Ex-publicitaire, Martine Camillieri est aujourd'hui une artiste engagée contre la sur-consommation. Un véritable changement de cap pour l'auteur qui milite contre les substances toxiques et les additifs contenus dans les aliments que nous consommons tous les jours.
Comme l'écrit Yolaine de la Bigne en préface du livre, "Martine Camillieri adore parler de choses sérieuses en s'amusant". Sa technique imparable : détourner les objets en plastique pour représenter les dérives de notre alimentation. Pesticides, OGM, huile de palme, tout est passé en revue dans "Wild Food" qui a reçu le prix international Best sustainable cookbook au Festival du livre culinaire 2013. Femininbio a rencontré l'auteur au square culinaire du Salon du Livre 2013.
Qu'est ce qui vous a poussé à créer ce livre ?
Martine Camillieri : Les dernières campagnes dont j’étais responsable en agence de pub visaient à promouvoir l'un des principaux producteurs de semences OGM du monde, Monsanto. Cette campagne me hérissait les poils ! J'ai alors décidé de changer de vie, je voulais autre chose. Je suis devenue artiste et j'ai décidé de militer contre les objets sur terre. Au début j'empilais les choses pour me moquer de cette surenchère, de la société de surconsommation et cela m'a amené à examiner le quotidien. Je me suis rendu compte qu'il y avait des choses vraiment limites, notamment dans nos aliments.
Parlez-nous de vos créations.
Je travaille avec ces objets du quotidien sans en changer la forme. Ainsi, les legos dans ce bol de soupe pourront retrouver le coffre à jouet de mon petit-fils après leur séance photo. Je travaille sur une "utilité nomade".
Je voulais matérialiser la nourriture avec du plastique pour symboliser cette nourriture "botoxée" que l'on retrouve au supermarché. Ces pommes toutes parfaites, qui n'ont même plus la forme d'une pomme ! C'était un moyen de représenter la nourriture du futur : totalement lisse et sans goût.
"Wild food, les nourritures féroces" n'est pas un livre comme les autres. Il a des images, des slogans, des jeux de mots...
Martine Camillieri : Forcément, je me suis servie de mon expérience de pub. Ces slogans sont des "anti-pub". Par exemple pour les petits suisses "au vrai goût d’arôme", cela ne veut rien dire. C'est typiquement du langage publicitaire !
L’intérêt pour moi est de décrypter les étiquettes de ce que nous mangeons. Je ne dis pas que tous les petits suisses aromatisés sont au "goût d’arôme" mais il est important de bien lire la composition des aliments. Parfois ils contiennent des extraits totalement factices. Exemple : "aux vrais morceaux de fraises", vous pouvez être sûr qu'il y a des morceaux, mais pas forcément de vraies fraises.
Comment utiliser "Wild Food" ?
Martine Camillieri : Toutes ces images et ces slogans mis côte à côte sont un peu comme des logos qui permettront de faire réfléchir au moment de l'achat. Le visuel associé au slogan joue un rôle au moment de l'achat. On se dit "oui en effet, ça je ne devrais pas l'acheter parce que les ingrédients qui le compose ne sont pas bon pour la santé".
Pourquoi ce titre ?
Martine Camillieri : "Wild food, les nourritures féroces" parce qu'on nous empoisonne ! Les industriels ont convenu d'une dose maximale de poison journaliser à ne pas dépasser, mais ceci sans tenir compte des autres produits que l'on mange.
Par exemple, un yaourt à l'aspartame n'est pas toxique à lui seul. Mais si dans votre journée vous mangez en plus des bonbons sans sucre, du coca light et des biscuits allégés, vous dépasserez sans doute votre quota de poison. Finalement, ces images vous aident à bien choisir votre poison.
"Wild food, les nourritures féroces", le livre de Martine Camillieri. Disponible aux éditions de l'épure. 20 €.
Feuilleter le livre.
Note de l'auteur sur son site : la réalisation éditoriale de ce livre a été envisagée sous l'angle d'une économie solidaire, et a été possible grâce au soutien et à la contribution "sensibilisée" d'internautes (via la plateforme KissKissBankBank), eux-mêmes devenant des "alerteurs" à leur tour. Grâce aussi à l'aide artistique, efficace et amicale de Sabine Bucquet des Éditions de l'Épure. Il est préfacé par Yolaine de la Bigne, journaliste et fondatrice de Néoplanète.