Didier, vous étiez récemment en Bolivie pour votre filière quinoa 100 % bio équitable. Quel était le but de ce déplacement ?
Nous nous rendons deux fois par an en Bolivie auprès des collaborateurs de notre société Jatariy (qui signifie "debout lève-toi" en quechua). L'idée est de discuter avec notre gérant des problématiques de la société. Cette année, l'enjeu est de faire face au succès de l'année du Quinoa décrétée par la FAO.
L'afflux de demandes sur l'Europe et les Etats-Unis a accéléré le processus d'augmentation des prix. Nous sommes donc dans une période de spéculation, ce qui est gênant pour nos entreprises puisque le prix a quasi doublé par rapport au mois d'avril, moment de la récolte du quinoa.
Nous pensions que la récolte exceptionnelle de cette année allait stabiliser voir baisser un peu les prix, mais ils ont énormément augmenté en juillet-août, notamment parce que les ventes US ont fortement progressé à cette même période pour des raisons de stockage. A fin août 2013, nous sommes déjà à 4000 tonnes de quinoa vendus aux USA pour cette année.
Tout cela fait que l'on a atteint des sommets, et le prix de vente consommateur en magasin bio atteindra bientôt 10€ le kilo (12$ aux US). Ces nouveaux prix vont se répercuter en magasin bio dans les prochaines semaines.
Pour notre marque Priméal, nous avons été obligé de réduire nos formats vracs pour proposer des sachets de 250g, et réduire le pourcentage de quinoa dans nos recettes afin d'éviter une hausse des prix trop importante sur l'ensemble de notre gamme.
Est ce qu'il y a aussi un problème d'approvisionnement en quinoa ?
C'est surtout la demande qui s'accélère et ne permet pas que la production suive ! De plus, le Pérou a connu une très mauvaise récolte cette année, ce qui fait que ce phénomène est accentué. Nous espérons que tout cela rentre dans l'ordre dans les prochains mois.
Le blog Priméal
> Lire : Entreprendre pour changer le monde, de Didier Perréol
EDIT du 25/10/2013 : et pourquoi pas du quinoa français ?
Nous avons reçu de nombreuses questions sur le quinoa français. Pourquoi aller chercher si loin si nous en avons ici ?
Réponse de Didier Perréol :
Bien entendu, nous trouvons du quinoa en France, dans des proportions confidentielles et de qualité autre que celle que l’on trouve dans son milieu d’origine. Nous avons construit une filière avec de vrais partenariats ce qui a permis à beaucoup de producteurs de vivre de la graine et de faire en sorte qu'eux aussi la consomme. Nous avons pu améliorer leurs conditions de vie. De plus nous avons des engagements forts avec plusieurs communautés et plus de 200 producteurs qui nous suivent et nous font confiance depuis plus de 17 ans… L’équitable est aussi dans le maintien de ces relations.