Cet article a été publié dans le magazine FemininBio #19 octobre-novembre 2018
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La mise au jour de nos histoires familiales et le soin apporté à celles-ci peuvent nous libérer des douleurs que nous portions jusqu’alors, sans en comprendre les origines. La clé de notre libération ? Considérer ce dont nos aïeux auraient eu besoin à l’époque pour être heureux… et le leur apporter symboliquement aujourd’hui, par des actes simples.
Les blessures originelles se répercutent au présent
Nos aïeux ont très souvent vécu des choses pénibles dont nous portons le poids aujourd’hui. Soigner le passé revient à nous affranchir, dans nos vies, de l’influence de leur mémoire douloureuse ou cachée. Comment pouvons-nous faire cela ?
Il s’agit de nous tourner vers nous-mêmes avec compassion et empathie, d’ouvrir nos cœurs à ce qui a été vécu, dans nos vies et dans celles de nos ancêtres. Les traumatismes subis dans le passé par nos anciens souffrent bien souvent de ne pas être entendus aujourd’hui encore. Nous rejouons alors des situations miroirs devant lesquelles nous nous sentons impuissants et malheureux.
Un travail nécessaire d'enquête généalogique
Au XXIe siècle nous érigeons des monuments commémoratifs pour chaque hécatombe guerrière, mais nous continuons de perpétuer les mêmes erreurs, y compris dans nos familles.
À l’heure de l’empressement et du tout-jetable, prenons le temps de nous plonger profondément dans l’instant présent pour guérir notre passé.
La première étape consiste à rechercher, mettre au jour et reconnaître ce qui a été : c’est un travail d’enquête généalogique. Puis il nous faut accepter cette nouvelle version des faits, qui détrône les mythes familiaux complices au profit de notre histoire véritable.
Quand notre histoire familiale se dévoile, commence alors la voie de la guérison.
À ce stade posons-nous la question de ce qui a pu manquer à nos aïeux à l’époque et qui aurait profondément changé le vécu et le scénario de ces situations.
Le rituel symbolique du don
Pour sa guérison du défunt, pendant 9 jours, vous pouvez poser sur un plateau, dans un coin paisible de la maison, des photos, une bougie et différents objets symboliques issus de votre environnement immédiat. Il s’agit d’ouvrir un espace de convalescence et de soins à la mémoire de cet ancêtre.
Untel a souffert de la faim ? Posez près de son portrait un bol de nourriture.
Un manque cruel ? Mettez des fleurs, des sous, des textes de lois selon les circonstances critiques auxquelles il était confronté.
Une ambition de comédien avortée ? Bien au chaud dans votre poche, emmenez la photo de votre ancêtre au théâtre.
Nous pourrions, à l’issu des 9 jours, installer, comme au Japon, une roche dans le jardin, ou un bol planté de bâton d’encens, un carillon, des rubans suspendus dehors, des photos aux murs… Mille et une possibilités s’offrent à nous pour honorer nos ancêtres.
La parole libératrice
Sans paroles posées sur la douleur vécue, point de libération. Notre société souffre de ses tabous, nos familles et nos êtres aussi.
Dès l’enfance nous apprenons à taire certains sujets essentiels tels que la mort ou la sexualité. D’un commun accord tacite nous ne parlons pas de "ces choses-là" et nous créons, petit à petit, génération après génération, des peurs, des dérapages et des ignorances qui nous appauvrissent dans notre humanité. Les sociétés au sein desquelles le culte des ancêtres perdure sont en meilleure santé psychique que la nôtre.
La mémoire guérit
Je suis praticienne en analyse transgénérationnelle, un nom barbare pour dire simplement que, dans mon cabinet, j’accompagne jour après jour des hommes, des femmes, des familles entières, pour qu'ils arrivent à déposer le lourd sac à dos familial dans lequel ils n’avaient jamais jeté un œil.
La mémoire pesait sur leur cœur, dans leur vie, dans leurs échecs répétitifs, entraînant certains jusque dans la psychose.
L'amour est essentiel pour soigner les blessures
Il me semble évident que notre société manque cruellement d’amour pour accueillir, soutenir et guérir les traumatismes, ou pour accompagner la mort. Il nous reste un amalgame à défaire : celui de l’illusion que l’amour est quelque chose de mièvre réservé aux fillettes.
"Je choisis consciemment l’Amour inconditionnel", exprimait Michael J. Roads. Sans amour, point de salut, et sans conscience véritable, point d’amour vrai. Mais qu’est-ce que la conscience alors ?
C’est l’art d’être attentif en soi, dans l’instant présent… jusqu’au bout de la vie.
Nous pouvons vivre libérés des ombres que le passé projette dans notre caverne de Platon intérieure, et il est temps de nous affranchir, au soleil du cœur.
Céline Tadiotto est thérapeute, analyste transgénérationnelle, auteure, conférencière, naturopathe et praticienne de Jin Shin Jyutsu®.
Elle est également l'auteure de J’arrête de subir mon passé, paru aux éditions Eyrolles (12,90 €).
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