturels et non émissifs démontrent que les solutions existent pour que les tout-petits n’inhalent pas à longueur de journée des substances cancérigènes et neurotoxiques.
Donc, pour l'instant si vous souhaitez protéger vos enfants contre cette pandémie silencieuse la seule alternative reste les crèches bio.
En revanche vous pouvez dès maintenant agir dans votre propre habitation :
Où se cachent ces substances cancérigènes ?
Les phtalates : dans les meubles, les revêtements muraux, les sols et même certains jouets !
Le benzène: provient de l'air extérieur et également des peintures.
Le formaldéhyde : dans les agglomérés,les mousses synthétiques, les peintures, les produits ménagers...
Pour en savoir plus :
- air-interieur.org (le site de l’OQAI avec tous les rapportset toutes les données par polluant dans l’air intérieur, crèchescomprises)
www.afsset.fr (le site de l’afsset, voir dans le menu "milieux aériens" le rapport de mai 2008 sur le formaldéhyde en réponseà la demande du ministère de la Santé de 2005)