C’est lorsque mon fils est né que, en voulant répondre à ses besoins et en le laissant me guider, j’ai été amenée à penser à l’école à la maison.
Vivant en contact étroit avec lui, je me suis mise à comprendre sa façon de fonctionner : il découvrait le monde au travers de son attirance pour les sujets qui croisaient sa route. Si quelque chose retenait son attention, il pouvait passer des heures ou des jours à l’observer, à le manipuler, comme un vrai scientifique, pour en comprendre la globalité. Si une chose ne l’intéressait pas, il ne s’y attardait pas, mais il arrivait que cette chose en question se mette à l’intéresser quelques semaines, mois ou années plus tard…
Ce rythme, propre à chacun, je le vivais moi aussi au travers de mes nombreuses passions. Pendant quelque temps je me plongeais dans le dessin, pour ensuite le délaisser et me mettre aux recettes de cuisine ou à la musique… Il me sembla alors qu’utiliser son plaisir et sa passion comme élément moteur donnait des moments très constructeurs, où notre créativité et notre éveil, vibrant au travers de notre plaisir, étaient à leur maximum et nous amenaient à progresser rapidement sur le sujet d’intérêt.
C’est ainsi que lorsque mon fils eut l’âge du CP, je ne pus me résoudre à le mettre à l’école. Je ne voulais pas briser cela en lui. Je ne voulais pas qu’on lui dise à quelle heure il doit s’intéresser à quel thème, je ne voulais pas que les sujets qu’il observe le soient au travers de feuilles polycopiées et de monologues. Je ne voulais pas que ses compétences soient notées, fichées, selon des critères qui à mes yeux n’avaient pas de sens puisqu’au travers de ces apprentissages factices, ils ne pouvaient prendre en compte le réel potentiel de mon enfant. Je ne voulais pas qu’il se sente comparé et en compétition avec ses amis, calqué sur un même modèle de réussite alors que chaque être est profondément unique. Enfin, je ne voulais pas qu’il soit assis à une même place tout au long de la journée, soumis aux directives d’un adulte référent.
Je ne voyais pas comment cela pouvait être épanouissant pour lui, alors que visiblement son cerveau fonctionnait tout autrement. Je voulais qu’il obtienne ces connaissances par auto-apprentissage, puisque c’est ainsi, au travers de son propre intérêt pour un sujet, qu’il apprenait le mieux. Je décidai alors que mon rôle de mère était de lui proposer les sujets d’apprentissages scolaires de façon entièrement ludique, afin qu’il puisse choisir de s’y intéresser ou non à sa guise et à son rythme.
Un mot d'ordre : ludique
Jeux de société, musées à toucher, art plastiques, créations diverses… Je voulais lui offrir un monde rempli de sujets passionnants, où le travail est synonyme de joie et où l’intégration des connaissances passe par le plaisir, la satisfaction de comprendre, de mettre du sens dans ce que l’on observe.
Ainsi, je fais en sorte que son environnement soit riche et ludique, et je le laisse avancer à son rythme. Il est libre, seul détenteur de sa vie, de ses choix, de son propre pouvoir. Je pense que le rôle de l’adulte est de guider l’enfant vers le propre épanouissement de sa personnalité… Pas de le soumettre à des apprentissages arbitraires, influencés par les emplois qu’il obtiendrait hypothétiquement à la fin de son chemin d’études, dans un monde où le travail est fonction d’une économie qui se doit d’être sans cesse grandissante, poussant à la surconsommation et à l’épuisement des ressources de notre belle planète.
Révolutionner nos méthodes d’enseignement peut créer des adultes totalement différents ainsi que des emplois totalement différents : axés sur nos passions et notre épanouissement, mettant à l’honneur notre créativité et notre bien être physique et émotionnel. Et ce monde en crises, aussi bien écologique et humaine que financière, a soif de changement.
Bien loin de la solitude
Apprendre hors de l’école, ce n’est pas vivre dans la solitude. Au contraire, nous mettons des liens riches à l’honneur, nous apprenons beaucoup sur nous-mêmes, sur la résolution de conflit et la gestion des émotions. Ici, nous voyons beaucoup de petits voisins qui viennent nous voir le soir après leur temps d’école, il y a aussi les clubs, les parcs, les ateliers, les sorties entre parents faisant l’école à la maison…
Le lien social est inhérent à l’humain, ce n’est pas l’école qui le fabrique. A l’école, entre interrogations forcées et passages au tableau anxiogènes, il ne fait pas bon d’être timide ou réservé. Si l’on est seul à la récréation, on peut se sentir rejeté et isolé. Il existe aussi souvent de la violence entre enfants, ce qui est normal du fait qu’un enfant ne gère pas encore bien ses émotions et les conflits, mais que je déplore profondément car l’enfant se retrouve seul face à cela, en souffrance et avec bien de la difficulté pour rendre cela constructif. Il n’y a pas de possibilité ni d’endroit de repli lorsqu’on ne se sent pas bien ou qu’on a besoin d’un moment à soi.
Vivre libre n’est pas non plus ne pas avoir de contraintes. Celles-ci font partie de la vie, que ce soit au travers des règles de la maison ou de la société (horaires de train…). Le but est de transmettre à l’enfant la souplesse d’esprit et la créativité qui lui permettront de rendre ces contraintes constructives.
Nous achevons actuellement cette année de "CP" instruit en famille, de manière informelle et implicite. Nous avons passé une année très agréable, riche de joies et de découvertes et nous comptons réitérer l’année prochaine !
L'auteur : Préparatrice culinaire dans le domaine de l'alimentation vivante, Marion s'engage dans son quotidien pour une nouvelle conception du monde, riche en abondance sur les plans de l'alimentation, de l'éducation, de l'écologie, du développement intérieur.
Son blog : www.change-le-monde.com