Cet article a été publié dans le magazine #28 avril-mai 2020
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Non seulement la perfection n’est pas de ce monde, mais la chercher c’est tourner le dos à ce que signifie être humain. C’est là, certes, un propos déconcertant. Partout on nous invite à chercher à atteindre un état de perfection... Et du coup, nous regrettons tous de ne pas l’être ! Nous nous détournons de notre propre humanité. Quel dommage !
Vous vous rendez compte que vous avez tenu des propos déplacés, brutaux même, à l'encontre de quelqu’un que pourtant vous appréciez. Par exemple, lors du dernier repas de famille, vous avez envoyé un scud à votre charmant beau-frère. En fait, vous étiez blessée qu’il ne partage pas les mêmes idéaux politiques que vous. Vous le regrettez à présent. Formidable ! Vous êtes en train d’entrer en rapport avec la profondeur de votre existence. Au lieu de vous reprocher encore et encore de ne pas correspondre à votre idée de la perfection d’un être toujours juste, toujours précis, vous rencontrez avec honnêteté l’abîme de votre propre cœur. Et cela va vous permettre de développer une vraie tendresse envers vous-même.
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Oui, vous êtes parfois maladroite, parfois inadaptée, ou parfois un peu idiote. C’est formidable ! Vous êtes humain ! Vous savez ce qui fait le propre d’un très grand écrivain ? Sa capacité à nous montrer ce qui, en chacun de nous, est mesquin et médiocre. C’est là le génie de Dostoïevski ou de Proust. Ils nous révèlent tous les tours et détours de nos mensonges, de nos lâchetés, de notre jalousie... Ils ne le font pas par cruauté ou par désespoir, mais pour appréhender ce qui fait la réalité profonde de notre existence.
Et cela nous soulage de pouvoir enfin entrer dans la complexité mais aussi la beauté même de notre vie. Les mauvais écrivains en restent à la surface des sentiments. Parfois même, ils nous asphyxient avec leurs promesses mensongères de bonheur. Contrairement à une idée reçue, les premiers sont mus par une infinie tendresse qui leur permet de regarder l’être humain dans toutes ses dimensions, tandis que les autres n’y ont tout simplement pas accès. Au fond, ils ont peur. Ils ont peur de la vraie vie. Ils ont peur de leur cœur.
"Nos failles sont aussi ce qui signe notre humanité"
Mais comment faire la paix avec nos imperfections ? Pensez à une personne que vous aimez. Pensez à ses failles. À ses blessures. Et considérez-les non comme ce qui entrave son existence, mais ce qui en fait la beauté. C’est pareil pour chacun de nous. Nos failles sont aussi ce qui signe notre humanité. Le chemin consiste à les accepter et non à vouloir les rejeter. Apprenons à être humain, c’est le plus beau cadeau que nous puissions faire au monde !
Notre auteur
Docteur en philosophie, Fabrice Midal enseigne la méditation bouddhiste depuis plus de 15 ans. Son dernier ouvrage, 3 minutes de philosophie pour redevenir humain, est paru aux éditions Flammarion. Retrouvez Fabrice Midal dans Métamorphose, le podcast qui éveille la conscience.