Ukeireru signifie bien plus que l’acceptation de soi. Cela signifie l’acceptation de nos relations au sein de nos familles, à l’école, au travail et dans nos groupes sociaux. C’est accepter les autres. C’est accepter la réalité et créer des contextes qui élargissent la perspective étroite, confinée et épuisante du soi.
Un héritage bouddhiste
En embrassant l’éphémère et l’imparfait, l’ukeireru applique les principes bouddhistes zen et shintoïstes au Japon moderne pour créer du bien-être et de la satisfaction. C’est flagrant dans une approche esthétique partagée qui a débuté il y a plusieurs siècles et s’est développée depuis. L’art a établi une façon de voir.
Trouvant son origine au sommet de ce qu’on pourrait appeler une collaboration entre les institutions religieuses et les seigneurs féodaux, l’esthétique a changé la donne sur une perte en fait due à l’ignorance : une poignée d’institutions, peu de science, des structures socio-économiques rigides, un environnement naturel impitoyable. Plutôt que de désespérer des conditions de vie difficiles, l’esthétique a posé l’idée que le sens de la vie était d’accepter, d’accueillir et même de rechercher la perte.
Un état de conscience
L’objectif est de créer un état mental dans lequel chacun se sent à l’aise avec suffisamment de conscience et de confiance. On accepte et on accueille la perte. On comprend aussi que, quelle que soit la manière dont on se définit soi-même, cette compréhension dépend de son appartenance à la nature et à la société.
Nous évoluons ici dans une société qui chérit l’individu et qui fait du bonheur son objectif, et si tout cela doit se faire aux dépens des autres, et bien tant pis pour eux, la plupart du temps.
- Si t’es pas content, casse-toi !
- Je fais les choses à ma façon, et puis c’est tout !
- Qu’est-ce que j’ai à y gagner ?
Ce que fait l’ukeireru, c’est sublimer les relations dans lesquelles nous nous trouvons, et nous donner la force nécessaire pour aller au bout de changements tout autant personnels que structurels.
Commencer par soi-même
Afin de changer quoi que ce soit – qu’il s’agisse d’un problème immense, comme le racisme systémique, ou minuscule, comme un mauvais service client – il faut avoir un état d’esprit calme et procéder avec concentration, délibération et intensité. Il faut un plan.
Ce plan consiste à s’accepter soi-même, à accepter sa famille, ses amis, ses collègues et sa communauté. Ainsi, on sera peut-être en mesure de comprendre d’autres points de vue.
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Si on n’est pas conscient de soi-même, et qu’on ne jouit pas d’une conscience de soi apaisée, alors il est impossible de changer les choses, et surtout pas les conditions mêmes qui ont créé ou favorisé le stress.
Il convient de créer du bien-être, et ensuite, si on le souhaite, d’aborder les problèmes qui ont contribué à son isolement, à son inquiétude et sa tristesse. Ce n’est pas un appel aux armes. Ce n’est pas un : hop, du thé vert chaud, un long bain, une sieste, et ensuite, descendons dans la rue. Mais si vous voulez, vous pouvez vous servir de cette énergie qui naît de cet état de calme, et essayer de faire les changements nécessaires.
Suivre les habitudes et adopter les comportements associés à la culture nippone m’ont aidé à observer, à lire et écrire avec plus de concentration et de compréhension que jamais. Le temps semble ralentir – je ne passe pas mon temps à anticiper l’avenir ni à ressasser le passé. Ukeireru crée une sorte d’état fondamental d’immédiateté : être présent.
Cet extrait est tiré du livre Ukeireru, Apprendre l'acceptation avec la sagesse japonaise, paru aux Editions Leduc.