Rien ne prédestinait le Conseil Régional d’Ile-de-France à accueillir un colloque sur la santé : ce domaine n’entre pas dans ses principales compétences. Et pourtant, non seulement l’institution s’en est emparée, mais elle y ajoute un engagement fort avec sa volonté affichée de lier santé et environnement. Après un colloque sur les écomédecines en 2011, le ton est définitivement donné avec le thème du colloque du 26 novembre 2012 : "Santé environnementale, des idées et des outils pour faire progresser les politiques publiques".
La prévention avant tout
« Depuis septembre 2012, la santé environnementale est au cœur des problématiques de la région », affirme Laure Lechatellier, Vice-présidente Chargée de l'action sociale, des formations sanitaires et sociales, de la santé et du handicap, en ouverture du colloque. Elle dresse ensuite la liste des maladies dues à nos modes de vie sans cesse exposés à la polution et la malnutrition : maladies cardio-vasculaires, obésité, cancer… des épidémies désormais mondiales. Une solution : promouvoir une approche globale de la santé, en sortant du seul aspect curatif.
Une affirmation qui ne peut que réjouir les intervenants et le public présents au colloque, tous impliqués en tant qu’experts, élus, citoyens ou membres d’association, d’institution ou d’entreprise. Avec quatre tables-rondes abordant le sujet sous quatre angles différents, le colloque a immédiatement rendu concrète la notion d’approche globale de la santé : aménagement du territoire, développement économique, action de et vers la jeunesse… autant de clés pour aborder la santé. Un chiffre fort du colloque : 20% de l’état de santé d’une personne dépend de l’offre de soin à laquelle elle a accès, les 80% restant sont le résultat de son cadre de vie et de son alimentation.
Une position forte sur les BPA, OGM et perturbateurs endocriniens
Mais on retient surtout la seconde table-ronde, consacrée à "ces substances toxiques du quotidien qui nous empoisonnent lentement mais sûrement : BPA, OGM, pesticides et autres perturbateurs endocriniens ". « Le Conseil Régional a déclaré les perturbateurs endocriniens "grande cause régionale 2013" », soulignait Mme Lechatellier dans son introduction. Le Conseil Régional prend là une position forte sur un sujet épineux.
De leur coté, les intervenants n’ont pas eu froid aux yeux pour critiquer ouvertement, dans une enceinte politique, les dysfonctionnements d’un système de surveillance de la toxicité de certains produits mis sur le marché. Parmi les cinq invités, le Professeur Gilles-Eric Séralini a répondu aux critiques à l’encontre de son étude sur les conséquences des OGM sur la santé des rats.
Mais aussi André Cicolella, Chercheur et Président du Réseau Environnement Santé, qui a dressé un tableau effarant de la situation. « Pendant longtemps, nous avons cru que la dose faisait le poison », rappelle-t-il. Mais ce n’est plus le cas, comme il l’explique ensuite :
À cause de l’effet de latence, l’effet d’un poison est plus fort à faible dose qu’à forte dose. Une personne est exposée à ces poisons du quotidien avant même sa naissance !
Et les conséquences se font ressentir sur plusieurs générations. Après avoir observé ce phénomène de transmission chez les animaux, on commence à l’observer chez les humains. « Si on ajoute à cela les problèmes liés à la qualité de notre alimentation, nous sommes face à un cocktail explosif ! ».
Un constat dur, mais réaliste, qu’il était bon de souligner dans une enceinte politique. Des élus et représentants d’élus locaux s'étaient déplacés, ils sont repartis avec de nombreuses pistes à explorer pour proposer et agir en faveur d’une santé environnementale de qualité.