Cet article a été publié dans le magazine #36 septembre-octobre 2021
>> Pour retrouver la liste des points de vente c'est ici
Lorsque nous arrivons dans le monde de la matière, nous portons en nous, en proportion variable, notre pôle opposé. Cette opposition de notre psychisme réside dans ce que Carl Gustav Jung appelait les " images de l’âme " : l’anima et l’animus. L’anima correspond à notre polarité féminine et l’animus à notre polarité masculine.
L’héritage du patriarcat
La société patriarcale dans laquelle nous évoluons depuis des millénaires a mis l’emphase sur la différenciation entre les sexes, pour marquer la supériorité des hommes sur les femmes. Cette identification est renforcée par notre éducation. On nous conditionne ainsi à penser en fonction de notre sexe. Les hommes se doivent d’être forts, combatifs et responsables. On ne s’attend pas à les voir manifester quelque trait féminin comme la délicatesse, la sensibilité ou la peur. Les femmes, elles, se doivent d’être douces, compréhensives, aimantes, dépendantes et passives. Elles sont éduquées pour être la compagne de l’homme et la mère de ses enfants.
Morphologie et psyché sont parfois différentes
Certains hommes ayant des caractères mâles importants peuvent présenter une psychologie plus féminine que masculine. Cette particularité peut être l’indice d’un rejet de leur polarité masculine. L’homme en conflit avec son père peut ainsi renier la partie mâle en lui pour s’identifier à sa mère, développant ainsi davantage son anima. Les hommes dont l’anima est plus développé que l’animus sont souvent peu entreprenants. Ce sont des hommes doux, gentils, toujours prêts à aider ceux qu’ils aiment. Plus leur anima sera développé, plus ils pourront être facilement blessés.
Ces hommes se retrouvent immanquablement avec un ou une partenaire ayant une psyché masculine (animus) bien développée. Ces hommes ont de la difficulté à occuper une place d’homme à côté de leur conjointe. Ils se plaignent bien souvent que celle-ci soit trop dans le contrôle, qu’elle ne tienne pas suffisamment compte d’eux.
Femme à dominante animus ou anima ?
Les femmes dont l’animus prend le dessus sur l’anima sont souvent actives, entreprenantes, audacieuses. Elles occupent fréquemment des postes de direction où elles doivent assumer des responsabilités et prendre des décisions. Ces femmes seront attirées par un homme gentil, passif, qui saura les apaiser, les soutenir, les conseiller et les seconder dans leurs entreprises. Elles peuvent aussi être attirées par une femme passive qui s’en remettra complètement à elles. Ces femmes sont souvent en conflit avec la part féminine en elles, ayant souvent rejeté leur mère ou la condition des femmes.
En rejetant les aspects négatifs de la féminité incarnée par la mère, elles refusent également les aspects positifs de leur propre nature féminine. Bien des femmes ayant réussi professionnellement ressentent un profond vide intérieur, qu’un mari, des enfants, de l’argent, des voyages n’arrivent pas à combler. La féminité ne se résume pas à mettre ses attributs féminins en valeur. Une femme peut bien porter des vêtements très féminins, ce n’est pas ce qui la rendra féminine.
Nos relations extérieures, reflet de notre couple intérieur
La difficulté dans nos relations avec notre entourage provient de notre ignorance de ces polarités. Êtes-vous plutôt dans une polarité masculine ou féminine ?
Dans une polarité masculine, nous sommes davantage dans l’action, nous recherchons l’efficacité, nous aimons avoir le contrôle des situations. Nous aimons bien nous mesurer aux autres, être compétitifs, nous préférons la confrontation à la fuite. Nous n’avons pas de difficultés à nous affirmer et nous n’attendons pas que quelqu’un d’autre prenne notre défense. Nous voulons avoir raison. Ainsi, dans une relation de couple, si la femme – ou l’un des partenaires – est dans sa polarité masculine et que l’homme – ou l’autre partenaire – veut reprendre sa place d’homme, c’est le conflit assuré. En l’absence de féminin, c’est la guerre.
Dans une polarité féminine, nous sommes plus conciliants, plus compréhensifs, nous recherchons davantage l’harmonie. Nous cherchons à éviter les conflits, en lâchant prise ou en nous adaptant aux situations. Nous nous sentons impuissants, dépendants ou nous avons besoin du soutien des autres. Le rêve et l’imaginaire remplissent notre vie. Nous sommes dans le doute, dans l’hésitation et la peur de nous tromper.
Il est fréquent que le partenaire qui est dans une polarité masculine reproche au partenaire dans une polarité féminine d’être indécis, de changer souvent d’idée. Deux partenaires dans une polarité féminine seront rarement en conflit, mais seront peu entreprenants. Ils risquent de passer leur vie à rêver à des projets qu’ils ne réaliseront jamais.
Réconcilier nos polarités
Aucune de nos polarités n’est meilleure ou supérieure à l’autre, quelle que soit la relation de couple que nous expérimentons, l’objectif étant de parvenir à l’alchimie de l’homme et de la femme en nous. Pour réconcilier l’homme et la femme en nous, il nous faut reconnaître les conflits qui nous habitent.
Nous pouvons être en conflit avec le masculin en nous et les hommes à l’extérieur de nous. Cela se révèle par des phrases du type : " Les hommes sont froids et sans cœur ", " Les hommes sont lâches, égoïstes, machos ", " Les hommes sont infidèles ", " Les hommes sont irresponsables "…
À l’inverse, nous pouvons être en conflit avec le féminin en nous et les femmes à l’extérieur de nous. Des phrases de ce genre sont révélatrices : " Ah, ce que les femmes peuvent être compliquées ", " Les femmes ne sont jamais contentes ", " Les femmes sont faibles ", " Les femmes n’ont pas de liberté ", " Les femmes sont des puits affectifs sans fond "…
Définir de nouveaux rôles
La montée du féminisme et la révolution sexuelle ont forcé les hommes et les femmes à redéfinir leurs rôles socio-sexuels ainsi que les valeurs associées à la masculinité et à la féminité. Cette remise en question est d’autant plus difficile que les anciens modèles relationnels ne conviennent plus à la réalité d’aujourd’hui et que les nouveaux restent encore à inventer.
Pour accéder à ces nouveaux modèles, le couple doit s’affranchir de ses anciens conditionnements, élargir ses horizons, approfondir ses modes de communication, pour tenir compte des valeurs masculines autant que féminines. C’est à cette seule condition que pourra se réaliser une véritable communion du corps, de l’âme et du cœur.
Notre experte
Claudia Rainville est psychothérapeute et conférencière internationale, fondatrice de la Métamédecine et autrice de nombreux best‑sellers, dont Amour et alchimie aux éditions Trédaniel.