Cet extrait est tiré du livre Histoires du soir pour les adultes qui ont peur du noir, paru aux éditions Leduc. Découvrez aussi les extraits "Un ballet de lilas" et "La tisserande", à lire sur FemininBio.
Au moment de vous abandonner aux bras de Morphée, laissez-vous aider à trouver des réponses, du réconfort et de l'apaisement grâce à ces histoires éprises de méthodes et rituels venus du yoga et de la méditation.
LES VAGUES DE MATTEO ou comment cultiver la joie
Ça commence par un sourire accueillant, par quelques mots. Le cours de yoga est bientôt ponctué d’immenses sourires. Marion a cet art-là en elle, celui de transmettre la joie. Un talent rare. On nous parle de bonheur, du fait de le chercher, de cette quête, mais de la joie ? Que nous dit-on de la joie ?
Elle est pourtant indispensable. Une autre facette de la dignité, me disait Caroline hier soir. Mais c’est comme si elle était réservée au jeu, aux enfants, à leur côté chahuteur, turbulent. Comme si en grandissant puis en entrant dans l’âge adulte, nous devions laisser ce sentiment de côté. À nous d’être posés, de ne pas trop faire de bruit ni de vagues. Et la joie, alors, s’évapore. Elle se fait la malle. Car elle a besoin de liberté pour éclore, pour s’épanouir. Vous en connaissez beaucoup, vous, des adultes qui incarnent la joie ?
« Entrez dans ce mouvement comme le ferait un enfant de trois ans », nous demande Marion tout en jouant du tambour, ses cheveux bouclés oscillant de gauche à droite, en rythme. Entrer dans le mouvement comme un enfant qui découvre, comme un être libre. Sans a priori, sans volonté de bien faire, sans peur du regard d’autrui posé sur lui. Sans, sans, sans.
Plus facile à dire qu’à faire, me direz-vous. C’est fou le nombre de barrières qu’on a dressées au fil des années, non ? On en a fait quoi de cet enfant qui avait des rêves plein la tête, une confiance absolue, et une imagination sans bornes ? Où a-t-il bien pu passer ? Quelque part, bien à l’abri, au côté de la joie ?
Pour la retrouver, il faut suivre Matteo – mi-apeuré mi-amusé –, se jeter avec lui dans les grosses vagues charnues que réserve la mi-août en Bretagne. Tenir fort sa petite main. S’éclabousser, rire et crier. Attendre la prochaine vague, se réjouir à l’avance du plaisir éprouvé tout en étant terrifié. Il faut jouer avec les vagues, l’écume, l’eau fouettée par le vent, le sable.
Oui, pour retrouver la joie, il faut d’abord retrouver le jeu, s’aventurer du côté de l’enfance, regagner ce pays. Peut-être oser refaire une activité qui nous tenait à cœur lorsque nous étions petits ? Ou nous remémorer comment nous étions dans la prime enfance et essayer de raviver la flamme qui nous animait alors ? Étions-nous plus libres, plus spontanés ?
Et si vous vous autorisiez à retrouver ce mouvement, à laisser quelques instants de côté le mental, à respirer dans l’énergie du cœur ? Yoga, méditation, danse, chant… Les ressources sont infinies. Qu’est-ce qui résonne en vous, vous procure un immense plaisir ? Que pourriez-vous pratiquer pour retrouver insouciance et spontanéité ?
La nuit, peut-être, vous soufflera la réponse ?
Extraits du livre Histoires du soir pour les adultes qui ont peur du noir, écrit par Anne-Charlotte Sangam et paru aux Editions Leduc.